Lions en Club

«Ne laissez personne gâcher vos relations en équipe nationale», Henri Camara

Des regrets, il en a. Et il n’aimerait pas voir ses petits frères se laisser berner dans la même marrée noire en équipe nationale et surtout dans la vraie vie. Pour lui, ce qui a empêché au Sénégal de son époque de gagner ne doit plus avoir sa raison d’être avec la jeune génération. Son rêve, c’est de voir la bande à Cheikhou Kouyaté remporter des trophées, au grand bonheur du peule sénégalais.

Finaliste de la Coupe d’Afrique 2002, quart de finaliste de la Coupe du Monde, deux fois quart de finaliste de la Coupe d’Afrique (2000 et 2004) et demi-finaliste d’Afrique 2006, Henri Camara a longuement échangé avec le capitaine des Lions, Cheikhou Kouyaté, lors d’un « Instgram Live ».

Le détenteur des records en sélection est revenu sur sa génération, son style sans oublier de donner des conseils à la jeune génération, dont son interlocuteur est le capitaine. « On a laissé les gens détériorer nos relations alors qu’on devait s’unir. On pouvait gagner une Coupe. La talent et l’envie étaient là. El Hadj (Diouf) et moi, si nous nous asseyions sur une table et que nous nous regardions droit dans les yeux, c’est sûr que nous aurons des regrets. Il y a eu des gens qui ont tout fait pour nous mettre en mal. Même parmi les joueurs, il y aura toujours des gens comme ça. Moi, je m’étonnais de voir les uns se tuer pour être populaires. », a révélé Henri Camara qui regrette avoir vu l’un des meilleurs duos d’attaque de sa génération ne pas pu réaliser ce rêve d’enfant qui est de soulever une couronne.

Dans ma tête, je n’avais qu’un objectif : faire gagner le Sénégal. », C’est pourquoi je vous conseille de ne pas laisser les gens vous séparer, surtout toi et Idy (Ndlr : Gana Gueye). », dit-il à Cheikhou Kouyaté, à qui il a également révélé pourquoi le sélectionneur lui donne autant de confiance en équipe nationale. C’est grâce à ton esprit de « dem ba diéx » (Ndlr : un gagneur ou quelqu’un qui ne lâche pas). Cet esprit navétane, c’est grâce à ça. J’ai eu des discussions avec lui et je sais ce qu’il m’a dit. Donc, il ne faut jamais laisser les gens vous séparer ».

Humble, effacé et correcte, tels sont les caractères qui ont toujours accompagné l’image d’Henri Camara, un footballeur à l’hygiène de vie exemplaire. Véritable modèle pour la jeune génération, l’ancien buteur de Wigan Athletic Club parle rarement dans les médias. « Je préfère rester chez moi et vous prodiguer mes conseils. Quand j’y étais (Ndlr : en équipe nationale), je voyais d’un autre regard les anciens internationaux. C’est pourquoi je pense à tout cela. Mais un jour viendra, je passerai. », dit-il. Pour moi, la meilleure façon est de vous conseiller comme je suis en train de la faire en disant du positif sur vous. J’ai été piégé, mais jamais je n’ai dit des choses négatives sur vous. Vous êtes mes frères. Si je vous insulte aujourd’hui, je ne pourrai pas vous regardez demain », a poursuivi l’ancien goleador de Celtic Glasgow.

Son amitié avec Bouba Diop

L’amitié est presqu’une fraternité chez les uns. Pour Henri et Bouba Diop, c’était réel. On en sait plus quand Cheikhou Kouyaté lui a posé la question d’en savoir un peu plus. « Non, je ne pense pas que vous avez vécus toi et Gana, ce que Bouba et moi, avons vécu. Toi et Gana, vous vous êtes connus en équipe nationale contrairement à Bouba et moi. Je le (Papa Bouba Diop) connaissais avant l’équipe nationale. », rappelle l’homme au 99 sélections sous les couleurs du Sénégal.

Je l’ai découvert lors des tests du Jaraaf. Quand je l’ai vu jouer en numéro 10, j’avais l’impression de voir Zinedine Zidane taper le ballon. Il était grand, mais technique. J’étais impressionné et je suis parti le dire à mes amis. C’est un gars très poli et qui ne parlait pas beaucoup. Notre amitié était réelle et je peux dire que sa venue en Europe est même passé par moi, y compris celle en sélection. Je me souviens d’une discussion avec mon coach de l’époque. Je lui avais fait savoir que je voulais qu’il fasse venir mon ami qui est un bon joueur. C’est la même chose avec Bruno Metsu. On était ensemble dans l’avion et je lui avais parlé de Bouba Diop. Il est venu et il a prouvé. C’est pourquoi je dis que les amitiés diffèrent. Bouba et moi, nous étions de bons amis. Et malgré nos différends parce qu’on est plus comme avant, je le considère toujours comme mon ami. », pouvait-on entendre de l’ancienne star de la sélection des Lions.

Son style, le swag

Joueur stylé et swag à son époque, Henri Camara avait la côte auprès des jeunes. Il était à l’image de Mohammed Ndao « Tyson » dans la lutte sénégalaise. L’ancien buteur des Lions avait une façon particulière de se vêtir et d’attirer l’attention du public en dehors de ses bonnes prestations. « Mon style était tout simplement inspiré du Nawétane. Ma façon de mettre du bandage sur mes poignets, de ne pas porter ma culotte comme les autres etc., tout était inspiré du Nawétane (Ndlr : championnat national populaire. », avance Camara qui nous raconte son but en Or face à la Suède, lors des huitièmes de finales la Coupe du Monde 2002. Ce qui est magique dans cette histoire, c’est qu’Henri ne s’imaginait pas disputer la grand-messe du football mondial quatre années avant. Imaginez, je supportais le Brésil et la France parce que j’aimais ces deux équipes. Mais lors de de finale en 98 (Ndlr : Coupe du Monde 98), je voulais que la France gagne comme elle ne l’avait jamais gagné. Je me souviens qu’à chaque fois que le Brésil gagnait, je sortais avec un ‘’tama’’ pour jubiler. Quatre ans après, je me retrouve à la Coupe du Monde (Ndlr : 2002). C’est toute une autre histoire. Après mon but face à la Suède, je ne savais même pas où aller. Pour moi, j’étais au stade Amitié (Ndlr : Stade Léopold Sédar Senghor). », se souvient-il.

Recordman de sélections et de buts en équipe nationale du Sénégal, Henri Camara aurait pu pour honorer sa 100e sélection comme le souhaitait son ami Aliou Cissé. La suite n’a pas été comme souhaitée, mais Henri n’en veut à personne. J’en avais discuté avec Aliou Cissé à l’époque. Il le voulait. Dieu en a décidé autrement et c’est pourquoi je ne veux pas trop en parler. Les gens ont fait couler beaucoup d’encre, mais je préfère ne pas en parler. Mais ça allait être quelque chose d’extraordinaire. », dit-il à Kouyaté a qui il a rappelé : ce qu’on s’était dit et ce qu’on allait faire allaient être unique. », se souviennent-ils en rigolant.

Ce qui est sur, c’est que Henri Camara restera à jamais l’une des plus grandes réussites de la formation sénégalaise. Parti de rien, l’ancien buteur du Jaraaf a joué dans plusieurs grandes stades, où il a côtoyé les plus grands noms du football. On se souvient de la sélection de Ronaldinho pour les aides de l’UNICEF en faveur des asiatiques, victimes du Tsunami en février 2005 aux cotés de Dida, Cafu, Cordoba, Marquez, Radebe, Song, Nakata, Deco, Kaka, Ronaldinho, Eto’o (Ndlr : sélection mondiale de Ronaldinho), contre l’équipe européenne de Shevchenko composé de Casillas, Montero, Kaladze, Thuram, Gerrard, Diesler, Beckham, Zidane, Del Piero, Raul, Shevchenko.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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