Seydou Sy (Monaco) : «Retrouver du temps de jeu pour revenir en sélection»

«Retrouver du temps de jeu pour revenir en sélection», nous dit-il. International sénégalais, Seydou Sy est revenu sur son parcours plein d’embûches, sur sa saison et sur ses ambitions. Le ziguinchorois dit vouloir trouver du temps de jeu pour retrouver la sélection nationale du Sénégal.

«Le match qui m’a le plus marqué est celui qu’on a joué face à Lyon. On était à 10 avec le carton rouge de Keita Baldé. Je suis entré après la blessure de Subasic et j’avais fait un bon match. C’était un dimanche et tout le monde était branché sur CANAL+. Ce match m’a beaucoup marqué. On avait fini par le remporter par trois (3) buts à deux (2). », a fait savoir le jeune gardien de but sénégalais.

LE CONFINEMENT, LE RAMADAN…

“Je n’ai vraiment rien à dire contre l’arrêt du championnat. Certes, il reste 10 journées et des équipes du bas de tableau pouvaient se sauver et pourquoi pas retrouver la Champions League pour d’autres qui sont au milieu de tableau, mais la santé doit primer avant et après toute autre chose.”, nous explique le portier de l’ASM qui vit présentement le mois béni en famille. Je suis en famille et je suis pressé de rentrer au Sénégal pour retrouver les miens. Le Ramadan est plus doux au pays avec l’ambiance familiale et tout ce qui tourne autour.”, poursuit-il.

Coincé chez lui, Sy vit la situation du confinement à l’image de tous les habitants de la Principauté. “Monaco est différent des autres endroits. Ici, c’est différent de la France. Dans le territoire de la Principauté, on peut librement circuler si c’est pour aller faire du sport. Par contre, pour aller vers Nice où on peut trouver de la viande halal par exemple, on a besoin d’une attestation. Pour les entraînements, le club nous envoie des entraînements spécifiques. J’essaie de travailler le cardio et la musculation. J’ai un préparateur physique ici et au Sénégal aussi. Ils m’aident vraiment.”

SA SAISON, MANQUE DE TEMPS DE JEU, ETC. …

« C’est dur de s’entrainer sans jouer. Ce n’est pas facile. D’être dans l’équipe et de se retrouver dans les tribunes après. », dit-il. Pour le départ, le Lion nous rappelle que parfois, les gens ne comprennent pas. «L’AS Monaco est un grand club capable de rivaliser avec le PSG et Marseille. Ce que je vis actuellement à l’ASM, un autre sénégalais l’avait vécu et j’ai échangé avec lui. Tony Sylva m’a expliqué qu’il a connu la même situation à son époque, mais il m’a donné ses conseils qui me sont bénéfiques.

J’aurai été joueur de champ, ça allait peut-être être plus facile pour moi de trouver du temps de jeu. Le poste de gardien est plus compliqué que les gens ne le pensent. Je suis jeune et je ne suis pas pressé. Je suis sorti du “Navétane” (Championnat populaire et amateur sénégalais) pour débarquer ici, en Ligue 1. Ce n’est donc pas évident. J’ai parfois du temps de jeu et j’en manque souvent aussi. Mais je suis en train de gagner de l’expérience par rapport à cette situation que je vis. Là, je suis prêt à même baisser pour salaire pour aller dans un bon club, trouver du temps de jeu et retrouver la sélection nationale. », nous a rappelé Seydou Sy.

SES DÉBUTS DANS LE FOOTBALL…

«Je me rappelle avoir joué un match au Racing Club de Dakar. Sinon, je n’ai jamais vraiment joué dans le championnat sénégalais comme d’autres joueurs. Un recruteur m’a repéré dans le “Navétane” pour me faire effectuer des essais en Turquie. J’étais mineur et c’est à Besiktas que j’ai fait mes premiers pas. Je faisais trois heures de route pour aller au centre d’entrainement. On était en période de Ramadan, je m’en souviens encore. Des fois, je trouvais que les gens avaient déjà fait la rupture de jeûne et je devais m’en contenter.

Les coaches me voulaient, mais le Directeur sportif avait dit qu’il n’allait pas recruter un gardien de but de couleur noir pour le centre de formation. J’avais même versé des larmes quand j’avais appris cela. Mais je ne me suis pas laissé affecté. Je me suis dit qu’il fallait que je tiens bon, puis que je voulais prouver à ma mère qui est ma source de motivation, que j’allais réussir pour elle. Je suis par la suite parti à Istanbul Basaksehir, où je me suis entraîné une semaine avec les jeunes, avant de me retrouver avec les pros la semaine d’après.

J’avais 17 ans et je devais m’engager l’année d’après, après mes 18 ans. La chance que j’avais est qu’il y avait des africains comme Kamil Zayatte (Ndlr : ex-capitaine de la Guinée) et Achille Webo (Ndlr : ex-attaquant Cameroun) dans l’effectif du club. Il me prodiguaient des conseils et ils insistaient que je parte vers un club de l’Europe de l’Est. C’est Kamil, Achille et un turc qui m’avaient même payé mon billet pour aller effectuer des essais en Italie. Je vivais sans salaire alors que je m’entraînais avec les pros qui étaient toujours en voiture.

Je suis donc parti à Vicenza (Ndlr : Italie) pour les essais. Le club n’était pas bien économiquement. Du coup, il y avait l’actionnaire d’un club de Série D qui était venu me prendre là-bas. Il m’avait cherché un appartement où je résidais. J’étais parti à Inter Milan avec un autre sénégalais du nom de Dabo (Ndlr : Mohammed Foula Dabo, ex-Yeggo).

Le vieux me payait 500 euros et m’avait trouvé un abonnement dans un restaurant où je ne payais rien. Je suis parti à l’AC Milan, où on m’avait cherché un appartement aussi. Certains dirigeants commençaient à vouloir me recruter. Là-bas, j’ai entendu des propos racistes qui m’ont fait mal.

Le deuxième gardien est venu me traiter de tous les noms dans les vestiaires. Il me disait des choses bizarres comme par exemple que fait un gardien de but nègre dans cette équipe. J’avais commencé à comprendre la langue italienne et je lui avais même répondu. C’est quand je suis rentré au Sénégal que j’ai rejoint la sélection nationale olympique du Sénégal que dirigeait Aliou Cissé pour le tournoi de la Francophonie à Nice.

A mon retour de Ziguinchor, où j’étais parti rendre visite à ma mère, je suis parti avec la sélection U23 pour le tournoi à Nice. C’est là-bas que l’AS Monaco m’avait repéré. J’avais regagné Monaco qui n’était pas loin, après le tournoi. Je devais retourner en Italie parce que mon titre de séjour avait été fait en Italie. Il fallait que je rentre au Sénégal pour déposer un nouveau visa pour la France. Mais ce qui était encore difficile, c’est que le monsieur qui devait se charger de ma signature à l’ASM faisait des détournements et des magouilles sur le primes de signature des jeunes joueurs et il avait été renvoyé de son poste. Il avait donc retenu mon dossier.

Je suis resté 6 mois au Sénégal. Mon visa avait été refusé et il fallait patienter encore. C’est pourquoi vous pouvez voir 2014 dans mon Curriculum Vitae (CV), 2014 au lieu de 2013. J’avais démarré avec l’équipe CFA, avant d’aller chez les pros. Il y avait d’anciens gardiens du club comme Flavio Roma entre autres qui devaient valider les profils de gardiens de buts en essai. J’avais été trouvé bon, grâce à ma préparation et au tournoi aux Jeux de la Francophonie qui ont été le facteur plus qui m’a aidé à les convaincre.»

LE POSTE DE GARDIEN DE BUT…

«Je n’étais pas un gardien de but au départ. Parmi mes amis, j’étais le plus nul des joueurs de champ et j’étais le bouche trou de l’équipe. Il n’y avait que de bons talents dans ma génération, au quartier. Quand on jouait des « gagne jeu money » (Ndlr : match inter quartiers), c’est moi qui étais en charge de la récupération de l’argent. Cela montre que je n’étais pas un bon joueur de champ.

Un jour, notre gardien de but s’est blessé et je m’étais retrouvé dans les cages. De là est parti mon envie de devenir un gardien de but. La chance que les européens ont est la formation. En Afrique, on met souvent l’accent sur le don tandis qu’eux, ont passé leur enfance dans la formation. Et techniquement, ils comprennent certaines choses.

SA FAMILLE, LE CASA SPORTS, SON FRÈRE ZAZA SY, LES DONS…

«Je ne suis pas issu d’une famille aisée. Donc, je sais d’où je viens. Et si je fais tous ces dons pour ma communauté, c’est à cause de ça. Je connais les réalités du pays.», a fait savoir Seydou qui vient souvent en aide au club de sa ville natal. Le Casa Sports est mon club de cœur. Mon grand-frère Amadou Sy que tout le monde appelle Zaza m’amenait suivre tous les matchs du Casa Sports en championnat. Et mon amour pour ce club est resté le même. C’est mon club de cœur, nous rappelle-t-il.

LA SÉLECTION NATIONALE DU SÉNÉGAL…

« J’ai fait toutes les catégories avec le Sénégal. J’ai été en équipe nationale A et mon ambition et d’y retourner. J’ai récemment échangé avec le sélectionneur national, Aliou Cissé. Notre échange a été riche. Il m’a fait savoir que le manque de temps de jeu fait que je ne peux pas retrouver la tanière. Et je sais que je reviendrai en sélection, c’est sûr.

J’échange souvent avec Edouard Mendy et Pape Seydou Ndiaye (Ndlr : ex-gardien de but de Niarry Tally, du Jaraaf et de Génération Foot). Pape est un ami. On a passé trois mois à se préparer avec les U23. On se voit souvent lors de mes vacances. Mes rapports avec Keita Baldé sont aussi positifs. Il souhaite que je revienne en sélection. On discute beaucoup et tout est fraternel. Je suis content pour lui. Le nouveau coach lui a donné de la confiance et il l’a saisi ».

SES OBJECTIFS / MERCATO …

« Il me reste un an de contrat avec l’AS Monaco. En 2018, Guingamp était venu me chercher pour remplacer Mamadou Samassa (Ndlr : gardien international malien) qui venait de quitter le club. Pour les dirigeants guingampais, j’étais en fin de contrat et surtout qu’il voulait que je baisse mon salaire. En plus, il y avait un gardien de but danois qui était le titulaire de leur club. J’avais donc décidé de rester à l’ASM et j’avais aussi réussi à disputer des rencontres de Ligue 1.

Les équipes comme Toulouse qui me voulaient, n’allaient pas me faire jouer en tant que titulaire. Donc, personne ne sait si j’allais jouer ou pas.”, nous explique le portier sénégalais qui a tout de même des pistes. Oui, j’ai des pistes, mais pas en Ligue 1 pour l’instant. Je ne cracherai pas sur une piste en Ligue 2. Je suis en train de voir ce que l’avenir me dira, mais j’aimerai jouer dans un club où je trouverai du temps de jeu. », conclu-t-il