Le Mans FC : Ibou Kebe, cet étonnant footballeur voyageur

Passé par Le Mans FC lors de la saison 2016-2017, l’attaquant évolue aujourd’hui au FC Hanoï au Vietnam où il a retrouvé le terrain et marqué la semaine dernière.

Comment se retrouve-t-on au Vietnam pour jouer au football ?

J’ai effectué un essai en 2018 à Thanh hoa (2e du championnat a l’époque ) qui s’est avéré concluant mais je me suis blessé lors de la dernière session d’entraînement juste avant ma signature. Du coup, j’ai décidé de rentrer me soigner car je suis resté trois semaines en soins. Je voyais que ça n’avançait pas, je suis rentré me soigner en France et finalement j’ai signé en Slovénie… Là-bas, j’ai fait une grosse saison (24 buts en 25 matchs conclus par une montée en d1). Au même moment, le Hanoï FC a déploré un joueur blessé et ils m’ont appelé vu qu’ils avaient déjà entendu parler de moi quand j’étais à l’essai. Cela s’est fait comme ça ! Le coach adjoint m’a contacté le lundi et le mardi, j’étais déjà dans l’avion pour jouer le jeudi !

Le changement est pour le moins radical, culturel et climatique ?

C’est difficile pour un joueur européen de partir jouer en Asie à cause du changement climatique surtout. Tu prends vraiment un coup car il fait lourd et très chaud ici. La façon dont les Asiatiques jouent aussi car malgré ce que l’on pense c’est un football très rapide, il y a peu d’espace car les joueurs sont très vifs et servent rapidement le porteur du ballon.

Quel est le niveau du championnat ?

C’est mon avis personnel mais je pense que c’est bas de tableau Ligue 2 ou haut de tableau national sauf Hanoï et Ho Chi Minh qui sont largement au-dessus des autres. Eux par contre, c’est bas de tableau Ligue 1, je pense.

Comment as-tu vécu l’épisode covid-19 ?

Nous étions en quarantaine. On pouvait se déplacer sans problème dans la ville mais on ne pouvait pas quitter le pays par avion. Cela n’a pas été facile car on a dû arrêter les entraînements pour un mois. On s’entraînait ensemble mais sans entraîneur. On allait au stade comme s’il y avait entraînement !

Finalement, vous avez repris…

Le championnat a été arrêté officiellement deux mois par sécurité mais le pays n’a enregistré aucun décès et on n’a enregistré que 270 cas de contamination. Nous avons repris les matchs avec les supporters. Je crois que nous sommes le seul pays à jouer avec des fans actuellement.

Tu as eu le temps de faire un peu de tourisme ?

J’ai visité quand on a joué à l’extérieur et l’an dernier grâce à la Confédération Asiatique de Football, nous sommes partis au Turkménistan et en Corée du Nord, des endroits où je ne pensais jamais aller car ce sont des dictatures ! Au Vietnam dès que j’ai quelques jours de repos (Vacances du Tet ou trêve internationale), j’en profite pour voyager dans le pays.

Excursion en Corée du Nord

Justement, c’était comment la Corée du Nord ?

Mon premier sentiment, c’était de la crainte mais plus les jours passaient, plus je voyais la beauté du pays. Les gens vivent à l’ancienne, ils se déplacent à vélo ou en bus. Les motos sont pour les policiers seulement. Is y a des anciennes voitures ( d’ailleurs les Volvo qu’ils avaient arnaqués aux Suédois sont des taxis là-bas !). Il n’y a pas d’internet mais au bout de quelques jours tu t’y fais. À l’aéroport, ils contrôlent les téléphones pour voir si tu ne ramènes pas des photos ou vidéos de l’extérieur compromettantes et quand tu repars ils vérifient aussi. Les hommes n’ont pas le droit de mettre des jeans. Ils sont tous en pantalon noir et ils n’ont pas le droit à la couleur clair. Partout où on allait, nous étions escortés par la sécurité même pour entrer au stade, on devait attendre devant le portail que la sécurité nous fasse signe pour descendre du bus alors qu’il n’y avait personne dans l’enceinte. Finalement, tu te sens en sécurité grâce à tout ça.

Ta famille t’a rejoint à Hanoï ?

En novembre, on s’est tous retrouvé au Vietnam mais quand le Corona a commencé (en fin janvier début février ) je leur ai dit de rentrer afin d’être en sécurité en France. Finalement, c’était au Vietnam que c’était le plus sûr.

Comment se résume une journée d’Ibou Kebe à Hanoï ?

Réveil à 7 h, ensuite je pars pour l’entraînement à 8 h 30, 15 min de renforcement musculaire avant l’entraînement. Je débute la séance a 9 h après l’entraînement, je fais des étirements pendant 10 minutes et j’en profite pour boire 1l d’eau (chose que je ne faisais pas avant). Je fais aussi des bains froids de temps en temps. Je rentre manger vers 11h50 puis sieste jusqu’à 14h45. 15h30 au stade 5 minutes avant l’entraînement, j’effectue quelques passes pour préparer mon corps. 16 h séance et âpres la séance 5 a 10 allonges sur la longueur du terrain pour habituer mon corps à faire de grandes course ensuite 10 minutes d’étirements avec l’hydratation toujours. Retour a la maison, repas. Le soir, ça m’arrive de regarder les adversaires contre qui je vais jouer sinon je regarde un film ou une série mais 22 h maximum je suis couché.

Tu penses revenir jouer en Europe un jour, voire en France, toi l’Alsacien ?

Dans le football tout est possible j’envisageais de jouer en Asie mais jamais au Vietnam et finalement j’y suis