Lions en Club

Romain Gall (Malmö) : «  Je suis d’origine sénégalaise  »

Le Sénégal est sans aucun doute l’un des plus grands réservoirs de talents de la planète. Les footballeurs d’origine sénégalaise se comptent par dizaine dans les quatre coins du monde. Et parmi les fils du pays de Jules François Bocandé, Romain Gall. L’attaquant de Malmö est actuellement l’un des joueurs le plus prometteurs du championnat suédois.

Une fois sélectionné (Ndlr : en 2018) en équipe A des Etats-Unis, Romain Gall reste tout de même éligible pour les Lions. Auteur de 4 buts et 3 passes décisives avec Malmö cette saison, le jeune buteur est revenu sur son parcours sanctionné de nombreux défis qu’il a su relever. « J’ai commencé à jouer au foot en France, avec des amis, dans le quartier, comme ça, mais mes premiers pas en club ont eu lieu aux Etats-Unis, où j’ai déménagé quand j’avais 6 ans. On est parti pour mon père, pour qu’il arrête les aller-retour pour son travail, » se souvient Romain dans les colonnes de FootMercato.

Romain Galla sous les couleurs de l’Académie de DC United de Washington

Le père décide finalement d’installer toute la petite famille là-bas. Papa, maman, Romain, ses deux frères et sa sœur débarquent à Washington où ils se fondent dans le décor. Là-bas, Romain débute dans un club de quartier, le Hampden Juniors, sous les ordres de son père, coach sur son temps libre. « Jeune, mon père m’a conduit partout. Aux entraînements, aux matches, en détections, c’est lui qui m’a envoyé en centre de formation à 12 ans, je lui dois beaucoup. Mon frère aussi. Il m’a entraîné quand j’étais jeune, m’a aidé à franchir les paliers les uns après les autres, » poursuivait-il il y a deux ans.

De papa français et de maman sénégalaise, Romain est un globe-trotter qui a fait ses armes dans les sélections inférieurs des USA, où il est parti très tôt rejoindre son papa. Là-bas, le jeune attaquant franco-sénégalo-américain est parti du plus bas au sommet du football. Aux Etat-sUnis : j’y suis né, mais j’ai grandi à Antony. J’ai des souvenirs de l’école, de mes potes, des matchs de foot, entre copains. Je n’étais pas licencié dans un club. Je me rappelle aussi que mon père, qui travaillait chez Orange. Il est aujourd’hui retraité faisait beaucoup d’allers-retours aux États-Unis pour son travail. C’est pour cela qu’à un moment, il a décidé d’emmener toute la famille à Washington. J’avais un peu plus de 6 ans, et pour moi, ça ne posait pas de problèmes. J’avais déjà pris quelques cours d’anglais, et à cet âge, on s’adapte vite partout », dit-il.

Oui, dans un club de quartier (Hampden Juniors). Déjà, il faut savoir que dans ma famille, on est très foot et tennis. Un de mes frères aînés, Eric, a été mon entraîneur aux États-Unis. Mon père aussi m’a un peu coaché. Même si le foot n’est pas le sport le plus populaire là-bas, le pratiquer pour moi était une évidence.

J’aime beaucoup le basket, je me suis intéressé vite fait au foot américain, mais je n’ai pas hésité. C’est mon sport préféré », révèle Romain, avant de poursuivre qu’à 12 ans, j’ai quitté le domicile familial pour un centre de formation dans l’Ohio, un centre créé par Brad Friedl, l’ancien gardien de la sélection américaine. Partir à 12 ans, c’était dur, malgré les bonnes conditions du centre. Mais mon but, c’était de revenir en Europe, et d’y faire carrière. Donc, de faire des sacrifices. Puis je suis revenu à Washington, je me suis entraîné avec l’équipe des moins de 16 ans de Washington DC, et lors d’un tournoi, j’ai été repéré par le Real Salt Lake, dont j’ai intégré le centre de formation.

Prometteur depuis très jeune, Romain a eu l’occasion de revenir en France pour y effectuer des essais. Mais rien ne marche malheureusement pour le gamin. « Je suis revenu en France, et j’ai fait des essais. À Rennes, Bordeaux et Monaco, où je me suis blessé le premier jour. Mais je me suis accroché, et j’ai finalement signé à Lorient, pour trois ans. Un contrat stagiaire. C’était dur, car une nouvelle fois, je quittais ma famille, même si je retournais aux États-Unis de temps en temps pour les matchs des sélections nationales de jeunes.

Romain Gall avec les U20 des USA (12 matchs et 9 buts)

Mais j’étais en Europe, dans un club réputé pour la qualité de sa formation. En moins de 17 ans, j’ai eu Julien Stéphan, comme entraîneur. Et je n’en garde que de bons souvenirs. Il m’a fait progresser, tactiquement, techniquement, à tous les niveaux. Je savais qu’il irait plus loin. Cela ne m’étonne pas de le voir là où il est. À Lorient, tout le monde savait qu’il ferait carrière au niveau professionnel », se souvient le sénégalais d’origine dans SoFoot.

Les essais, Romain les a connus à plusieurs reprises, mais toujours sans succès. Et quand on lui demande pourquoi il n’a pas signé professionnelle, il répond à Alexis qu’il n’était peut-être pas encore l’heure. « J’ai fait des essais à l’Espanyol Barcelone. Cela s’était bien passé, mais le club avait des problèmes, et ça ne s’est pas fait. Puis j’ai eu cette proposition de Columbus Crew, en MLS, en 2014.

C’était une belle opportunité, avec toujours, dans un coin de ma tête, l’objectif de revenir en Europe. Je suis arrivé à Columbus en deuxième partie de saison. J’étais aussi international américain des moins de 20 ans, pour préparer la Coupe du monde de 2015. Mais en janvier 2015, je me suis blessé au genou, cette absence de plusieurs semaines m’a mis en difficulté en club. C’était difficile de revenir après cette blessure, l’équipe marchait bien, alors, j’ai été prêté trois mois à Austin, en D2. Cela m’a fait du bien, j’ai rejoué, mais j’étais toujours attiré par l’Europe ».

Romain Gall, lors de sa signature à Malmö

Il lui a fallu descendre plus bas pour trouver un point de chute. Le chemin le plus court, mais difficile pour accéder dans l’élite a été la D3 suédoise.Au début, je n’étais absolument pas motivé pour y aller. Je ne savais pas grand-chose de la Suède, et niveau foot, la D3, ce n’est pas très attractif. Mais finalement, j’ai réfléchi, et j’ai accepté. Le club était situé dans la banlieue de Stockholm.

Il raconte à nos confrères de SoFoot qu’au début, on m’a mis à l’hôtel, puis j’ai été logé quelques mois chez une personne très proche du club, qui habitait une grande maison avec des dépendances. Puis j’ai eu mon appart. Sur le plan du foot, j’ai dû m’accrocher. Le jeu, en D3 suédoise, est un peu fou-fou, ça part dans tous les sens. On jouait souvent sur des terrains en mauvais état, il fallait parfois faire des déplacements de sept ou huit heures le jour même du match. Et j’ai eu raison de m’accrocher, puisque au bout d’un an, j’ai signé à Sundsvall, en D1, en janvier 2017 », dit-il.

Actuellement dans le club le plus prometteur du pays de Zlatan Ibrahimovic, Gall continue tranquillement sa progression. Pour lui, le championnat suédois est « franchement d’un bon niveau. Les équipes travaillent beaucoup tactiquement, elles sont bien organisées. Il y a aussi de bons techniciens. Le joueur scandinave n’est pas seulement grand et costaud. Bon, ce n’est pas le championnat où on va trouver les dribbleurs les plus fous, mais au niveau technique, ce n’est pas mal du tout, chez certaines équipes. C’est un bon championnat, méconnu, mais on y trouve de très bons joueurs. C’est un très bon tremplin, pour ensuite aller vers une ligue plus forte ».

Disposant d’une nationalité américaine, il a été appelé par le sélectionneur du pays de l’Oncle Sam lors de la rencontre amicale denovembre 2018, contre l’Italie (0-1). J’avais été rappelé en janvier 2019, pour des matchs amicaux contre le Panama et le Costa Rica, mais Malmö n’avait pas souhaité que j’y aille, car on préparait un match de Ligue Europa. Puis j’ai eu un temps de jeu moins important. Mais j’ai pour objectif de disputer la Coupe du monde 2022. », a fait savoir le jeune sénégalais.

Romain Gall, lors du match amical face à l’Italie à Genk (Belgique)

Malgré sa sélection avec les Etats-Unis, Romain Gall reste éligible pour le Sénégal. Il n’a jusque-là pas encore disputé une rencontre officielle. A l’image de Paul-Georges Ntep (France – Cameroun) et Godfrey Kondogbia (France – Centrafrique), l’attaquant de 25 ans pourrait bien vêtir la tunique sénégalaise même s’il souhaiter aussi continuer à progresser avec les américains. Oui, puisque ma mère est originaire de ce pays. Mais je n’ai jamais été contacté par la fédération sénégalaise, qui ne doit pas savoir cela. Bon, c’est vrai que Gall, ça ne sonne pas trop sénégalais. (Rires.) », disait-t-il  à Alexis Billebault de SoFoot.

Dans FootMercato, il avait rappelé qu’il se sent bien en Suède. Comme pour dire que Romain espère poursuivre sa carrière dans le championnat suédois. « Je me sens très bien en Suède, mais j’ai toujours un objectif qui est de viser le plus haut, de continuer, de ne pas vivre dans le confort ici. Ce n’est pas du tout ce que j’ai envie de faire. J’ai envie de continuer à progresser et s’il le faut, pourquoi pas quitter la Suède le moment venu. Quand on a rêvé de plus grand étant jeune, on ne peut pas s’arrêter en chemin. » S’il garde les pieds sur terre, dans ses rêves les plus fous, le FC Barcelone a sa préférence. « Si je signe au Barça un jour, ça y est, j’ai atteint mon rêve. », disait-il.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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