Alain Giresse : «Ce qui a manqué au Sénégal en finale de la CAN»

Ancien sélectionneur du Sénégal de 2013 à 2015, Alain Giresse s’est ouvert à Stades. Le technicien français a évoqué son départ après l’échec de la CAN, apprécié le travail de son successeur Aliou Cissé et raconté quelques anecdotes dans la vie de la Tanière.

Comment avez-vous vécu votre départ du Sénégal après l’échec de la CAN 2015 ?

Je suis parti sans problème. J’avais jugé que le contexte n’était plus bon. Mais j’avais de bonnes relations avec la Fédération, les dirigeants et les joueurs.Seulement, j’ai eu de gros problèmes avec certains médias sénégalais. Cette situation était intenable car, en face, il yavait des gens qui cherchaient à me déstabiliser. Du coup après la CAN, j’ai dit au président de la Fédération que mon contrat venait de se terminer, ne m’en proposez pas un autre. Mes échanges avec Me Senghor se sont très bien passés. Peut-être que j’aurais dû continuer, mais je me suis dis qu’il valait mieux arrêter. Ce n’est pas la Fédération qui m’a demandé de partir. Mon contrat était fini et c’était mieux pour tout le monde de se quitter.

Avec votre successeur Aliou Cissé, le Sénégal est numéro 1 en Afrique, s’est qualifié en Coupe du monde et a disputé la finale de la CAN. Comment appréciez-vous son travail ?

Il travaille bien. Il a maintenant des éléments qui sont de grands joueurs. C’est extraordinaire. Il faut savoir bien gérer cela. À la Coupe du monde, cela s’est joué à peu de choses. Quand il a pris l’équipe, il m’a humblement téléphoné et on a longtemps parlé. Les gens ne peuvent pas imaginer cette passation de service. Je lui ai donné des infos sur l’équipe. Il en avait besoin. Il a obtenu des renseignements sur les joueurs. Je suis content de voir qu’il continue son chemin. Aujourd’hui, il a les moyens de réussir. Certes, il n’a pas gagné la Coupe d’Afrique, mais l’équipe commence à avoir de l’expérience.Et, j’espère, dans le futur, qu’il aura une seconde qualification en Coupe du monde. Il doit conserver cette dynamique.

Justement, racontez nous quelques anecdotes avec les Lions. Ça n’a pas toujours été des relations huilées avec tout le monde ?

Le coach que j’étais a très bien vécu avec les joueurs. C’était des joueurs très sympathiques. Ils savaient que mon surnom en France, c’était Gigi. Certains n’arrivaient pas à le répéter et me disaient «Zizi».Ce n’était pas irrespectueux.J’avais seulement quelques problèmes avec Demba Ba. Il était un peu difficile, il a du caractère et une forte personnalité. Ça peut arriver dans un groupe. Mais lorsqu’il a eu la jambe cassée, je lui ai envoyé tous mes vœux de prompt rétablissement. Franchement, je n’ai pas eu de grands problèmes avec les joueurs.

Pour les éliminatoires de la Coupe du monde, le Sénégal est logé dans lamême poule que le Togo, la Namibie et le Congo. Normalement, ça doit passer pour les Lions…

Bien sûr, sur le papier, le Sénégal est complètement le favori. Maintenant, le terrain reste le terrain. Ce n’est pas parce qu’on est favori que les matchs sont gagnés d’avance. Il est logique de dire que le Sénégal est favori.

À la dernière CAN, le Sénégal a perdu la finale contre l’Algérie. Qu’est-ce qui a manqué à vos anciens joueurs ?

L’équipe avait manqué un peu de fraîcheur. Les joueurs ont fait la prolongation avec la Tunisie. Sur ce match-là, le Sénégal n’a fait qu’attaquer et l’Algérie n’a fait que défendre. Ils n’ont pas réussi à trouver la faille et égaliser. Ils ont buté, encore et encore et, malheureusement, il n’y a pas eu la réussite. Cela arrive dans des matchs que rien ne vous sourit.

La prochaine CAN sera organisée en hiver, beaucoup d’observateurs dénoncent ce problème. Vous qui avez fait des CAN avec la Tunisie, le Sénégal, le Mali et le Gabon, qu’en pensez-vous ?

Le problème, ce sont les clubs qui ne vont pas vouloir libérer les joueurs. C’est un problème que j’ai vécu. La CAN en hiver est un véritable problème. À chaque fois, j’ai eu des problèmes avec des entraîneurs de clubs européens. On ne se rend pas compte de tout cela. On va retomber dans ces soucis, c’est sûr et certain. Sans compter les blessures pour certains joueurs qui doivent rejoindre leur championnat.

Anta Faye DIOP (Stades)