À son arrivée au FC Saint-Louis l’été dernier, Dame Gueye jouissait d’une réputation flatteuse de buteur. En à peine trois mois, le Sénégalais a su justifier son transfert et transfigurer une attaque moribonde depuis plusieurs saisons. Dimanche, à Hombourg, en Coupe de France, il devra encore frapper fort.
Un but en ouverture de la saison à Sarre-Union , suivi d’un doublé éclatant contre Raon l’Etape , ont suffi à planter le décor et à présenter le phénomène Dame Gueye.
Mais quelques semaines plus tard, alors qu’il affichait des statistiques affolantes (9 buts en 10 matches), l’attaquant sénégalais subissait de plein fouet la mise en stand-by du championnat en raison de la crise sanitaire.
« Cela a été difficile, mais il a fallu faire avec, comme tout le monde », relativise le jeune homme de 25 ans, qui a surmonté bien d’autres obstacles sur la route qui l’a mené jusqu’en Alsace.
Avec 9 buts en 10 matches, Dame Gueye a rapidement trouvé sa place dans le onze de Saint-Louis.
Tout a débuté à Tivaouane, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dakar, dans son Sénégal natal. Comme beaucoup de jeunes Africains, Dame taquine le ballon rond dans la rue. « Les gens disaient que je pouvais aller plus loin, jouer ailleurs que dans le quartier », se rappelle l’explosif buteur ludovicien. Il passe alors les tests à l’Académie Diambars, à Saly, et intègre la célèbre institution sénégalaise à l’âge de onze ans.
« On passait tout notre temps à l’internat, parfois on ne voyait pas la famille pendant trois mois », témoigne Gueye, qui en profite pour forger son tempérament de travailleur. Une force qu’il cultive en permanence depuis. Il y reste huit ans, y fait ses preuves, en terminant trois fois meilleur buteur du championnat sénégalais.
Une cape pour l’éternité
Ce n’est pas une ligne sur un palmarès, mais cela représente tellement plus aux yeux de Dame Gueye. En février 2016, alors qu’il vient de fêter ses 20 ans et qu’il enfile les buts sous le maillot de Diambars, il est appelé par le sélectionneur du Sénégal Aliou Cissé pour partir en stage durant deux semaines aux États-Unis.
Il célèbre sa première – et unique à ce jour – sélection avec les Lions de la Terenga sur la pelouse de Miami face au Mexique.
Malgré la défaite (2-0), Guèye dispute l’intégralité de la rencontre. Un souvenir inoubliable pour celui qui n’a jamais abandonné l’idée d’y goûter à nouveau un jour, et qui profite des conseils avisés de joueurs tels qu’Idrissa Gueye (PSG) et Papiss Cissé (Fenerbahce) pour poursuivre sa progression et parvenir à atteindre ses objectifs.
Suffisant pour toquer à la porte de la sélection nationale, et attiser les convoitises en Europe, son objectif avoué. Mais il va vite déchanter. Des essais à Brest et Auxerre s’avèrent infructueux. « Diambars ne souhaitait pas me libérer aussi facilement, je n’ai pas réussi à décrocher de contrat. »
Qu’importe, le garçon a du caractère et rebondit en Lettonie, avant de s’exporter en Algérie et de finalement retrouver l’Hexagone, à Loon-Plage (R1), en 2019. Dans le Nord, il explose (8 buts en 9 matches) avec un club qu’il remercie encore de lui avoir « donné une chance. »
Dragué par des clubs de L1 et L2, Gueye voit ses illusions douchées lorsque le gouvernement français décrète un confinement généralisé en mars dernier. Cédric Decker, le coach ludovicien, flaire le bon coup et l’attire à Saint-Louis. Son intégration express, cet été, permet aux Frontaliers de rapidement prendre les devants en National 3, avant un essoufflement collectif aux prémices de l’automne et une saison désormais grandement menacée par la pandémie.
Ce coup d’arrêt a au moins permis à Dame Gueye de bénéficier d’un bon de sortie pour quitter son appartement mulhousien et rentrer au pays cet hiver. Pas de confinement au Sénégal, mais un couvre-feu à 21 h. « J’ai pu revoir ma famille, mes amis, c’était la première fois depuis presque deux ans.
Dame Gueye rêve d’un gros coup en Coupe de France.
J’ai passé du temps à Diambars pour continuer à m’entraîner et garder la forme. » La confiance au beau fixe après six semaines sous les tropiques, le garçon au regard rieur a retrouvé la froideur hivernale de l’Alsace en même temps que le terrain d’entraînement du Stade de l’Au la semaine passée.
Au cœur d’une saison truffée d’incertitudes, un objectif bien précis anime désormais le buteur : mener son équipe vers la victoire ce dimanche, à Hombourg/Haut, et s’ouvrir en grand les portes du 8e tour de la Coupe de France.
footsenegal.com
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