Lions en Club

Abdoulaye Sané : «J’étais choqué de voir mon nom parmi les réservistes»

Auteur de l’un des buts de la qualification du Sénégal aux Jeux Olympiques de Londres 2012, Abdoulaye Sané était l’invité de « Foot Sénégal by Night », votre rendez-vous Instagram de footsenegal.com.

L’international sénégalais est revenu sur sa non-participation aux JO de Londres, sur sa descente aux enfers rennais, son arrivée à Sochaux avec un petit rappel sur ses ambitions.

Auteur de 10 buts en 26 rencontres disputées avant la pause forcée liée à la montée spectaculaire de l’épidémie du Coronavirus, Sané a répondu à quelques unes de nos questions, mais d’autres venant de nos followers également.

Départ en fanfare à l’AS Douanes, la sélection U23, la signature au Stade Rennais

« J’ai quitté mon village (Ndlr : Diouloulou, en Casamance, dans le Sud du Sénégal) pour poursuivre mes études à Dakar, aux Parcelles Assainies plus précisément. En 2010, je devais m’entraînais et aller à l’école en même temps et ce n’était pas évident.

Je m’entraînais très dur pour progresser parce que j’étais un passionné. Une fois en classe, je dormais. Cela m’a coûté une convocation à la direction de l’école où j’étudiais. Il m’a été demandé de choisir soit l’école ou le football. », a révélé l’auteur du but qualificatif du Sénégal à la Coupe d’Afrique U23 face à la Tunisie à Dakar et de l’un des deux buts qualificatifs du Sénégal aux Jeux Olympiques de Londres, contre Oman, à Coventry (Ndlr : Angleterre).

«Pour tenir informé ma famille, j’ai fait face à une farouche opposition de certains de mes proches. Heureusement que j’avais un frère qui m’avait soutenu pour convaincre mes parents, dont certains qui me disaient de ne plus leur adresser la parole (il rit), juste parce que j’avais décidé d’arrêter les études. Ce n’était pas facile de les convaincre à me laisser choisir le football. Et c’était à moi de leur prouver que j’aimais ce que je faisais et que j’allais y arriver. », poursuit l’attaquant sochalien.

Quand je m’y suis mis, je me suis fixé des objectifs et je m’entraînais à l’Association Sportive des Douanes pour le football au petit matin, puis à la Jeanne d’Arc pour le Handball le soir. Ce n’était pas évident. C’était compliqué, mais j’y ai cru. Un an après (2011), j’ai eu ma première présélection avec les Sadio Mané, Joseph Lopy etc. en équipe nationale U23. », se souvient l’ex-buteur de Red Star qui n’oublie pas ses galères avec la star de Liverpool.

Je me souviens qu’il arrivait des moments où Sadio et moi, étions recalés des fois et nous prenions les cars « Njaga Njaay ». C’est en cette période que les dirigeants de Rennes étaient venus me chercher à l’AS Douanes. »

Mais tout s’est déclenché quand le Sénégal devait croiser la Colombie. Les Lions et les fédéraux avaient jugé nécessaire de laisser les Lionceaux et quelques locaux y prendre part, vu que les éliminatoires des JO étaient en ligne de mire, mais c’était aussi une opportunité pour les jeunes de se faire connaitre du grand public. Abdoulaye se fait remarquer et la montée en puissance se poursuit. J’avais été sélectionné pour le match face à la Colombie, où il n’avait été pris que les joueurs locaux. Peu après, on devait se rendre en Guinée au moment où l’invitation du Stade Rennais était arrivée. », se rappelle-t-il.

A cette époque, on avait Karim Sega comme sélectionneur national U23. Je lui avais fait savoir que j’avais été invité par le Stade Rennais et que je n’allais pas pouvoir aller à Conakry. Il voulait s’y opposer au départ, mais il avait fini par me comprendre. Je prie vraiment pour le repos de son âme. Il avait un bon cœur coach Karim », rapporte Laye qui se souvient bien de la durée de son essai concluant. J’ai fait un mois d’essai à Rennes, puis je suis revenu au Sénégal pour continuer le championnat du Sénégal avec l’AS Douanes. En fin de saison, on m’a envoyé le contrat, puis je suis parti ».

Une fois à Rennes, le sénégalais devait passer par les équipes de jeunes et prendre ses marques. J’ai fait ma première année en CFA avec Rennes, puis j’ai intégré l’équipe professionnelle dès ma deuxième année. La troisième année a été celle où les difficultés ont commencé. J’ai été prêté à Laval parce que Phillipe Montanier qui avait remplacé Frederic Antonneti ne me m’était pas dans ses plans. »

Il y a aussi le coach Engeberger qui ne me faisait pas jouer aussi. Il s’est fait virer et son adjoint m’a aussi mis au placard. De retour à Rennes, Phillip Montanier m’a encore mis au placard à son tour. Il s’était même opposé à ce que je joue avec la réserve rennaise. », dit-il, avant de se remémorer qu’il était même en fin de contrat. Il me restait deux ans de contrat à Rennes, mais je suis resté. La saison d’après, Montanier s’était fait virer, puis Rolland Courbis est arrivé. »

Malgré le manque de temps de jeu, Abdoulaye se plaisait bien à Rennes, mais certains dirigeants de Rennes voulaient que je parte. », se souvient-il. Le coach actuel, Julien Stéphan qui coachait la réserve me voulait. Je suis resté avec lui et j’avais marqué 15 buts. La réserve est montée en CFA. Puis que j’étais en fin de contrat à Rennes, je suis parti m’entraîner avec l’UNFP où j’ai fait deux semaines.

C’est là-bas que j’avais croisé un avocat qui m’a amené effectuer des essais à Red Star. Je marquais pendant les matchs amicaux. Après chaque rencontre amicale, les coachs des équipes adverses venaient me proposer des contrats parce qu’ils savaient que j’étais libre. Comme je suis un homme de parole, j’ai finis par signer à Red Star pour deux saisons. »

L’arrivée de Sané dans la banlieue parisienne n’a pas du tout été évidente. Le Lion sera confronté aux difficultés du club qui va subir une descente aux enfers une nouvelle fois. La première année, on est descendus en National. J’accepte le challenge en promettant à l’équipe une remontée. Je finis la saison avec 15 réalisations et Sochaux me redécouvre, puis je m’engage avec lui. Voilà un petit résumé du début de ma carrière jusqu’à aujourd’hui. », martèle le natif de Diouloulou.

Quand on lui demande la question de savoir ce qui lui a manqué pour s’imposer à Rennes, l’ancien buteur des Lionceaux nous répond par le départ de Fred Antonetti. «Antonetti m’a manqué. S’il était resté, c’est sûr que j’allais rester et m’imposer. Il m’avait relancé et me donnais du temps de jeu de temps en temps. »

La question des agents, ses conseils aux jeunes footballeurs sénégalais

« Ce que je peux dire aux jeunes ? C’est de ne jamais abandonner leurs rêves. Il faudra par contre qu’ils soient prudents. Il y a de bons agents, mais il y en a qui ne pensent qu’à l’argent. », avance Sané qui révèle que quand le joueur est en difficulté, ils se penchent vers là où ils peuvent gratter des sous. Quand vous brillez, ils peuvent tous vous appeler pour vous faire la cour tout le temps, mais se font rare quand vous plombez ».

Arrivé jeune en France, le casamançais se souvient de son premier contrat. Vous devenez aveugle à votre arrivée. Quand vous vous voyez que vous avez désormais un salaire qui fait peut être même dix (fois) 10 fois plus que ce que vous avez l’habitude de toucher au Sénégal, vous ne vous rendez plus compte de ce qui se passe autour de vous. », conseillet-t-il aux jeunes.

Mon premier agent avait ce comportement. Je lui avais fait savoir que sans nous les footballeurs, ils n’auraient jamais rien. Autant ils ont besoin de nous, autant nous avons besoin d’eux. Je peux dire que lors de mon premier contrat, il avait gagné beaucoup d’argent et j’ignorais toute l’histoire qu’il y avait autour. Quand je m’en suis rendu compte et lui ai demandé combien il avait touché ? Il avait commencé à bégayer. », se souvient Sané.

Donc, vous qui êtes au Sénégal, restez ambitieux et ne lâchez pas. Une fois ici, prenez le maximum d’informations liés à vos contrats. C’est quand vous discutez avec des joueurs expérimentés que vous vous vous rendez compte que vous avez perdu énormément de sous. Cherchez aussi de bons conseillers. », résume-t-il.

Son arrivée au FC Sochaux

 Il fallait débarquer à Sochaux pour retrouver une partie de l’élite française. Comme à Red Star, la première année d’Abdoulaye n’a pas été facile. « A mon arrivée à Sochaux, il y avait trop de joueurs espagnols qui venaient de découvrir la Ligue 2 avec leur jeu de conservation de ballon, sachant que la Ligue 2 est une compétition endurante, athlétique et où le jeu va vite. », admet Abdoulaye.

Cela nous a beaucoup pénalisé parce que c’est un football qui n’est pas adapté aux réalités de la deuxième division française. On a fait six (6) mois, puis Omar Daf (Ndlr : coach actuel) a pris le relais. Nous nous sommes vite remis dans les bons rails jusqu’à assurer le maintien. », nous raconte l’ancien attaquant de l’AS Douanes (Ndlr : Ligue 1 Sénégal).

Attaquant du 14e de Ligue 2 (34 points), Sané nous explique la mi-saison de son club. « Le début de cette saison a été bon. Nous avons enchaîné des victoires et nous étions bien positionnés au classement. Mais la phase retour a été difficile. On peut dire que l’objectif est pour le moment, un maintien en Ligue 2. On va continuer à nous battre pour y arriver. »

Sur le plan personnel ? Comme tout attaquant, l’objectif est de marquer plus de buts que lors des années précédentes. Un attaquant qui ne marque pas n’est jamais dans l’actualité et on nous juge selon nos statistiques.

Donc, je travaille beaucoup pour les améliorer. », nous a fait savoir le sénégalais qui garde toujours son rêve de « jouer en Ligue 1 et que ça soit aussi un succès pour moi. Sion, aller dans une autre équipe et y exploser. Mais seul Dieu sait », dit-il.

Quant à ses relations avec la colonie sénégalaise de la formation sochalienne, tout est fraternel nous dit Abdoulaye. «Les sénégalais sont comme des frères. On se donne des conseils et on rigole tous ensemble. Oui, Ousseynou Thioune est quelqu’un de positif. Une fois sur le terrain, il se métamorphose. Quand on travaille, il ne rigole pas.

Il sait blaguer, mais il sait aussi être sérieux surtout pendant les matchs. Il veut aller loin et c’est quelqu’un d’ambitieux. », renchérit Sané qui soutient « qu’on ne voit plus le sénégalais quand Omar Daf est au travail. Il met tout le monde au même pied d’égalité. Celui qui joue ne mérite que sa place dans la tête de Daf. Il ne fait pas de stigmatisation ou de communautarisme. », résume-t-il.

Sa non participation aux Jeux Olympiques de Londres 2012, son retour en équipe nationale

Après un départ en fanfare à l’AS Douanes, Abdoulaye Sané avit pris un élan promis à un bel avenir. Mais le Lion a par la suite connu une descente aux enfers après son passage en Bretagne.

Coéquipier d’attaque de Sadio Mané, Sané évolue aujourd’hui en Ligue 2 française où il retrouve petit à petit, ses sensations de buteur. « Le football est ainsi. Vous pouvez être de la même génération et ne pas connaitre le même succès.

Il faut juste prier que chacun réussisse et que les choses marchent pour tout le monde et ne pas trop se focaliser sur ce que les autres ont. A chacun sa chance et c’est comme ça la vie. », a fait savoir le sochalien qui se dit être choqué quand il a appris qu’il était parmi les réservistes de la liste des Lionceaux devant prendre part aux Jeux Olympiques 2012, dont il était le buteur du match qualificatif face à Oman. 

Auteur du but qualificatif à la CAN U23 face à la Tunisie à Dakar et de l’un des deux buts (avec Ibrahima Baldé) qualificatifs du Sénégal aux Jeux Olympiques de Londres 2012, contre Oman à Coventry, Abdoulaye Sané s’était retrouvé parmi les joueurs en qui le sélection des lionceaux de l’époque avaient le moins de confiance.

Une situation qui paraissait bizarre chez le jeune attaquant, alors au Stade Rennais. « J’étais choqué de me retrouver parmi les réservistes. Je ne pensais pas que les choses allaient se passer ainsi, après tant de sacrifices. Jouer aux environs de 14 heures en Afrique sur des terrains synthétiques, se sacrifier autant, puis se voir envoyer chez les réservistes, non.

Je leur avais dit de prendre les locaux qui n’avaient pas encore de contrats en Europe. Comme ça ces derniers allaient en profiter pour se faire connaitre. Voilà pourquoi j’avais refusé de venir. », a-t-il révélé.

Appelé sous Alain Giresse, Sané avait commencé à voir la lumière, après quelques rencontres disputées sous Frédéric Antonneti (Ndlr : coach Rennes à l’époque). Depuis lors, l’ancien buteur des bretons n’a plus revêtu le maillot national. Mon dernier contact avec Aliou Cissé (Ndlr : actuel sélectionneur national du Sénégal) remonte aux qualifications du Sénégal aux Jeux Olympiques.

« Mais sous Alain Giresse, je suis revenu en équipe nationale à trois reprises (2014), puis je me suis blessé. Sinon, je n’en veux pas au sélectionneur. C’est son travail de prendre ceux qu’il trouve être bons pour lui apporter un plus.

Je viendrai quand je serai appelé une nouvelle fois. Tout se passe sur le terrain et c’est là-bas où je répondrais. », poursuit Abdoulaye qui nous répondait à la question de savoir s’il a quelque chose à apporter à l’attaque des Lions.

« Si je peux apporter un plus en sélection ? Je dirai que ma réponse est à la fois oui et non. L’attaque du Sénégal est très riche et c’est dur d’y trouver une place. Mais rien n’est impossible dans la vie. On verra ce que l’avenir nous dira. »

Ce qu’il pense de la prestation des Lions à la CAN Egypte 2019

Zappé depuis un long moment, Abdoulaye Sané reste toujours collé à la sélection nationale sénégalaise. L’échec de cette dernière en finale de la dernière Coupe d’Afrique des Nations 2019 en Egypte est toujours difficile à avaler.

Pour Laye : « au lieu de soutenir l’équipe, nous nous sommes mis à la critiquer gratuitement alors qu’il s’agit de notre pays. Je trouve désolant ce comportement. Mais il y a une chose, tant que l’heure n’a pas encore sonné, on n’y arrivera pas. Ce qui est sûr, c’est rien n’est perdu et c’est clair qu’on y arrivera un jour. »

Mercato

« Je suis patient dans ma vie. J’ai joué en CFA, en CF2, en National et j’évolue aujourd’hui en Ligue 2. Je resterai à Sochaux si le projet me convient. Je ne dis jamais rien pour un départ parce que c’est mon agent qui s’en occupe.

Toute personne ou n’importe quel club qui me contacte, je lui passe mon agent et me consacre à mon travail. Bien évidement que mon objectif est de marquer plus de 20 buts, trouver un grand club avec de grandes ambitions. Sinon, je resterai ici si Sochaux me propose un contrat qui me va, sans aucun doute. »

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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