Ismaïla Sarr : «Je travaille encore plus pour m’améliorer et muscler mon jeu»

« Mis à part ma famille, est-ce qu’il existe des gens qui supportent Watford au Sénégal ? », s’amuse-t-il au début de notre long entretien. Et c’est un Ismaila Sarr décontracté et assez ouvert qui a répondu à nos questions.

LE CONFINEMENT…

Confiné chez lui à Watford, Ismaila Sarr n’a pas besoin de bouger pour s’entrainer. L’international sénégalais a presque tout le matériel à son domicile, nous apprend-il. « On reçoit des programmes d’entraînement pour la semaine. Je travaille à la maison parce que j’ai du matériel pour les courses entre autres. Je porte un GPS pour que le préparateur physique sache bien ce que ça fait. », pouvait-on entendre du Hornet.

LE DÉPART À WATFORD / LA QUALIFICATION DE RENNES EN C1…

Après des débuts prometteurs à Génération Foot, Ismaila Sarr a rejoint la filiale FC Metz, avant de débarquer au Stade Rennais. Explosif avec les Bretons, le sénégalais a préféré Watford au FC Barcelone. Une choix misé sur le temps de jeu, nous dit-Il. «Je ne voulais pas aller au Barça parce que c’est un choix. Dans la vie, il faut faire les bons choix. Ce n’est pas parce que c’était le Barça que je devais forcément y aller. Je voulais aller quelque part où j’allais trouver du temps de jeu et continuer à progresser. C’est ce qui a joué dans ma décision. », nous dit Izo.

Au moment où tout le monde attendait donc Sarr dans la Catalogne, il dépose ses valises à Watford, où les dirigeants comptaient sur ses pieds pour assurer le maintien dans l’élite anglaise. «Le Président du Stade Rennais et celui de Watford avaient trouvé un accord qui était bénéfique pour mon club. Moi aussi, j’étais prêt et je voulais partir en Premier League. », poursuit-il.

Après ce transfert, Ismaila Sarr a une nouvelle fois battu le record de la plus haute transaction de son club. Des détails comme il nous le dit, qui n’attirent forcément pas son attention. «Etre le transfert le plus cher à Metz et à Rennes n’est rien pour moi. Je me focalise sur mon contrat en cours avec Watford et je ne mets pas l’accent sur ces genres de détails. Pour moi, le plus important est d’être prêt à relever les défis et à progresser. Ne vous inquiétez pas, Watford jouera les compétitions européennes insh’Allah », nous promet-il.

Débarquer dans u club de Premier League en difficulté ne réussit pas souvent au jeune footballeur. Il faut parfois un mental d’acier pour s’en sortir. «Le début n’a pas été facile avec les choix du coach qui n’était pas à ma faveur. Il y avait aussi la barrière de la langue.”, admet-il. J’ai un professeur qui m’apprend la l’anglais pour que je puisse mieux m’exprimer sur et en dehors du terrain, mais Etienne Capoue (Ndlr : ex-International espoir français) qui m’assiste quand j’en ai besoin. Oui, le coach passe parfois par lui, je commence à comprendre beaucoup de choses maintenant. Il y a des explications dont je n’ai pas besoin de traducteur depuis quelques temps. », a conclu Sarr, à ce propos.

DIFFÉRENCE ENTRE LA LIGUE 1 ET LA PREMIER LEAGUE…

Parti de la Ligue 2 sénégalaise à la Ligue 1 française, Ismaila Sarr a explosé Metz, avant de se retrouver à Rennes, club qu’il a quitté pour rejoindre Watford. Et pour le Lion, la différence entre les championnats dans lesquels il a évolué est énorme. «Ici (Ndlr : Premier League), le rythme est plus élevé qu’en Ligue 1 (France). Il faut beaucoup travailler en salle, faire des gyms etc. En France, je ne le faisais pas autant qu’ici si je me permettre de le dire ainsi. En Ligue 1, le joueur a le temps et il a des espaces dans le jeu. C’est le contraire en Angleterre où ça va plus vite avec beaucoup d’intensité et d’engagement dans le jeu. Et c’est pourquoi je travaille beaucoup pour m’améliorer et muscler mon jeu », reconnait-il par rapport aux défis qui l’attendent.

Étincelant face à Liverpool, Ismaila dit sortir heureux après le succès de son équipe. «J’étais content de jouer contre un grand club comme Liverpool. En Premier League, toutes les équipes peuvent se surprendre. On avait bien préparé le match et tout a été positif pour Watford. J’étais très content après mon doublé. C’est bien de marquer contre une équipe de ce calibre. » Il fallait donc croiser les grandes équipes pour voir la montée en puissance du Lion. Et pour entrer dans son match, Sarr sait quoi se dire seul. «Dans les tunnels, tu peux te poser des questions sur les grands joueurs que tu croises. Mais une fois sur le terrain, tu deviens une autre personne. Tu te dis que c’est à chance égale, et c’est le moment de montrer à tout le monde que j’ai ma place ici.»

LE CHOIX DE WATFORD…

Le choix de rejoindre Watford a été au centre des polémiques. Bon nombre d’observateurs voyaient en lui un mauvais choix. Mais le jeune ailier sénégalais savait bien à quoi il jouait. Pour lui, tout a été bien calculé et il avait soif de relever ce défi. « Non, je n’ai à aucun moment regretté mon choix de rejoindre Watford, et même quand je ne jouais pas. Je prenais tout positivement en me mettant au travail.”, dit-il.

On ne va pas dans un club en pensant qu’il va descendre en division inférieure. Le début n’a pas été facile pour moi, mais Dieu merci je joue maintenant. J’espère que ça va continuer ainsi à la reprise. Watford a des joueurs de qualité dans son effectif et on était dans une bonne dynamique. On pouvait mieux faire s’il n’y avait pas eu cet arrêt lié à la propagation du Coronavirus. », rappelle le natif de Saint-Louis qui admet que le changement d’entraîneur sur le banc de son club a été bénéfique pour lui.

« Le nouveau coach m’a beaucoup apporté. Je me souviens que j’avais joué lors du dernier match de l’ancien coach qui a été démis de ses fonctions (Ndlr : contre Southampton). Et quand le nouvel entraîneur est arrivé, il m’a tout de suite fait jouer. Il m’a aussi fait confiance. Il m’a vraiment mis à l’aise. », renchérit l’ancien messin.

LE FUTUR…

Après son départ, le Stade Rennes a validé sa qualification en Champions League, la première de l’histoire du club. Une nouvelle bien accueillie par l’ancien messin qui ne regrette tout de même pas d’être actif dans l’écriture de cette belle page de l’histoire du club français. « J’étais très content d’apprendre que le Stade Rennais s’était qualifié en Champions League. J’ai joué deux saisons là-bas et je supporte toujours l’équipe. Je ne regrette rien par contre. C’est aussi ça le football», a fait savoir Ismaila Sarr lors de notre échange.

Réservé et très effacé, Ismaila Sarr parle rarement à la presse sénégalaise. De quoi se poser la question de savoir s’il a une fois eu des difficultés avec celle-ci ? Mais pour le Lion, il ne se passe rien. «Je n’ai aucun problème avec la presse sénégalaise. Il se trouve que je n’ai pas pour habitude de souvent parler dans la presse, mais je n’ai aucun problème avec elle. », a rappelé l’allier des The Hornets (Ndlr : surnom des joueurs de Watford)

Impliqué sur dix (10) réalisations de son équipe cette saison (Ndlr : 6 buts et 4 passes décisives), Ismaila Sarr a connu une saison pas si mal avec les The Hornets, classés 17e de Premier League, à égalité de points avec le premier relégable : Bournemouth (17 points), après 29 matchs disputés. L’on se demande même s’il restera à Watford en cas de descente en Championship ? «Si Watford descend ? Non, personne ne sait pour l’instant ce qui se passera. A notre niveau, on ne croit pas à une descente en Championship. On se bat pour maintenir l’équipe.”, dit-il pour faire taire les rumeurs l’amenant chez les courtisans. Les rumeurs ne m’amènent pas qu’à Arsenal. Elles m’amènent partout. Mon objectif pour l’instant, c’est de faire grimper Watford en dans le haut du classement. Je suis sous contrat avec Watford et je suis concentré sur ma saison. Je n’ai reçu aucune proposition. », a-t-il fait savoir.

Après deux Coupe d’Afrique disputé en A, une en U20 et une autre en U23, Ismaila Sarr commence à acquérir un peu plus d’expérience dans le football africain. D’après certains observateurs du football africain, dont son capitaine Cheikhou Kouyaté qui l’a dit lors d’un live instagram, Sarr peut être considéré comme l’un des futurs cadres de la tanière des Lions. «Je ne suis pas le seul jeune joueur qui mérite d’être considéré comme l’un des futurs cadres de l’équipe nationale. Il y a Krépin Diatta, Moussa Wagué et les joueurs de la sélection U20 ainsi que d’autres qui viendront après. Maintenant, il ne faut pas se contenter du fait que les gens nous le disent à chaque fois. Il faut travailler pour le mériter et surtout chercher à gagner quelque chose pour le pays. », a-t-il conclu à ce propos.

LES DONS / LES PROJETS…

Loin du pays, mais son coeur reste toujours attaché à sa terre natale. Récemment, l’international sénégalais a distribué des vivres à des démunis via son entourage. Des gestes fréquents dans ses activités. Et pour en savoir plus, Sarr nous renvoie sur l’image de sa mère, philanthrope bien avant la réussite du jeune attaquant de Watford. «Ma mère a l’habitude de donner aux gens à manger. En plus, près de chez-moi, il y a des Talibés (Ndlr : des pensionnaires des écoles coraniques) tout comme chez moi.

J’avais l’habitude d’être avec eux et je pense que si Dieu me donne la chance d’avoir certains moyens, c’est tout à fait normal que je les aide. Pour les projets, je ne sais pas encore. Mais comme Sadio Mané le fait bien, chacun doit apporter quelque chose dans sa région ou dans tout le Sénégal. On verra ce que l’avenir nous dira.», conlu-t-il.