Frappé par la montée spectaculaire des cas communautaires, le Sénégal n’en a pas encore fini avec l’épidémie du Coronavirus.
Face à la situation qui prévaut actuellement dans le pays, le football risque de ne pas reprendre son cours cette saison, d’où le questionnement sur le sort des équipes. Du couvre-feu déclaré à l’arrêt des compétitions comme dans tous les pays du monde, la FSF est confrontée à la résolution d’une équation qui reste pour l’instant inconnue. Une situation qui nous rappelle celle de la saison 1988 avec la Jeanne d’Arc de Dakar. Mais, que s’était-il passé à cette époque ?
« Les coupes du Sénégal et de la Ligue de football n’iront pas au-delà de leur stade actuel. En effet, la fédération sénégalaise de football a décidé ce jeudi de l’annulation pure et simple de ces deux compétitions du fait de la pandémie du coronavirus Covid 19. », nous a appris la Ligue de Football Professionnel du Sénégal (LSFP) qui rajoute à sa justification que la décision émane de l’instance dirigeante du football sénégalais.
«La décision a été prise lors d’une réunion du comité d’urgence de la FSF. Celle-ci a également décidé de suivre l’évolution de la pandémie pour voir la suite à donner aux différents championnats nationaux de football. On rappelle que la Coupe du Sénégal attendait de disputer ses 32èmes de finale le 10 mars et celle de la Ligue en était à ses quarts de finale initialement prévus le weekend des 28 et 29 mars derniers. », a conclu la justification.
Le cas de la Jeanne d’Arc en 1988
Lors de la saison 1988, la Jeanne d’Arc de Dakar avait été déclarée championne du Sénégal après 12 journées disputées. Pourquoi ? Il se trouve qu’en février de la même année, le contexte économique et social de crise politique du Sénégal s’aggrave et le président de l’époque Abdou Diouf se fait reconduire dans ses fonctions de chef d’Etat du pays avec plus de 73 % des suffrages.
Un succès renforcé par la majorité absolue du PS aux élections législatives qui mettra aux prises les pensionnaires de la sphère politique sénégalaise. L’opposition, alors dirigée par le farouche avocat Me Abdoulaye Wade contestera les résultats et des émeutes et des affrontements avec les forces de l’ordre conduiront à la proclamation de l’état d’urgence dans tout l’étendu du territoire national.
Peu après, le 17 mai 1988 plus précisément, suite à la libération de l’opposant Me Wade, accusé d’avoir attisé les mécontentements à la suite des élections de février, l’état d’urgence est levé. Un contexte qui, comme celui d’aujourd’hui, avait amené la FSF à mettre fin aux compétitions de football de toutes les divisions confondues. Dans l’élite, la redoutable Jeanne d’Arc menait les débats. « Oui la Jeanne d’Arc de Dakar avait eu à enregistrer onze (11) victoires et un (1) match nul.
Lors de son dernier match avant la mise aux arrêts définitive de la saison, contre le Saltigué (4-1), Moussa Ndaw avait signé un triplé et il avait fini meilleur buteur de la saison avec 13 réalisations en 12 journées disputée, dont 6 buts sur coups francs directs », se souvient Mbaye Jacques Diop, chargé de communication au Ministère des sports. Un contexte similaire à celui qui prévaut actuellement au Sénégal, contraint de suivre les mesures préventives liées à la propagation du Coronavirus.
«On est un jeune club avec sa quatrième année seulement en L1. Au Sénégal, le plus dur c’est de rester en haut. On entendra du tout. Toute sortie médiatique de ma part sera interprétée comme un verre à moitié plein ou moitié vide. Mais nous avons notre ligne directrice et on se battra pour faire une bonne saison 2020 », disait le boss de Teungueth FC, Babacar Ndiaye lors d’une interview accordée à nos confrères du Soleil.
Champions de la phase aller, les hommes de Youssouph Dabo n’ont pas fait de cadeau à leurs adversaires lors des 13 premières journées de la saison 2019-2020. Saher Thioune et sa bande ont remporté 10 rencontres et enregistré 3 matchs nuls avec 22 réalisations et 6 buts concédés, soit 12 points de plus que le poursuivant direct : Jaraaf de Dakar (Ndlr : 2e, 21 points).
Les clubs sénégalais face à la crise économique
Ce qui est sûr, c’est qu’avec le Coronavirus, les clubs font face à une situation économique assez compliquée, d’où le probable arrêt du paiement des salaires dans certaines formations comme à Mbour Petite Cote, où on attend de voir puisque le principal partenaire du club est une entreprise italienne.
«Tout est l’arrêt dans ce pays, l’un des plus touchés par la pandémie du covid 19 dans le monde. La priorité actuellement est d’évacuer le staff technique qui vit au Sénégal depuis plus de trois semaines sans rien faire », a fait savoir à nos confrères de l’Agence de Presse du Sénégal, le Président Mbaye Diouf Dia.
Pour cela, il dit attendre de discuter avec le partenaire avant de prendre une décision. «Si dans le business-plan il est prévu de mettre des joueurs sur le marché pour faire des bénéfices, il reste que dans la situation actuelle, une telle chose est impossible puisque tout est à l’arrêt », poursuivait-il. Selon lui : « Partout, c’est la même chose et il est difficile d’envisager que des clubs européens investissent dans l’achat de joueurs quand ils ont du mal à payer leurs salaires. », rappelle-t-il.
Chez les champions de la phase aller, rien n’est encore décidé. Babacar Ndiaye déclare dans les colonnes de l’APS que « rien n’a encore été statué sur la question des salaires entre autres. On verra quoi faire, on paiera un pourcentage à déterminer par le Comité directeur », a-t-il expliqué au doyen Salif Diallo à qui il explique qu’en cas de « de force majeure ou de chômage technique, aucun club ne paiera de salaire ».
«Si des clubs aussi riches que le FC Barcelone (Espagne) ou la Juventus (Italie) ne peuvent pas suivre, imaginez le cas du football professionnel qui est le parent pauvre dans notre pays », concluait Mr Ndiaye. D’après Mady Touré, Président de Génération Foot, il est « humainement difficile de dire aux gens qu’à la fin du mois, on ne peut pas leur payer de salaire », a-t-il reconnu auprès de nos confrères de l’APS.
Néanmoins, si la situation doit continuer, ce sera difficilement tenable », puis que son club court toujours derrière ses primes pour les deux titres de champion et de vice-champion du Sénégal. « Sérieusement, c’est une situation très compliquée », a admis le président du Casa Sports, Seydou Sané dans les colonnes de l’APS.
Mais s’il dit être prêt à payer les salaires de mars, il prévient que « ce ne sera pas le cas pour les prochains mois. Si la situation perdure, on va tout arrêter et d’ailleurs, je lance un appel à la Ligue professionnelle pour qu’on puisse harmoniser nos positions », conclut-il.
L’on se demande alors quel sera le sort des équipes de Ligue 1, de Ligue 2 et des divisions amateurs y compris le championnat féminin ? Pour l’instant, la fédération sénégalaise de football tout comme la Ligue n’a encore donné de date pour la prochaine réunion d’urgence.
Ce qui est sur, c’est que le Sénégal fait face à la multiplication des cas communautaires. Ce qui pourrait prolonger le couvre-feu et pourquoi pas amener les instances du football à, soit déclarer Teungueth champion ou annuler la saison. «Tout dépendra de l’état d’urgence et de l’évolution de l’épidémie du Coronavirus. », nous a fait savoir le journaliste Demba Varore du quotidien Stades.
