Sommes-nous très exigeants envers l’équipe nationale du Sénégal ?

Le Sénégal s’est qualifié en quarts de finale mais sans convaincre, lit-on régulièrement à la Une d’une bonne partie de la presse nationale et internationale, où les critiques rejoignent le regard de la masse critique sénégalaise qui attend de la sélection dirigée par Aliou Cissé, un football un peu plus cohérent.

Sinon, il est aussi normal que les amateurs se sentent frustrés au vu du jeu produit par cette sélection qui ne dispose que des footballeurs de qualité mais qui peinent à aller au bout de ne serait-ce que trois automatismes cohérents. Oui, les supporters sénégalais sont divisés en deux camps et chaque camp a raison. Il y a ceux qui ne sont intéressés que par la victoire peu importe la manière de jouer, et ceux pour qui la finalité qu’est la victoire est indissociable du contenu et de la manière.

En réalité, cette équipe n’a pas d’identité de jeu, encore moins d’automatismes cohérents ou constants, et elle traîne certains failles qu’il est difficile de savoir ce que veut réellement le coach à part gagner. Il faut donc comprendre cette équipe de la même façon que son sélectionneur pour ne pas se fatiguer ou se faire une autre idée.

Après une courte carrière de footballeur et un parcours pas si expérimenté en tant que reporter puis celui de dirigeant et manageur de sportifs que j’exerce actuellement, j’ai fini par adopter l’idée selon laquelle le football repose sur deux facteurs que sont le dominant et le football dominé, des procédés tactiques ô combien importants que le spectateur ou le consultant ou le journaliste ou le simple observateur mais surtout l’entraîneur, doit comprendre.

Ce qui manque à l’équipe nationale sous Aliou Cissé, c’est une identité de jeu. Et comme je le dis, pour créer cette identité qui n’existe pas dans cette sélection, il faut soit se baser sur ce qu’on appelle le « Football dominant » ou son contraire nommé « Football dominé ». Une réalité footballistique très importante qu’il ne faut jamais minimiser quand on suit l’évolution des sélections nationales qui ne sont pas à l’image des clubs où les joueurs ont le temps de s’entrainer pendant des années ou des mois pour mettre en place des automatismes.

Mais, est-ce impossible de pratiquer le football dominant en équipe nationale ? Bien évidemment non, parce que des sélections ont réussi à mettre en place des projets de jeu qui sont agréables à voir à l’écran. Tout dépend de la façon dont le sélectionneur compose son équipe. Quant à Aliou Cisse, on sait que c’est un entraîneur pour qui le football dominant, basé sur la multiplication des passes et la domination du jeu intérieur, n’est pas si important, puisqu’il dit souvent : « je préfère mal jouer et gagner que de bien jouer et perdre ».

Sauf que le football dominé qu’il tente de nous faire croire que c’est celui auquel il croit est celui n’a pas sa pertinence quand on regarde l’évolution de sa sélection sur le plan de la construction du jeu, depuis qu’il est à la tête de l’équipe. Et c’est là où les « resultadistes » arrive à avoir raison parce qu’ils ne cherchent que la finalité d’une rencontre : gagner et Aliou Cisse le réussit presque même s’il a perdu de justesse la Coupe d’Afrique en 2019.

Et, les gens sont fâchés parce que Cisse n’opte jamais pour le football dominé malgré la qualité intrinsèque des Lions ; et il est difficile de dire qu’il prône pour le football dominé parce que le Sénégal laisse traîner des lacunes dans la transmissions qu’il est difficile de savoir ce que veut réellement le coach, parce que le football dominé est celui où l’équipe accepte de subir le jeu pour procéder par des contres en utilisant pour la plupart des cas, ses hommes de couloir.

C’est un système que des équipes sud-américaines et même africaines tels que le Cameroun des années de lumière tout comme le Sénégal des années 2002 ont adopté pour faire montre de plusieurs surprises dans les grandes compétitions. Sauf que sous Cissé, il nous est impossible de trouver la pertinence de ce système que la Guinée Équatoriale a utilisé depuis le début de cette Coupe d’Afrique.

Les critiques ne peuvent manquer parce que le pays attend un sacre depuis fort longtemps et cette génération est d’après beaucoup de gens, la plus riche. Il est peu concevable de voir donc le Sénégal jouer un football si pauvre. Sinon, dans les critiques, il y en a qui n’ont rien à voir avec le football tout comme celles qui s’orientent vers la pauvreté de l’animation trouvent tout son sens.

Ce que j’ai compris de Cisse, c’est qu’il a un problème de casting et cela pose problème quand on lit le jeu du Sénégal dont les écrits sont en chinois. Aliou oublie qu’il doit toujours prendre en compte le comportement footballistique de ses joueurs parce qu’il s’agit d’une sélection.

La sélection doit non seulement se faire en fonction des performances des joueurs dans leurs clubs, mais en fonction de leurs caractéristiques dans le jeu à influencer également. Car, les habitudes suivent et elles sont très importantes dans la santé collective de l’équilibre de la sélection nationale, sur et en dehors du terrain.

Quand le sélectionneur national d’un pays aligne plus de joueurs qui évoluent dans un système du « football dominé » dans leurs clubs où des footballeurs au comportement très défensif, le comportement collectif de l’équipe sera sans aucun cohérent même si sa formation est dominée. Car, dans leurs clubs, ils ont pour habitude de garder le ballon et c’est le même précédé qui va les suivre en sélection.

La mayonnaise prendra forme à partir du moment où les repères seront faciles à retrouver puisque c’est une habitude, sachant que la majorité va forcément influencer la minorité. Par contre, le jour où il (sélectionneur) mettra plus de joueurs habitués au « football dominé » où ces footballeurs qui ont naturellement un comportement défensif dans son onze (11) de départ, le comportement collectif de son équipe ne sera autre que le résultat de ce que vous savez : attendre que les adversaires attaquent pour réagir par des contres à défaut d’encaisser et de se voir surprendre. Parce que, ses joueurs sont habitués à ce comportement dans leurs clubs où ils n’ont pas les aptitudes pouvant leur permettre de garder le ballon.

On peut constater que la domination du Sénégal ne dure pas. Cela peut être dû au fait qu’il y a dans la plupart des cas, dans le 11 des Lions, plus de joueurs pratiquant le « football dominé » dans le cœur du jeu. Ces derniers sont habitués à récupérer et à libérer le ballon le plus rapidement possible sans chercher à créer le surnombre en attaque et faire la différence.

Il ne faut donc pas attendre d’eux des initiatives portées vers l’avant de façon cohérente comme la composition du triangle Nampalys Mendy, Gana Gueye et Cheikhou Kouyate composé de joueurs défensifs. Ils vont tenter de faire le jeune mais façon éphémère parce qu’ils se sont vaccinés dans un système attentiste.

Le football est une composition de triangles dans le périmètre de jeu où la première pyramide (inversée) est composée d’Edouard Mendy, de Koulibaly et de Diallo. Cette pyramide doit être renversée pour qu’il y ait Nampalys a la tête du triangle debout avec Koulibaly et Diallo sur ses deux pieds. Nampalys Mendy doit donc avoir deux joueurs offensifs dans le triangle d’un il est la tête renversée pour créer le jeu de possession parce qu’avoir deux milieux défensifs en plus de lui, est synonyme d’un refus du jeu.

Et si on pousse plus loin la réflexion, on se rendra compte que les Lions qui pratiquent le « football dominant » dans leurs clubs ne font pas la majorité même si ce sont les plus en vue, vu que nous avons pour habitude de gagner par exploits individuels. C’est donc au sélectionneur de savoir adopter le « football dominé » pour gagner au lieu de vouloir pratiquer le football dominant qui n’est en réalité, jusque-là, pas un système conforme au comportement collectif de la sélection sénégalaise.

Mais, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas faire jouer son équipe dans un système du football dominé. Car, il y a des joueurs qui jouent dans des clubs où ils n’ont souvent pas la possession, mais qui sont des footballeurs taillés pour le football dominant.

On peut ne pas être d’accord, mais le concept du football dominant et du football dominé sont extrêmement importants dans la composition d’une sélection. Ils nous permettent de mieux comprendre le comportement de certaines équipes nationales qui regroupent des footballeurs venant de formations différentes ou évoluant dans des équipes dont les systèmes se rapprochent.

Et c’est pourquoi certains sélectionneurs composent les colonnes vertébrales de leurs équipes avec, soit, des joueurs évoluant dans le même club ou avec des joueurs issus du même système de formation où des joueurs dont les clubs pratiquent le même type de football (dominant ou dominé). Je pense que hier, le triangle défensif n’avait pas sa raison d’être. Nampalys aurait eu un autre joueur offensif en plus de Gana devant lui, le jeu allait être plus fluide.

Après avoir compris tous ces paramètres, je ne m’attends qu’à voir le Sénégal gagner mais pas à constater la mise en place d’un système capable de créer des automatismes de façon successive. Il n’a jamais été le cas et ce n’est pas à la Coupe d’Afrique que je vais m’attendre à voir de vraies combinaisons sous Cissé. Vivement que l’équipe continue de gagner et d’avancer jusqu’à la finalité. C’est bel et bien possible, il suffit d’y croire et de se donner les moyens d’y arriver.

Le Sénégal est encore une fois, une équipe que je n’attends qu’à voir gagner et avancer vers la finalité. Je n’ai jamais vu les Lions prôner dernièrement un jeu de possession et ce n’est pas dans cette compétition que je vais m’y attendre. J’aime le jeu de possession en tant que supporter du Barca et d’Arsenal depuis l’enfance, mais je ne le prendrai pas pour seul baromètre de recherche de la victoire.

Et, les questions que je me pose des fois sont : le footballeur sénégalais est-il taillé pour le football dominant ? Oui. Le Sénégal a-t-il une fois eu une génération pratiquant le football dominant en équipe nationale ? Celle de 86 à ce qu’il parait, et j’ai moi-même vu celle de 2012. Ont-t-elles gagné un trophée ? Non. Aliou Cissé nous a-t-il habitué à un jeu de possession ? Non. Pourquoi doit-on nous attendre à ce qu’il le prone dans une compétition de match à élimination directe, sachant que ce n’est pas son fort ? La réponse est bien plus esthétique que pragmatique.

En vérité, il n’y a pas de beau ni de mauvais jeu tant que la finalité y est. Avoir la possession et se faire battre est égale à ne pas l’avoir et se faire taper aussi. Ceux qui comme moi semblent figés sur la possession oublient que l’esthétique n’est forcément pas l’unique baromètre pour l’idéal commun.

Cet idéal est la victoire et tous les chemins sont bons pour y arriver. Sinon, un fait est réel : tant qu’une équipe a constamment le ballon dans la zone adverse, plus elle a les chances de marquer mais cela ne marche pas toujours parce que le football a beaucoup de réalités.

Une équipe peut avoir la possession du ballon sans être réaliste et se faire coiffer par son adversaire qui procède d’une manière peu cohérente dans la construction du jeu et qui profitent des capacités de certains de ses individualités capables de décider du sort d’un match.

La possession est comme la Panenka réussie ou ratée : soit c’est de l’esthétique ou du n’importe quoi quand il n’y a pas la finalité. Pas de fierté à se faire éliminer après avoir dominé son adversaire (vice versa). C’est une excuse échappatoire mais la seule fierté est la gagne.