« Je ne m’y attendais pas. Franchement, je suis très touché par l’enthousiasme des Nantais. L’humain est au cœur de leur projet. Il y a des valeurs au FC Nantes, celles que j’imaginais. » A l’autre bout du fil, à 5 000 km de Nantes, Ndiawar a la voix qui s’emballe. Ce supporter du FC Nantes à distance ne vit plus sa passion seul, à Dakar. Depuis le début du mois de septembre, il a pu toucher le jeu collectif à la nantaise, à défaut de plonger dans l’ambiance bouillante de la Beaujoire.
L’histoire est partie à la vitesse de la lumière des réseaux sociaux et patine désormais au rythme des méandres de l’administration française, laissant croire qu’il est plus facile d’aller voir un match de foot à Bakou qu’en France. A 36 ans, Ndiawar est sorti de l’anonymat en participant à des fils de discussion sur Twitter. Incollable sur le FCN, il a grandi avec la génération 95 et vécu ses plus belles émotions avec le titre de champion de France en 2001. « Quand on a gagné la coupe de France contre Nice, j’étais tellement ému que j’ai pleuré, raconte le Canari. Ça faisait tellement longtemps que mon club n’avait rien gagné… Le lendemain, dans la rue, on m’a félicité. »
A Dakar, on le surnomme « le Nantais »
A Dakar, on porte davantage les maillots de l’OM, de Liverpool ou du Bayern, les deux derniers clubs de Sadio Mané, l’idole du pays. Forcément, le maillot jaune et vert porté par Signorino ne passe pas inaperçu. Il m’avait été offert par Guirane N’Daw »,
raconte le Sénégalais, qui habite le même quartier que l’ancien milieu de terrain du FC Nantes et que ses voisins surnomment « le Nantais ».
Dans la capitale, il ne se contente pas de suivre les matches de l’équipe première. Il vibre aussi pour ceux des U19 ou de la réserve, quand il parvient à les récupérer. Il connaît même les effectifs sur le bout des doigts. A en étonner les principaux intéressés. Comme ce jour où il a reconnu Pape Bakary Dabo Badji dans un restaurant local. « Il était au centre de formation avec Dubois, Touré et Rongier, raconte Ndiawar. Il passait incognito à Nantes et n’en revenait pas d’être reconnu ici. »
Sur les bords de la Loire, sa ferveur suscite le respect et l’admiration. Un élan de solidarité s’est créé pour le faire venir à la Beaujoire et lui permettre de vivre le match retour contre Qarabag, en Ligue Europas, puis la rencontre contre Clermont, le dimanche suivant, en Ligue 1. « Il n’est jamais allé au stade et c’est un amoureux inconditionnel du club. Ça nous a interpellés », résume Fred.
Avec des amis, il a lancé une cagnotte Leetchi pour financer le trajet en avion, assurer ses besoins durant son séjour. Pour les places au stade, le club de supporters des Activ a fait le reste. En 48 heures, ils ont collecté plus de 1 500 € (1). « C’est juste fou », s’étonne Maxime. Lui aussi supporte le FC Nantes. Lui aussi demeure à Dakar depuis janvier dernier, où il a créé son deuxième call center et emploie 21 salariés. Sur place, il est entré en contact pour accompagner Ndiawar dans ses démarches. « Tout est prêt, sauf le visa », déplore le chef d’entreprise de 36 ans.
« Pour moi, c’est un rêve de gosse »
Il dispose pourtant d’une invitation officielle de la Métropole, via un courrier de Johanna Rolland, la présidente de la collectivité.
A quatre semaines du match, une course contre la montre a débuté. Les supporters espèrent le soutien des élus pour débloquer le dossier auprès de l’ambassade de France. « C’est un parcours du combattant pour réaliser une belle histoire. Nous, on veut juste récompenser sa fidélité pour le club et sa ténacité. » Ndiawar, qui n’avait pas pu venir en 2017, y croit encore : Je supporterais le FC Nantes à vie et quelle que soit la division. Pour moi, c’est un rêve de gosse. Un jour ou l’autre, je le réaliserai, peu importe le moment.
(1) La cagnotte Leetchi est toujours ouverte et porte le nom « La Beaujoire pour Ndiawar ». En cas de dépassement, le surplus sera reversé à l’association « La Dag, un mouvement pour la vie », qui lutte contre le cancer. Les donateurs seront remboursés si le projet ne peut voir le jour.