Ibrahima Sonko : «Le championnat local doit refléter ce que nos joueurs montrent à l’extérieur»

Il aurait pu jouer à Manchester United après ses débuts prometteurs avec Reading en Premier League. De sa carrière de footballeur professionnel aux débuts difficiles à son regard cru sur le football local sénégalais, Ibrahima Sonko a répondu dans un long entretien, aux questions de la rédaction de Foot Sénégal.

« Il faut aider les joueurs locaux à avoir un championnat plus régulier et mieux organisé. Quand on regarde les exploits de nos internationaux en Europe et le championnat local difficile de notre championnat, on peut se poser certaines questions. Le championnat local ne reflète pas ce que nos joueurs montrent à l’extérieur. », a fait savoir l’ex-international qui prend ainsi la défense des joueurs locaux qu’il dit mériter une meilleure organisation.

Pour lui, l’attractivité du niveau local doit venir d’une bonne organisation. Lors de notre échange, Sonko est également revenu sur son passé de footballeur qui est un vrai parcours de combattant, sur sa reconversion en tant qu’entraîneur et agent de joueurs et sur ses projets futuristes.

De retour au Sénégal depuis depuis un certain temps, Ibou est souvent aperçu dans les gradins pendant les matchs de Ligue 1 et de Ligue 2. Pour lui, il y a beaucoup de choses qui font que le championnat du Sénégal soit difficile, mais on devrait être plus organisés et aller plus en avant, dit-il. Notre championnat doit refléter ce que nos internationaux montrent en dehors de nos frontières. Tout se passe bien dans les petites catégories, mais cela ne se reflète pas au niveau local. », a fait savoir l’ex-international.

Le Sénégal est actuellement la meilleure représentation de l’Afrique. Même l’Algérie qui nous a battu en finale de la dernière Coupe d’Afrique ne passe pas devant nous en terme de représentation. Il y avait les Samuel Eto’o, Didier Drogba, Michael Essien qui étaient les meilleurs en Afrique à une certaine période. Mais aujourd’hui, c’est Sadio Mané, Idrissa Gana Gueye, Kalidou Koulibaly qui sont devant. On ne peut pas que se baser sur les centres de formations qu’on a actuellement dans le pays. On devait en avoir un peu plus. », se désole l’ancien vert.

Interpellé sur la question de savoir quelle serait sa proposition s’il était amené à apporter une réforme dans le championnat sénégalais, Sonko prône pour un championnat de petites catégories. L’élite du football sénégalais ne doit pas se baser ou se reposer sur ces centres uniquement. En France, il y a Clairefontaine comme en Espagne etc. Je sais que les conditions financières sont difficiles.  Je suis désolé de le dire, mais le Sénégal n’est pas pauvre. Les gens sont économiquement pauvres, mais le Sénégal ne l’est pas. Je m’explique pour être plus clair.

Quand on joue une Coupe du Monde, on reçoit de l’argent à chaque fois qu’on franchit une étape. On ne peut donc pas jouer le Mondial et dire qu’on a pas d’argent pour développer le football local. Il faut être plus organisé et mettre les moyens sur ce football qui nous sort les meilleurs joueurs du continent. Je pense qu’on ne fait pas beaucoup d’efforts. En Afrique du Sud, en Côte d’Ivoire, au Congo, les championnats sont bien faits avec des mis mis dans le développement de leur football à la base. On est la meilleure nation africaine après tout. Notre championnat doit refléter ce que nos joueurs montrent à l’extérieur.

Il faut créer un championnat d’élite en Ligue 1 et en Ligue 2. Si l’équipe en Ligue 1 descend en Ligue 2, sa petite catégorie descend aussi. Cela va permettre aux clubs d’avoir des jeunes qui auront de la compétition et qui pourront être prêts pour jouer dans l’élite comme cela se fait en Espagne. Si j’avais à apporter une réforme, c’est ce que j’apporterais au Sénégal.

Je trouve anormal que des centres de formations soient installés dans notre pays et qu’ils ne s’affilient pas à la fédération. C’est à l’Etat de prendre en charge ses responsabilités et de demander à tous les centres de s’affilier. », résume-t-il sur ce plan.

En attendant de finir ses diplômes de coaching, Sonko est bien placé pour connaitre les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés de nos jours. « Je ne dirai jamais à un jeune de ne pas partir en Europe, mais je lui dirai de ne pas partir n’importe où. Tout agent qui fait croire à un jeune qu’il va lui faire quitter le pays tout en lui demandant de l’argent est un trafiquant d’être humain. Et aux yeux de la loi, c’est un crime. Les parents ne doivent pas laisser leurs enfants partir n’importe où et n’importe comment. », conseille-t-il aux jeunes footballeurs et aux parents de joueurs.