Lions en Club

«Vous voulez gagner, prenez-moi dans l’équipe», Mbaye Niang

Patrice Garande, membre du staff caennais à l’époque, et les éducateurs qui l’ont côtoyé au centre évoquent ce talent précoce qui avait bousculé tous les codes lors de son passage en Normandie.

A deux mois près, il a failli perdre l’un de ses records de précocité. Alors que Johann Lepenant venait de signer professionnel à 16 ans et quatre mois, M’Baye Niang reste toujours le plus jeune joueur de l’histoire du Stade Malherbe à avoir paraphé un contrat « pro ».

Toutefois, entre ces deux espoirs de leur génération respective, la comparaison s’arrête là. Tandis que le Granvillais affiche une poignée d’apparitions en U19, le Franco-sénégalais, au même âge, faisait déjà office de cadre de la réserve (cinq réalisations en 16 rencontres). Surtout, le natif des Mureaux s’apprêtait à effectuer ses grands débuts en Ligue 1 !

« UN PEU À L’IMAGE DE YANN KARAMOH, M’BAYE ÉTAIT HABITÉ D’UNE GRANDE CONFIANCE EN LUI »

La légende raconte que l’actuel attaquant du Stade Rennais a frappé à la porte de Franck Dumas, après une séance, pour lui proposer ses services. « Si vous voulez gagner un match, prenez-moi dans l’équipe », aurait-il lancé à l’entraîneur caennais. Séduit par le culot de cet adolescent à la morphologie d’adulte, l’ex-défenseur de Monaco lui donnera sa chance un soir d’avril 2011 contre Toulouse. Une semaine plus tard, M’Baye Niang fêtait sa première titularisation sur la pelouse de Nice. Il ne faudra attendre que huit jours supplémentaires pour le voir faire trembler les filets, aux dépens de Lens.

Deux autres buts suivront face à Rennes et Marseille jusqu’au terme du championnat. Dans ce sprint final, le futur international des Lions de la Teranga prendra une part active dans le maintien des « Rouge et Bleu ». « C’était un garçon déjà très mature dans son jeu, costaud physiquement qui alliait puissance et vitesse. Et le plus important, c’est qu’il marquait des buts », se rappelle Patrice Garande, n°2 derrière Franck Dumas en 2011. « Un peu à l’image d’un Yann Karamoh, M’Baye était habité d’une grande confiance en lui. On ne tenait pas compte de son âge ». « Dans toutes les catégories par lesquelles il est passé, il a toujours été surclassé », abonde Frank Dechaume, entraîneur adjoint des U19 à l’époque.

Une formation express en étant toujours surclassé

Son aventure avec le Stade Malherbe, M’Baye Niang l’a débutée quatre ans auparavant. Repéré à Poissy en région parisienne, l’ex-Milanais a connu une formation accélérée. « Je ne pense pas qu’un entraîneur peut se prévaloir de l’avoir formé. Qu’est-ce que vous pouviez lui apporter ? Il avait tout. Il savait marquer des deux pieds, prendre le bon espace au bon moment. Il n’y a que son jeu de tête où il était perfectible », détaille Frank Dechaume. En charge des U13 en 2007, Jérôme Leneveu fut le premier éducateur à l’accueillir. « Il était venu faire un essai lors d’un match amical contre Saint-Malo. Au bout de 20′, on l’a sorti. Il avait déjà inscrit quatre buts ! ».

« LORS D’UN ESSAI CONTRE SAINT-MALO EN AMICAL, ON L’A SORTI AU BOUT DE 20. IL AVAIT DÉJÀ INSCRIT QUATRE BUTS »

De ses rares années au centre, ses éducateurs se souviennent d’un joueur « hors normes », au « talent exceptionnel », qui « n’avait peur de rien” mais aussi d’un garçon « attachant », « respectueux », “affectueux” et un brin « têtu ». « C’était un phénomène », surenchérit Jérôme Leneveu. « Et dans un club comme le nôtre, ce n’est pas un mot galvaudé ». D’ailleurs, tous s’accordent pour dire qu’ils l’imaginaient plus haut à ce stade de sa carrière. Pour Patrice Garande, M’Baye Niang possédait une sorte de double personnalité. « Il commettait des bêtises de son âge. J’ai envie de dire que c’est presque normal. Mais c’est vrai qu’en dehors des terrains, il ne faisait pas preuve de toute la rigueur nécessaire qu’il faut pour exercer ce métier ».

Alors qu’il a plus souvent fait l’actualité de la rubrique des faits divers ou de la presse people depuis ses premiers pas dans le monde « pro », M’Baye Niang semble avoir trouvé la stabilité dont il avait besoin avec la nomination de Julien Stéphan à la tête du Stade Rennais (cinq réalisations pour une passe décisive depuis le début de l’année 2019 toutes compétitions confondues). « Il pourrait devenir un joueur encore plus impressionnant », estime Frank Dechaume. Il n’est pas trop tard. Car même s’il a déjà défendu les couleurs de sept clubs dans trois pays différents, M’Baye Niang du haut de ses 24 ans a encore tout l’avenir devant lui.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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