Son parcours, Marseille, les blessures et l’équipe nationale du Sénégal, Leyti Ndiaye à coeur ouvert

En évoquant ses débuts dans le football, son passage dans le championnat sénégalais, son départ pour Louhans-Cuiseaux puis sa signature à l’OM, Pape Leyti Ndiaye revient sur sa carrière, dans un entretien accordé aux supporters de l’Om au Sénégal (SOMS). 

De ses blessures à répétition à son bref passage en équipe nationale du Sénégal, c’est un Leyti Ndiaye très détendu et à cœur ouvert qui s’est prêté aux questions des fans de l’Om dans un live sur Instagram. 

Ses débuts dans le football : 

Comme la plupart des jeunes de sa génération, Leyti a commencé à jouer au football dans son quartier de la SICAP : « Je suis un enfant de la Sicap où j’ai grandi ; j’y ai joué aux “Navétanes” avant d’aller à l’As Douane. Après deux saisons là-bas je suis allé en France à Louhans-Cuiseaux ». Une trajectoire qui le mènera un niveau supérieur. Après une saison complète, le jeune milieu défensif a eu des touches dans quelques clubs français dont Lyon. « J’y ai même fait un stage d’une semaine. Mais dès que l’OM est venu j’ai changé et j’ai répondu favorablement, malgré que ce soit Lyon qui gagnait tout en France en ce moment-là. »

Leyti rappelle très souvent son passage à l’As Douane (club de ligue 1 sénégalaise, ndlr), où il a joué dans toutes les catégories jeunes, que ce soit en U17, U20 et en A. Cerise sur un gâteau déjà bien garni, il se rappelle, sourire au coin : « J’y ai aussi gagné la coupe du Sénégal. » D’où une gratitude qu’il ne se rate jamais d’évoquer : « C’est un club à qui je dois beaucoup car je leur dois ma carrière et c’est à partir de l’As Douane que je suis parti en France à Louhans-Cuiseaux. »

Une attitude très valorisante pour celui qui a été formé comme milieu défensif au Sénégal où, que ce soit en équipe nationale U17 ou U20 et aussi à Louhans, il jouait comme milieu de terrain. Et c’est dans ce registre qu’il remporte avec le Sénégal la Coupe Amilcar Cabral en 2001 (tournoi sous-régional ouest-africain en U23, aujourd’hui disparu, ndlr) au Mali, avec les Ousmane Ndoye et autres. Un clin d’œil au destin, « c’est José Anigo qui m’a reconverti en défense centrale à mon arrivée à l’Om. », déclare-t-il fièrement.  

Son passage à l’Olympique de Marseille (2004-2013) : 

L’Olympique de Marseille est un club qui marque généralement la plupart des joueurs y ayant évolué. L’ancien milieu de terrain de l’As Douanes ne déroge pas à cette règle : « j’ai de très bons souvenirs de mon passage à l’OM. Quand tu as la chance de vivre certaines choses merveilleuses avec un club comme l’Om, cela vous marque à jamais ». Pape Leyti Ndiaye signe à l’Om à l’été 2004 en provenance de Louhans-Cuiseaux en N1, en compagnie de l’ex international français Bixente Lizarazu (Bayern de Munich), Benoît Pedretti (Sochaux), Eduardo Costa (Bordeaux) et Frederic Déhu (PSG). « Quand on nous a présenté au Vélodrome, c’était vraiment un grand moment pour moi car c’était un rêve de jouer à l’OM et au Vélodrome. », se remémore-t-il. 

Son expérience en ligue des champions : 

Comme tout footballeur professionnel, jouer la Champions’ League constitue toujours un grand moment. En décembre 2010, l’OM rencontre le Chelsea des Didier Drogba, Florent Malouda, John Terry Michael Essien et Ramirez au Vélodrome. Didier Deschamps décide de mettre Leyti en sentinelle devant la défense : « ce match contre Chelsea en 2010 reste un grand moment dans ma carrière, car c’était ma première en ligue des champions. C’était un match de haute intensité et je me suis dit que ce match j’allais donner tout ce que j’ai. », raconte-t-il. « Malgré le fait que Chelsea était une grande équipe, nous aussi on avait un grand groupe avec des joueurs de classe mondiale comme Gabriel Heinze, Soul Diawara, Valbuena, Lucho Gonzales, Mandanda etc. C’était une grande saison de notre part aussi d’autant que l’OM sortait championne de ligue 1. »

Les blessures et l’équipe nationale du Sénégal : 

On ne saura jamais ce qu’aurait pu être la carrière du sénégalais de 35 ans, si sa carrière n’avait pas été affectée par les blessures. Quand il arrive à l’OM où « c’était vraiment un choix du cœur car je supportais déjà l’OM et ils m’ont proposé de bon plan de carrière sportivement parlant », il a été directement intégré dans le groupe professionnel où il s’entraînait régulièrement avec l’équipe. « Mais malheureusement au bout de 4 mois j’ai eu une rupture des ligaments croisés du genou droit. Je suis resté 8 mois sur les flancs. 

Un élan brisé net par cette maudite blessure. La rupture des ligaments croisés reste la plus grosse crainte pour un footballeur professionnel. Mais Leyti reviendra 8 mois plus tard, pour se voir prêter à Créteil. Après une bonne saison chez les cristoliens il revient encore à l’Om. Mais puisque Éric Gerets ne comptait pas sur lui, il décide de repartir en prêt à Strasbourg. « Mais après 5 jours d’entrainement j’ai encore eu une rupture des ligaments croisés de mon autre genou, le gauche cette fois-ci. » Un gros coup dur…« Je sais que les blessures ont plombé ma carrière. Ce n’est pas que je cherche des excuses mais c’est la réalité. En équipe nationale du Sénégal j’ai été convoqué une fois, et c’était un objectif. J’étais très content d’être convoqué ». En effet, Leyti a été convoqué par Amara Traoré en 2010, pour pallier l’absence de Jacques Doudou Faty. A l’entrainement, suite à un contact avec Moussa Sow il a eu une blessure à l’épaule et a dû quitter ce regroupement précipitamment…. « J’ai eu à aller voir des spécialistes, des diététiciens et tout, afin de voir qu’est-ce qui ne va pas. Hélas il n’y avait rien à faire. C’était une grosse déception. Mais je mets cela sur le compte de la décision divine. » 

Ses rapports avec feu le président Pape Diouf : 

Celui qui a appartenu à l’Om durant toute la durée du mandat de Pape Diouf en tant que président de l’Om garde le souvenir d’un professionnel jusqu’aux ongles. « Pape Diouf (décédé le 31 Mars 2020 à Dakar, ndlr) a été quelqu’un de très professionnel et il était un président exemplaire. Il ne faisait jamais dans le parti pris et ne favorisait personne. Il aimait la justice et l’honnêteté. » 

Selon le jeune retraité, le fait d’être sénégalais comme lui ne l’a jamais poussé à déroger à ses règles d’éthique de gestion d’un club professionnel : le mérite : « Je retiens de lui une personne intègre et il a tenu l’Om avec beaucoup de clairvoyance de dévouement et de loyauté. Que la terre lui soit légère ».

Ses coéquipiers Benoît Pedretti et Brandao: 

Evoquant ses deux coéquipiers de qui il était assez proches, Leyti parle de Benoît Pedretti comme « un des joueurs les plus talentueux avec qui j’ai eu à jouer ; pour moi Pedretti n’a pas forcément échoué à l’Om. Je pense qu’il a fait d’excellentes choses au club malgré qu’il n’ait pas eu les mêmes performances que quand il jouait à Sochaux. Il avait cette clairvoyance de jeu au-dessus de la moyenne. Il fait partie des meilleurs de sa génération. Mais à l’Om la pression est grande et ce n’est pas toujours facile de s’y imposer. » 

Quant à Brandao, il le décrit comme « un joueur très précieux dans le terrain », car, puisqu’une équipe a besoin de plusieurs profils pour gagner, « Brandao est utile car même s’il ne te marque pas 50 buts par saison, il fait un travail énorme en termes de pressing haut. Il fatigue la défense et les oblige à ne pas trop sortir. »

Partenariat Diambars / Olympique de Marseille :  

En décembre 2019, l’Olympique de Marseille a signé un contrat de 3 ans avec Diambars, et devrait accueillir certains jeunes en formation, issus de ce centre. L’ancien marseillais approuve : « le partenariat entre l’OM et Diambars est une excellente chose et nous allons tout faire pour aider à ce que ce projet aboutisse car c’est le Sénégal et l’OM qui y gagnent et ce sont mes équipes de cœur ». 

Equipe nationale du Sénégal, Aliou Cissé, Football local… : 

« Je n’exclus pas de m’investir dans le football local, mais seulement si on me donne la possibilité de le faire. Je reste ouvert à tout et si on me contacte je peux bien apporter mon aide et mon expérience. », déclare-t-il aux supporters marseillais du Sénégal. 

Selon lui, si la reconnaissance est là, cela peut toujours aider à ce que les choses aillent mieux dans le football sénégalais. « Aujourd’hui les supporters ne viennent pus au stade dans le championnat local, et je pense que c’est un problème profond auquel il faut trouver une solution. », se désole-t-il.  

Celui qui déclare qu’il lui arrive souvent d’écrire à Aliou Cissé dans ses comptes sur les réseaux sociaux, juste pour partager son expérience et donner des conseils au besoin, pour le bien de l’équipe nationale, est persuadé qu’il y a du talent au Sénégal. « C’est la raison pour laquelle, après le Fc Metz avec Génération Foot, après Lyon avec Dakar Sacré Cœur, l’OM a voulu venir nouer un partenariat avec Diambars. Je pense que le potentiel est là, il faut seulement plus d’organisation et de structuration. Et c’est seulement comme ça que les anciens vont revenir s’investir dans le football local. »   

Un potentiel que le Sénégal gagnerait à valoriser, afin de soulever un jour, le trophée continental, « pourquoi pas ! », rigole-t-il.