Naby Sarr : «Ne pas me laisser manger par le passé de mon père, Locotte»

« Je ne dois pas me laisser “manger” par le passé de mon père », a dit Mouhamadou-Naby Sarr. Invité de « Foot Sénégal by Night », l’international sénégalais, par ailleurs fils de Boubacar Sarr Locotte a longuement évoqué ses débuts en sélection, sa saison actuelle avec Charlton et ses ambitions personnelles et collectives.

Nombreux sont nos followers qui ont été surpris de voir Naby Sarr parler correctement la langue Wolof, la plus parlée au Sénégal. Les révélations sur ses matchs de « xaliss xaliss » (Ndlr : matchs de quartier) à Liberté V (Ndlr :  un des quartiers le plus populaire de Dakar), où résident ses grands-parents avec qui il passait souvent ses vacances ont surpris plus d’un. « Mon rêve a toujours été de gagner la Coupe du Monde et ce rêve ne bouge pas. J’espère qu’on y arrivera », a dit Sarr.

Le choix du Sénégal, son père Locotte Sarr …

Appelé lors de la dernière double confrontation des Lions du Sénégal en éliminatoire de la prochaine Coupe d’Afrique, contre Eswatini, Naby est revenu sur son choix de porter les couleurs du pays de ses ancêtres, après avoir joué en équipe de France des moins de 20 ans avec qui il a remporté la Coupe du Monde.

Il dit : « Ce n’est pas une question de choix, le Sénégal est mon pays. Je suis sénégalais et j’ai toujours passé mes vacances au Sénégal. Je faisais des fois plus de deux mois de vacance au pays. Je passais tout mon temps à jouer des matchs de « xaliss xaliss » avec les amis. Donc, le Sénégal a toujours été mon pays.»

Champion du Monde des moins de 20 ans avec la génération des Paul Labilé Pogba, Alfonse Aréola, Samuel Umtiti, Naby a rejoint le pays de ses parents à 26 ans. «Je n’avais pas été appelé par le Sénégal quand j’étais encore jeune. La France m’a sélectionné et je ne pouvais pas refuser, vu l’âge que j’avais à cette époque-là. Comme je vous le dis, le Sénégal est mon pays. Mon papa a joué en équipe nationale du Sénégal et j’ai longtemps voulu jouer pour le Sénégal. J’étais déjà prêt et mes parents voulaient que je parte jouer. Donc, c’était facile. », renchérit Sarr.

Comme tous les jeunes originaires du Sénégal, Naby Sarr a encore en tête la fameuse épopée des Lions en Corée et au Japon. «La Coupe du monde avec les El Hadj Diouf, Henri Camara, Khalilou Fadiga m’a marqué. Le coach m’avait appelé quelques semaines avant pour me dire qu’il me suivait et que je faisais un bon début de saison. Il m’a dit de continuer à bien travailler. Et après, j’ai vu que j’avais été appelé. J’étais très heureux. Les gens m’appelaient de partout et c’était bien. J’ai aussi eu une bonne discussion avec lui (Ndlr : Aliou Cissé) à mon arrivée.»

«C’est à moi de continuer à bien travailler en club et de revenir encore pour les prochains matchs. », a rappelé Naby, à un de nos followers, avant de rappeler ses amitiés avec Youssouf Sabaly avec qui il a cheminé ensemble depuis 10 ans. « J’ai été en équipes de jeunes du PSG avec lui. On a été à l’école ensemble. On a joué la Coupe du Monde des moins de 20 ans avec la France ensemble. Malheureusement, on aurait dû se retrouver ensemble en équipe du Sénégal s’il n’était pas blessé. »

Riche, la sélection du Sénégal n’est certainement pas la première au classement FIFA pour rien. Du talent individuel de chacun des Lions au collectif qui commence à prendre forme, l’équipe d’Aliou Cissé dispose d’un réservoir impressionnant. Des joueurs de qualité qui peuvent évoluer dans n’importe quel club au monde. « Le joueur qui m’a le plus marqué est Papa Alioune Ndiaye. Sa façon de prendre le ballon et d’orienter le jeu est unique. S’il y a quelque chose qui m’a vite marqué lors de ma première séance d’entrainement avec les Lions, c’est cette façon avec laquelle il prenait les balles. », a fait savoir Mohammed Naby Sarr, avant de rappeler le cas de Sadio Mané.« Après, il y a Sadio Mané aussi. Un top joueur, un footballeur de classe mondial. Pour moi, c’est la meilleure équipe africaine. », dit-il.

Supporter des Lions lors de la Coupe d’Afrique, le néo-Lion est revenu sur la prestation de ses nouveaux coéquipiers. «Il ne nous manque rien. Regardez le but qu’on a pris.  Tout le monde était choqué. Ça s’est joué sur des détails. Moi, je pense qu’il ne nous manque rien pour gagner une Coupe d’Afrique. On a une génération de très grands joueurs. J’ai bien été accueilli. Ils m’ont demandé de danser pour le bizutage. Je l’ai fait. Franchement, ils sont tous bien. Je me suis très vite senti à l’aise. », rajoute-t-il.

«C’est juste le jour, le moment et la réussite. On peut être dans un mauvais comme dans un bon joueur. Mais pour, rien ne nous manque. Il ne faut pas que je me laisse manger par le passé de mon père. Prouver que je sais faire de belles choses. Mon père a été un grand joueur à son époque et je serai toujours vu comme le fils de Boubacar Sarr Locotte. Mais c’est à moi d’écrire ma propre histoire.

Etre dans cette sélection est déjà quelque chose d’énorme. Je ne suis pas pressé, j’attends de saisir mon occasion et de saisir. Je me tiens toujours prêt pour ne pas que le jour où le coach me donnera la chance, que je le déçoive. En équipe de France, j’étais remplaçant, mais je me suis retrouvé titulaire et j’avais joué tous les matchs. Je suis une personne qui se tient toujours prête ».

Reconverti défenseur, après avoir débuté comme attaquant, le natif de Marseille nous a révélé comment il s’est retrouvé derrière. «Au départ, j’étais un attaquant et je voulais marquer des buts. Oui, mon père a été une des personnes qui m’a donné envie de devenir footballeur. », a dit Sarr. «J’étais dans l’académie du Paris Saint-Germain et un coéquipier s’est blessé un jour, puis le coach m’a demandé de reculer derrière. J’avais fini par faire une bonne prestation. C’est là que tout est partie pour dire vrai. Mais Allah hamdou lilah, tout se passe bien. Je me plais à ce poste. », rajoute-il.

Le respect, Naby Sarr commence à le gagner en club. Depuis sa dernière sélection avec les Lions du Sénégal, le fils de Locotte a remarqué qu’il commence à gagner encore plus de respect venant des pensionnaires de son club. «Oui, le regard des coéquipiers a changé un petit peu en club. Quand ils voient les noms qu’il y a dans la liste du Sénégal, ils se disent que c’est du sérieux. Oui, ça a changé un peu. »

La concurrence au poste de défenseur central en sélection…

Un des prétendants au poste de défenseur central des Lions, Naby ne reste pas focus sur un seul poste. Pour lui, tout dépendre de là où Aliou Cissé lui demander de jouer. «Je me tiens à la disposition du sélectionneur. Je suis plus à l’aise en tant que défenseur central, mais à Charlton, on a l’habitude à trois derrière et de me retrouver des fois comme arrière gauche. », a conclu le sénégalais.

Sadio Mané, le Ballon d’Or …

Naby Sarr n’a pas manqué d’évoquer la question du Ballon d’Or « volé » à Sadio Mané, classé 4^e lors de la remise du trophée attribué par France Football. « La Ligue des Champions, c’est en partie grâce à lui. Il a raté de près la Premier League. Il a remporté la Super Coupe et a été meilleur buteur du championnat. Le Ballon d’Or, c’est sur la saison, pas sur l’année ou sur la génération. Le seul joueur qui pouvait gagner le ballon d’Or devant Sadio Mané ne devait qu’être un joueur de Liverpool et même pour cela, je n’y crois pas trop. Parce que Sadio a joué une compétition internationale avec son pays contrairement aux autres. Surtout qu’il a tiré l’équipe vers le haut. J’étais déçu de ne pas le voir soulever le Ballon d’Or. Et si je dis que le Ballon d’Or doit être supprimé, c’est parce qu’il devient du n’importe quoi. »

Mercato

«Pour l’instant, tout est gelé coté mercato. Ça ne serait pas mal si je continue de jouer une année de plus en Championship. On attend que la situation se rétablisse et qu’on reprenne le championnat. Je suis en fin de contrat et on verra ce que ça va donner après. Le football turque est en train de grandir. Un championnat qui est de plus en plus suivi. Je pense que c’est aussi un bon championnat. La Ligue 1 ? C’est aussi un des meilleurs championnats. Je n’exclurai pas un retour. On verra s’il y aura une bonne offre ou pas. Pour l’instant, je suis à Charlton. Je ne sais pas s’il y aura un autre défis la saison prochaine.»