International sénégalais, Moussa Ndiaye est le défenseur central qui agite le marché des transferts au Sénégal. Meilleur joueur de la dernière Coupe d’Afrique des moins de 20 ans et meilleur joueur de la finale de la Coupe UFOA (senior) à Thiès, Ndiaye a répondu à nos questions lors d’un entretien « live Instagram » livré à notre rédaction.
Natif de la banlieue dakaroise, Moussa Ndiaye a commencé à taper le ballon dans les rues de son Guédiawaye natal. L’on se demande comment il s’est retrouvé dans cette prestigieuse académie qatarie sise dans la station balnéaire de Mbour. Et pour suivre les pas de Diawandou Diagne, Moussa Wagué ou d’Henry Onyenkuru, le vice-champion d’Afrique U20 a dû se batailler fort.
Intégration de l’académie ASPIRE, le confinement …
« Les tests d’ASPIRE étaient très difficiles. Il fallait d’abord réussir dans son quartier. J’y croyais malgré les nombreux jeunes de mon âge qui y étaient présents. Dieu merci, j’ai été retenu pour aller effectuer d’autres essais à Mbour. La Gambie a amené son meilleur trio, le Paraguay y compris d’autres pays dans lesquels ASPIRE recrute. On a joué un tournoi au Qatar. Et c’est là-bas que notre génération a été choisie pour intégrer l’académie. », révèle-t-il.
Confiné comme la plupart des footballeurs, le défenseur ciblé par l’Ajax Amsterdam et l’AS Monaco vit la période de trouble provoquée par la propagation spectaculaire de l’épidémie du Coronavirus, à l’image de tous pensionnaires de son académie. « On s’entraîne individuellement. C’est la décision qui a été prise au sein de l’académie. La situation actuelle aura forcément des conséquences par rapport à la forme des sportifs, mais il faut faire avec.
Nous autres qui sommes dans les centres de formation, nous avons l’habitude de nous confiner parce que nous ne sortons presque pas. Il y a peut-être les entraînements collectifs et le fait d’être avec les amis qui nous manquent. Mais, on gère tout en espérant que la situation se rétablisse pour recommencer nos activités. », a rappelé le trois fois vainqueur de la Coupe UFOA (Ndlr : Deux UFOA U20 au Togo et en Guinée et un UFOA senior au Sénégal).
Ajax Amsterdam, Monaco …
Après une Coupe d’Afrique U20 réussie sur le plan individuel et collectif, le vice-champion d’Afrique a enchaîné les bonnes performances à la Coupe du Monde de la même catégorie (Ndlr : Pologne), où le Sénégal a été sorti en huitième de finales. Ses prestations n’ont pas été indifférentes, puis que des médias comme France Football, le citeront parmi les joueurs qui ont le plus attiré l’attention lors de cette grand-messe du football mondial.
La côte, le sénégalais l’a dans le marché des transferts. Doté d’une intelligence au-dessus de la moyenne, le défenseur âgé de 17 ans impressionnent déjà de grands champions à l’image de l’Ajax Amsterdam et de l’AS Monaco pour ne citer que ces deux. Après donc le départ de son compère en défense Souleymane Djimou Cissé, d’Amadou Sagna, de Youssouph Badji et de Dialy Kobaly Ndiaye, Moussa pourrait bientôt déposer ses valises dans une grande écurie européenne.
« Ajax Amsterdam ? Oui, ils se sont manifestés. Les discussions étaient entreprises et je pense qu’ils y sont toujours. Sinon, je ne m’en occupe spécialement pas. Ce n’est pas mon domaine. Je m’occupe du terrain et eux, les affaires de transfert etc. Des fois, mon entourage m’en parle, mais pour vous dire vrai : je ne veux pas trop en parler. », a-t-il révélé. Mais, il n’y a pas que les champions d’Eredivisie qui s’intéressent au jeune prodige. Le club de la Principauté est récemment entré dans la danse et se verrait bien accueillir la future star du football sénégalais. Oui, on m’a parlé de l’intérêt de l’AS Monaco, mais je n’en sais pas trop. Quand vous êtes un jeune, vous devez être bien entouré et respecter les gens qui vous guident et qui vous montrent la voie. », rapporte Ndiaye. Je consulte souvent des entraîneurs et des gens de mon entourage pour me conseiller par rapport au secteur dans lequel j’évolue et par rapport à l’équipe qui pourrait s’adapter à mon jeu. Mon entourage s’en charge. Une fois que les choses seront réglées, je partirai et tout le monde sera au courant. », conclut-il à ce propos.
Aliou Cissé, Youssouph Dabo, Serigne Saliou Dia
Etincelant avec les moins de 20 ans, les moins de 23 ans et la sélection nationale locale, Moussa Ndiaye n’a pas mis du temps pour convaincre le sélectionneur national du Sénégal (Ndlr : Aliou Cissé). Il fallait attendre la double confrontation entre le Sénégal et l’Eswatini pour voir le nom du jeune défenseur à côté de celui de Sadio Mané, de Cheikhou Kouyaté, de Gana Guèye ou encore de Kalidou Koulibaly. A mon arrivée, ils m’ont tous bien accueillis et m’ont permis de bien m’intégrer. C’est un plaisir d’être parmi de grands joueurs comme Gana Guèye, Sadio Mané etc. Ce sont des gens de bien. Ils m’ont bien aidé. Ils m’ont tous marqué et j’essaie de chercher de l’expérience auprès de chacun d’eux. Ils ont tous fait de bonnes choses en sélection et ce sont des gens positifs qui m’inspirent. J’apprends encore auprès d’eux», a dit le pensionnaire de l’académie ASPIRE.
Pour lui, la sélection A est une suite logique de sa progression, mais il ne s’enflamme pas. C’est un rêve de porter les couleurs de l’équipe nationale A. Je remercie le coach (Ndlr : Aliou Cissé, sélectionneur national du Sénégal) d’avoir déjà pensé à me sélectionner. Quand je suis arrivé, il m’a bien accueilli. Il m’a fait consulter des statistiques, voir comment il travaille. J’ai appris des choses que j’ignorais même dans le football. »
Mais comment Moussa s’est retrouvé défenseur central ? Il fallait croiser Youssouph Dabo pour en savoir plus. Il était un joueur offensif et il évoluait sur les couloirs. Quand je l’ai récupéré pour jouer avec les moins de 20 ans, j’ai vite constaté ses qualités de défenseur. », nous disait Youssoupha Dabo (Ndlr : sélectionneur nationale U20), lors d’une interview avec 13TV. Je l’ai repositionné derrière. Au départ, il n’aimait pas jouer en défense, mais il a fini par comprendre. Il est capable d’éliminer ses adversaires pour apporter une supériorité numérique au milieu de terrain. Moussa est un joueur talentueux. Mais, on ne cesse de lui répéter que le talent est un début, que le reste se fait par le travail. Ce qu’il fait bien. Il comprend des choses que beaucoup de joueurs plus âgés ne comprennent pas si vite. Il a une certaine maturité que bon nombre de joueurs n’ont pas, vu son âge. »
A notre micro, le jeune défenseur a rappelé l’impact de coach Dabo dans sa progression. Je dirais que c’est lui (Ndlr : Youssouph Dabo) qui m’a permis de me faire révéler au grand public. Je dirai même que je suis quelqu’un de chanceux. Ici (Ndlr : Académie ASPIRE), j’ai aussi coach Saliou (Ndlr : Sérigne Saliou Dia, sélectionneur équipe nationale locale, entraîneur à l’académie ASPIRE). Quand je partais en sélection, j’étais encore très jeune. Mais coach Dabo m’a donné de la confiance et m’a fait comprendre beaucoup de choses. On garde de bonnes relations qui vont au-delà même du football. On s’appelle régulièrement. Il n’hésite pas à me donner des conseils à chaque fois. Je ne cesserai jamais de le remercier pour son assistance ».
Equipe nationale U20
L’évolution du football force les défenseurs centraux à savoir faire de longues chevauchées balle au pied, à avoir une bonne lecture de jeu, à savoir bien couvrir les latéraux, à anticiper et à anéantir ou à amorcer les assauts adverses. Des qualités d’un défenseur central moderne qui se retrouvent bien dans la tête du jeune sénégalais qui ne cesse d’impressionner, tournoi après tournoi. « Quand j’ai été désigné meilleur joueur de la Coupe d’Afrique U20, j’étais vraiment très content. Cette distinction m’a beaucoup marquée. Je l’avais bien senti en moi. C’est quelque chose de très grand pour un jeune qui vient de démarrer sa carrière. Je ne vais pas minimiser la compétition, mais gagner la Coupe de l’UFOA est aussi quelque chose de bien. Le joueur n’a besoin que d’un curriculum vitae bien rempli. Et c’est une fierté d’avoir gagné tous ces trophées. », nous a fait savoir le coéquipier d’Abdoulaye Niakhaté Ndiaye (Ndlr : défenseur de Dakar Sacré Coeur).
Soudés, les moins de 20 du Sénégal étaient bien partis pour faire une bonne Coupe du Monde, après une finale de Coupe d’Afrique perdue devant le Mali. Nous sommes tous des amis et nous avons des relations fraternelles en équipe nationale U20. Nous sommes des jeunes et nous nous entendons bien. Nous nous soutenons même en dehors des terrains. », enchaîne le récent vainqueur de la Coupe Arabe en Arabie Saoudite. La Coupe Arabe est aussi une fierté. La gagner pousse les autres à respecter notre pays. Et nous avons la chance d’avoir des entraîneurs qui n’ont que la gagne dans leurs têtes. Pour nous, nous devons battre tous nos adversaires et c’est de cette façon que nous abordons nos rencontres. »
Ses parents
Présents dans le direct “Instagram Live” de notre entretien, les parents de Moussa Ndiaye n’ont pas hésité à nous envoyer des encouragements. Une famille passionnée qui a toujours assisté son fils. Ils sont tout pour moi. Avant toute autre personne, mes parents. Ils m’ont toujours soutenu et ils m’ont donné une éducation qui pousse les gens à me respecter partout où je vais. Je ne les remercierai jamais assez parce que je ne suis pas là par hasard. Ils se sont beaucoup investis dans ma progression.
Poste préféré et son gabarit, ses références
Jouer en défense centrale demande à disposer d’un bon bagage technique. Un défenseur doit aussi savoir aborder les duels, savoir maîtriser la distance avec les attaquants adverses, défendre debout et ne pas tacler n’importe comment. Et Moussa semble très tôt le comprendre tous ces facteurs de jeu. Joueur polyvalent, Ndiaye a commencé dans le secteur offensif, avant de se retrouver derrière. Un « recul » qui lui permet de bien se sentir à l’aise, puis que sa technique et sa fluidité lui donnent autant de possibilité devant les attaquants. Vu que je commence à prendre l’habitude de jouer à défense centrale, je pense que c’est là où je me sens le plus à l’aise. Jouer en défense demande des sacrifices. Il faut beaucoup travailler et tout donner pour être bon physiquement et répondre présent à chaque fois. Ici, je joue parfois dans l’axe centrale de la défense ou comme latéral gauche. On nous prépare à ce que l’on puisse jouer à tous les postes, partout où nous partons. Je jouais sur les côtés et en meneur de jeu. Quand je suis parti en équipe nationale, le coach m’a mis dans l’axe centrale de la défense et c’est comme ça que les choses ont démarré même si c’est vrai que lors d’un tournoi face au Barça, on m’avait fait jouer en défense, avant. Mais lors du dernier voyage en Arabie Saoudite, j’ai joué comme latéral. Les gens n’ont peut-être pas l’habitude de me voir jouer comme arrière latéral gauche, mais c’est un poste dans lequel je joue parfois à l’académie. »
L’excellence, Moussa la vise et ne néglige jamais le travail. Dans son discours, l’envie de progresser se lit très vite quand il parle. « Je m’entraîne toujours pour être parmi les meilleurs. Le football, c’est de l’intelligence. Avoir la force et ne pas avoir de l’intelligence est un problème. Tout se travaille et j’en suis conscient. Les nombreux duels épuisent le physique d’un défenseur. Quand vous regardez bien, je vais rarement aux duels. Je mets toujours en-avant mon intelligence pour réduire l’écart et anticiper les actions. », nous explique-t-il.
Annoncé à Teungueth Football Club, Moussa nous apporte plus d’éclaircissements par rapport à la rumeur de début de saison. Notre centre de formation ne dispute pas le championnat du Sénégal et il n’est pas affilié à la Fédération Sénégalaise de Football (FSF). Sinon, j’allais pouvoir jouer dans les clubs sénégalais qui me voulaient. Mais ASPIRE ne fonctionne pas comme ça. Ici, nous avons des règles que nous devons respecter. », répondait-il.
Pur gaucher, Moussa est de la trempe des Kalidou Koulibaly, Paolo Maldini et tous ces défenseurs au pied gauche qui ont pris leurs marques dans les défenses centrales. Pour devenir grand, Moussa ne minimise pas son apprentissage. Le Lion est déjà bien branché. Je suis encore dans l’apprentissage. Je regarde souvent des vidéos de Kalidou Koulibaly qui est comme un grand-frère pour moi, un modèle. Il me donne beaucoup de conseils et c’est quelqu’un qui mérite d’être pris comme une référence. Il y a aussi Sérgio Ramos, Marcelo etc. J’essaie d’apprendre de chacun. », a révélé le jeune sénégalais qui n’hésite pas à s’autocritiquer, nous dit-il. Je regarde souvent mes vidéos aussi pour me rectifier. L’académie nous aide à ce propos. J’ai un entraineur qui est très proche de moi et qui me fait souvent des montages de mes actions, afin que je puisse revoir mes lacunes et les travailler. Je me rectifie tout le temps pour essayer de m’améliorer. »
Son club de rêve
L’humilité et la grandeur avec laquelle Moussa Ndiaye s’exprime montre le pourquoi il est tant adulé, de partout. Malgré sa cote bien élevée dans le marché des transferts, le huitième de finaliste de la dernière Coupe d’Afrique U20 ne s’enflamme pas. Une des qualités des grands hommes. Et quand on lui demande quel est son club de rêve, le minot nous fait un cours de communication. Je ne peux pas vous dire lequel est le club que j’aime le plus ou dans lequel je voudrai jouer. Je suis jeune et je ne sais pas quelle occasion me sera présentée demain. Donc, il y a des choses comme ça à éviter dans la communication », répond-il a un follower, avant de nous expliquer qu’il « préfère ne rien dire, même si depuis tout jeune, j’avais une équipe de rêve. », a conclu notre invité.
Au mois de Juin (Ndlr : 18 Juin) prochain, Moussa Ndiaye atteindra l’âge requis pour être transféré à l’image de Youssoupha Mamadou Badji du Casa Sports qui s’est engagé avec Bruges après ses 18 ans. Le sénégalais devrait donc patienter ses 18 ans pour signer dans un grand club européen, puis que les sollicitations ne manquent pas.