Lions en Club

Son transfert au Qatar, ses rapports avec Aliou Cissé, son avenir : Kara Mbodj nous explique tout

Votre rendez-vous « Foot Sénégal by Night » a reçu Sérigne Modou Kara Mbodj, Samedi après-midi. Un échange plein de révélations qui contrarient beaucoup de contrevérités qui se racontaient sur l’ancien défenseur du FC Nantes, par ailleurs vice-capitaine du Sénégal lors des éliminatoires de la Coupe du Monde Russie 2018.

Transféré du RC Anderlecht (Belgique) à Al Sailiya Sports Club (Ndlr : Qatar), Kara Mbodj dit avoir bien étudié l’offre de la formation qatarie, avant de s’engager. Et il avance avoir même retrouvé ses qualités et se sent bien à Al Sailiya. « Vous savez, chaque pays à sa culture. Il faut essayer de s’adapter selon le climat, surtout qu’il fait très chaud ici. Au début, ce n’était pas facile avec le changement de pays, mais au fil du temps je me suis vite retrouvé et j’ai retrouvé ma forme.

Le choix du Qatar

Oui, le championnat du Qatar n’est pas très bien médiatisé. Ce n’est pas à l’image du championnat de France, de l’Italie ou d’Angleterre etc. Il faut savoir qu’ici, vous n’avez droit qu’à cinq (5) footballeurs professionnels. Et les gens attendent beaucoup de nous parce que l’exigence repose sur nous. Mais le plus important est de rester concentrer sur soi et ne pas se laisser disperser. Vu notre effectif, sachant que je suis le seul footballeur professionnel qui joue en défense, tout repose donc sur moi. Et vu le classement aussi, nous avons la 3e meilleure défense. Je peux donc en déduire que mes performances sont positives. », nous a fait savoir Mbodj.

Face à Al Saad cette saison, Kara a fait montre d’une bonne prestation devant le bourreau du Sénégal à la Coupe d’Afrique des Nations 2019, Bagdad Bounedjah. « Le duel n’était pas entre Bounedjah et moi, mais entre son équipe et la mienne. Il fallait juste se faire respecter dans le terrain comme d’habitude. Il a défendu ses couleurs et j’ai aussi fait de même pour les miennes. Voilà, tout s’est bien passé. C’est ça aussi le football. »

La sélection, Aliou Cissé, Sadio Mané, Kalidou Koulibaly

Questionné sur l’équipe nationale, l’ancien joueur de Tromso avait d’abord dit qu’il n’allait pas en parler. Mais il a fini par répondre aux followers qui ne manquaient pas de reposer les mêmes questions, liées à la tanière. « L’équipe nationale ? Je ne veux pas en parler. Mais je suis là, je me concentre dans mon travail en club et je garde encore la foi.»

«Je suis sénégalais comme tout le monde. L’équipe nationale est ouverte à tous les footballeurs. », poursuit Kara qui dit bien s’étendre avec Sadio Mané, quand il lui avait été posée la question de savoir s’il est toujours en contact avec ses coéquipiers de la sélection.

Il s’est prononcé sur le mercato de son ami Sadio Mané, ciblé par le Real Madrid et le PSG. « Sadio a déjà gagné la Champions League avec Liverpool qui était à 6 points du titre avant l’arrêt du championnat. Je pense qu’il (Championnat) leur sera attribué vu la situation qui prévaut et leur position. Après avoir gagné la Champions League et probablement la Premier League, il serait mieux qu’il parte au Real Madrid qui est aussi un grand club. Sadio est quelqu’un de mature et je sais qu’il sait ce qui est bien pour lui. »

Répondant à la question d’un internaute, il rappelle que son pire souvenir en sélection est le match « face à Afrique du Sud, lors que l’arbitre avait décidé de siffler le penalty nébuleux et qu’on avait perdu par deux buts à zéro, avant que le match ne se fasse rejouer. », nous a-t-il fait savoir, avant de nous dire que la rencontre retour face à la même sélection sud-africaine au stade Léopold Sédar Senghor reste son meilleur souvenir.

« Le match face à Afrique du Sud du 14 Novembre reste mon meilleur souvenir, surtout à la 92e minute de jeu. ». Mais que s’est-il passé ce jour ? Eh bien, le Sénégal était presque qualifié. Mais il fallait une victoire pour couronner le beau parcours des Lions. Tout est prêt pour un match nul d’un but partout. Il fallait donc avoir Kara Mbodj coté sénégalais pour le but de la victoire, synonyme d’un retour à la Coupe du Monde, 15 ans après.

Après donc une Coupe du Monde passée sur le banc des remplaçants, le défenseur d’Al Sailiya n’a toujours pas revêtu le maillot national. Mais dans ses interventions, on sent qu’il n’a pas encore dit son dernier mot. Un retour pourrait être envisagé si jamais le sélectionneur l’appelle. Une équipe pour qui il s’est sacrifié en patriote.

« Je me sens bien. Je venais en sélection avec une blessure que je cachais et je faisais de matchs correctes. C’est avec cette blessure que j’ai disputé la CAN 2015, les éliminatoires et la CAN 2017 et les éliminatoires de la Coupe du Monde 2019. Ceux qui me connaissent savent que je jouais avec un handicap, mais je me donnais à fond. Aujourd’hui, je peux vous dire que je me sens très bien. », dit-il.

Patriote émérite, Kara reste attaché au Sénégal et à ses valeurs, notamment à ses grands hommes. « Mes deux joueurs ? El Hadji Diouf et Sadio Mané. El Hadj a marqué notre enfance et il fait partie de ces footballeurs qui nous ont fait vivre de bons moments dans les années 2000. Sadio est un ami et c’est un bon joueur. On s’est connu avant les Jeux Olympique de 2012 qu’on a joués ensemble, et on a aussi joué en équipe A. Il a toujours gardé les mêmes valeurs qu’il avait.»

«A son arrivée ici (Ndlr : quand Liverpool disputait le Mondial des Clubs au Qatar), je m’étais déplacé pour aller lui donner mon maillot parce que j’entretiens de bons rapports avec lui. C’est d’ailleurs le seul joueur pour qui je l’ai fait. Il n’oublie pas d’où il vient et j’aime des gens comme ça. Quand vous regardez ses performances actuelles, vous ne pouvez qu’être fier de lui, car, il vient de loin. C’est un ambassadeur de l’Afrique, mais celui du Sénégal en particulier. Il a été là quand j’étais dans une situation difficile ».

Plus appelé en sélection, Kara Mbodj n’a pas encore pris sa retraite internationale et ne compte pas tourner le dos, contrairement aux rumeurs. Et quant à ses relations avec le sélectionneur national Aliou Cissé, le Lion soutient que rien n’a changé.

« Je n’ai un problème avec Aliou Cissé. Je m’entends toujours bien avec lui. Comment avoir des problèmes avec quelqu’un avec qui vous vous entendez toujours et qui vous prodigue des conseils à chaque fois. Mes rapports avec lui, vous-même (Ndlr : notre reporter Papa Amar Ndiaye), vous les savez parce que vous étiez là à mes débuts en équipe nationale junior.

Son travail (Ndlr : Aliou Cissé) n’est pas facile. Il faut le soutenir. Que ce soit lui ou les fédéraux, ils font parfois des sacrifices que beaucoup de gens ignorent. Et Aliou a un travail, où il doit rendre compte. Ce qui n’est pas une tâche facile. Il regarde ceux qui peuvent lui apporter un plus, il les sélectionne. La preuve, j’ai fait sept (7) ans en équipe nationale, mais je n’y suis plus actuellement.

C’est comme ça le football, mais ça ira. Aliou et moi, nous avons des rapports fraternels. Il fait son travail et à un moment donné, il comprend quand vous avez un problème et il préfère vous laisser travailler pour revenir à votre meilleur niveau. Dieu sait que je n’ai aucun problème avec lui, contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. »

Comme la plupart des sénégalais, Kara Mbodj a suivi la finale de la Coupe d’Afrique avec le même sentiment, celui d’un gout d’inachevé. «Difficile de dire que ceci à manquer à l’équipe pour remporter la Coupe d’Afrique. Si le Sénégal l’avait gagné, on n’allait pas se poser toutes ces questions. Les joueurs se sont donnés à fond et malheureusement, ils ont pris un but qui nous a fait raté de peu la Coupe. Mais il faut continuer le travail. Le Sénégal a des joueurs de qualité et s’il avait gagné le trophée, toutes ces questions n’allaient pas voir le jour encore une fois. »

Compère de Kalidou Koulibaly en défense centrale au RK Genk et en équipe nationale du Sénégal, Kara nous a aussi rappelé qu’il entretient de bonnes relations avec le napolitain ciblé par le Paris Saint-Germain. « Kalidou Koulibaly, je l’ai connu à Genk, où je l’avais trouvé. Après, il est parti à Naples. J’ai joué mon rôle dans sa venue en équipe nationale du Sénégal.

Je lui parlais tout le temps de la sélection du Sénégal. Je lui ai beaucoup parlé du pays parce que c’est le tien aussi. Aujourd’hui, il ne le regrette pas son choix. Nous savons tous que les africains sont handicapés par rapport à leur couleur de peau. Sion, tout le monde sait que Kalidou Koulibaly fait partie des meilleurs défenseurs centraux au monde à l’heure actuelle. »

Son passage à Nantes, la crise du coronavirus, etc.

Conscient de la situation qui frappe actuellement le monde, le sénégalais salue la maturité des footballeurs qui ont accepté de réduire leurs salaires ou de renoncer à ces derniers pour faire face à la pandémie du Coronavirus.

« Les joueurs qui ont réduit leurs salaires ont fait de bons actes. La situation actuelle permet à certaines personnes de comprendre que Dieu existe et que c’est lui qui commande le monde. J’ai suivi un documentaire sur France 24 (Ndlr : chaîne de télévision française), où des voisins qui ne se saluaient pas se sont retrouvés amis aujourd’hui et comptent rafraîchir ce lien même si le Coronavirus est éradiqué. », nous a rappelé le Lion.

Aujourd’hui au Qatar, le défenseur des Lions a aussi fait une pige aussi rapide en France, à Nantes précisément. Mais ce passage a été marqué par son différend avec le coach Vahid Halilodzic. « Avant Nantes, le Stade de Reims était venu en premier avec un bon salaire, bien meilleur que celui que Nantes me proposait. J’avais fait mon choix. A Nantes, ce n’était pas un moment où j’étais à cent pour cent de ma forme. Mais tout ce qui s’est passé là-bas m’a servi de leçon et Dieu merci, tout va bien aujourd’hui.»

«Anderlecht était devenu un club où il y avait beaucoup de bruits. Il fallait que je parte. Je suis parti et voilà, je me sens bien aujourd’hui au Qatar. Ce que j’ai vécu entre temps, je suis le seul à le savoir avec mes proches, mais je rends grâce à Dieu, tout va bien maintenant. J’ai déjà parlé du cas de Vahid en interview et en Live. A Nantes, il y avait un coach portugais (Ndlr : Conceiçâo) qui aimait un jeu construit depuis derrière. Quand il a vu mes performances, il a demandé à ce que je vienne au FC Nantes.

A mon arrivée, il a été viré deux matchs après, car, le début de la saison était difficile pour Nantes. Vahid Halilodzic l’a remplacé par la suite. A son arrivée, il nous a fait savoir qu’il n’y allait pas y avoir un traitement de faveur y compris pour le capitaine qui est un joueur formé au et respecté au club. C’est le discours qu’il nous avait tenu et nous étions tous d’accord. Je n’étais pas dans sa liste lors de son premier match. J’ai joué 7 matchs après, et on a gagné 4 rencontres avec 12 buts marqués.

L’autre paire de la défense qu’il alignait avait pris 7 buts entre temps. Malgré cela, le coach Vahid me faisait croire que je n’étais pas prêt. Après, il a changé de discours en me disant “si tu veux partir, pas de soucis” . En janvier, Anderlecht revient me prendre et il s’y oppose. Je lui dis que ce n’est pas normal parce qu’il m’avait dit qu’il était d’accord pour mon départ.

On part jouer à Montpellier, où il y avait un joueur expulsé. Il me sort au bout de 15 minutes. J’avais compris qu’il n’aimait pas mon jeu à risque partant de derrière et je ne pouvais pas rester comme ça sans jouer, sachant qu’il y avait un club qui voulait me reprendre. C’était juste ça. Mais je rends grâce à Dieu, je me porte bien ici au Qatar. »

Souvent confronté aux grands attaquants, Kara a aussi parlé de ceux qui ont marqué son esprit. « Samuel Eto’o et Didier Drogba. J’ai croisé Samuel contre Anzhi , Didier contre la Cote d’Ivoire. Pour Zlatan Ibrahimovic, c’était face à Manchester. Je ne voulais pas aller en duel avec lui parce que c’est ce qu’il aime le plus. J’essayais d’anticiper les actions pour éviter les contacts. J’avais disputer l’un de mes deux meilleurs matchs face à United. J’ai aussi joué contre le Paris Saint-Germain qui est une équipe qui dispose de grands joueurs comme Mbappé, Neymar etc. »

Son avenir, un retour en Europe, l’échec de ses transferts en Premier League

Âgé de 30 ans, Kara Mbodj pourrait revenir en Europe, où il a explosé entre la Norvège, la Belgique et la France. Mais pour que le Lion revienne, il faudra mettre sur sa table des garanties nécessaires, car, il se plait bien au Qatar, nous dit-il. « Mon retour en Europe dépend des propositions. Le plus important est la stabilité dans sa vie et dans son boulot. J’ai 30 ans et il me reste encore des années dans le football.

Si je trouve une bonne proposition, je reviendrai sans problème. Tout dépendra de l’offre. Si c’est intéressant, pas de soucis. Si je voulais revenir en Europe, ça allait se faire. Mais pour quitter ici, je dois m’en aller dans des conditions claires. Il ne faut pas quitter pour quitter, car, j’ai tout ici. », a rappelé l’ancien défenseur de Diambars Football Club.

Longtemps annoncé en Premier League, Kara n’a jamais disputé une rencontre de ce championnat tant convoité par les footballeurs. Pour lui, tout a basculé à cause de sa blessure au genou. Et le Lion a même révélé qu’il avait effectué des tests médicaux avec des formations anglaises, mais sans suite. « La Premier League, j’ai eu à faire deux visites médicaux dans deux clubs différents. A cause de mon problème au genou, ils n’ont pas pu prendre les risques. Je me souviens qu’il y a deux ans, j’étais à Fulham.

C’est à cause de cette blessure que les choses ne se sont pas bien passées. Mais je rends grâce à Dieu, je joue toujours et je garde comme je le dis, ma foi en Dieu. », renchérit-il qui se souvient de la non opération de son genou. « Le fait de ne pas opérer ma blessure a temps, fait partie de ce qui m’a handicapé. Mon club avait besoin de moi et la sélection avait aussi des enjeux (éliminatoires, CAN et Coupe du Monde). J’ai pris beaucoup de risques et ce sont eux qui m’ont amené à cette situation. Mais Dieu merci, je me sens bien maintenant ».

Pour lui, seul le travail paie comme le dit l’adage. « Que ce soit dans le football ou dans les études, chacun doit savoir que la clef de la réussite est le travail. Seul Dieu est au commande de nos destins. Il ne prime que ceux qui ont foi en lui et qui travaillent pour atteindre leurs objectifs. », conseille-t-il aux jeunes qui lui demandaient quels conseils pouvait-il leur prodiguer.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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