Pourquoi Youssouph Dabo doit bénéficier de la même approbation que Lamine Ndiaye ?

Titulaire de la Licence A UEFA, Youssouph Dabo est privé de s’asseoir sur le banc de Teungueth Football Club logé dans la poule D de la Champions League en compagnie du Zamalek, de du Mouloudia d’Alger, de l’Espérance de Tunis. Une mesure exceptionnelle pourrait bien régler son cas, puisque son compatriote, Lamine Ndiaye, par ailleurs coach de Horoya, vient d’en disposer, a appris la direction de la formation guinéenne qui a accusé réception de la lettre de l’instance dirigeante du football africain.

Champion de Guinée, Lamine Ndiaye avait été privé de diriger le Horoya, suite à la mise en œuvre de la nouvelle règle de la CAF sur la réciprocité des diplômes avec l’UEFA, obligeant les titulaires des Licences européennes dont la Licence A (UEFA) à ne pas pouvoir compétir en tant que coaches titulaires en Champions League et en Coupe des Confédérations Africaines de Football.

Le technicien sénégalais a donc la possibilité de retenter le coup, après avoir soulevé la même compétition avec le Tout Puissant Mazembé en 2010. Une possibilité exceptionnelle que pourrait aussi bénéficier Youssouph Dabo, également titulaire de la Licence A UEFA, mais qui se trouve privé du banc de Teungueth FC. L’on se demande même ce que c’est la Licence A UEFA qui agite le débat depuis quelques semaines ? Ce sésame est une licence d’entraîneur mandatée par l’UEFA qui n’est autre que l’instance dirigeante officielle du football européen à l’image de la Confédération Africaine de Football (CAF) pour l’Afrique.

Certes, ce diplôme est d’un niveau inférieur à la Licence Pro de l’UEFA dont disposent Omar Daf (Sochaux) et Sadio Demba (Al-Oruba), mais il permet à ses titulaires tels que Youssouph Dabo ou Cheikh Guèye ou Lamine Ndiaye d’être coaches principaux des équipes de jeunes jusqu’aux moins de 18 ans comme Abass Ba (Le Havre), d’équipes de réserve (également appelées équipes « B ») pour les clubs de première division (Ndlr : Abass Ba, Le Havre) et de clubs professionnels masculins de deuxième division en Europe. Il donne aussi à son titulaire d’être « Team Manager » comme c’est le cas de Babacar Ndiaye de Leipzig (Ndlr : Bundesliga).

Il s’agit également d’une licence qui a permis à des entraineurs de diriger des équipes professionnelles et des sélections en Afrique à l’image de Lamine Ndiaye qui a eu prendre les rênes du TP Mazembé, après le Conton Sports Football Club de Garoua, le FC Mulhouse, avant qu’il ne dirige la sélection du Sénégal, puis le MAS Fès, l’AC Léopards, Al Hilal et aujourd’hui le Horoya AC.

Oui à la réciprocité, mais avec de l’intelligence

Priver les techniciens africains diplômés en Europe d’officier en Champions League et en Coupe des Confédérations Africaines sous le prétexte d’une valorisation soi-disant des diplômes africains est discriminatoire, puisque des sélectionneurs sortis des mêmes écoles (européennes) qu’eux officient sans problème dans le même continent pour ne pas dire dans les mêmes pays.

L’on se demande même comment cette mesure si caduque a pu faire l’unanimité au sein de la direction de la Confédération Africaine de Football (CAF), au point qu’elle est aussi rapidement devenue applicable et sans gêne. Comme si les acteurs du football ont peur de poser le débat dans les médias et sur les réseaux sociaux pour démonter les irrégularités et les incohérences visibles à travers cette « discrimination positivée ».

La réciprocité dans le cadre du respect des diplômes entre la Confédération Africaine de Football (CAF) et l’Association des Fédérations de Football Européen (UEFA) est un fait réel qui mérite bien un débat approfondi dans les rapports entre l’Afrique et l’Europe. Car, même dans les études, les universités européennes obligent la majorité des étudiants venant d’Afrique à reprendre le Master, sous le prétexte de la valorisation sous-estimée des qualifications africaines. C’est la même erreur que l’UEFA commet avec les diplômes de coaches africains, sous valorisés. Et sur ce, l’on peut être d’avis avec la réciprocité, mais avec un peu plus l’intelligence.

Créer des équivalences au sein des Directions Techniques Nationales pour éliminer la « discrimination »

La CAF a raison de valoriser ses diplômes pour amener l’UEFA à les respecter, afin de mettre plus d’équilibre dans le crédit à accorder au métier du coaching en Afrique. Oui, il est temps que l’Europe donne autant de crédits que l’Afrique ne la lui donne pour le respect mutuel. Mais, est-ce qu’une raison de condamner des africains qui, par manque de formations chez eux, sont partis chercher leurs diplômes bien avant ?

La réponse doit bien évidemment être non, puisque ces gens ont obtenu leurs diplômes bien avant la mise en œuvre de cette mesure qui est à la fois discriminatoire dans la mesure où les sélectionneurs sortis des mêmes écoles officient dans le même continent où les autres qui sont à basse échelle se font priver de leurs métiers après avoir brillé avec leurs clubs.

L’on se souvienne que jusqu’à une époque récente, les africains étaient obligés (pour la majorité) d’aller en Europe passer leurs diplômes parce que la CAF ne tenait pas ses sessions pour les licences les plus élevés. Donc, pourquoi ne pas dire que seuls les entraineurs ayant obtenu leurs diplômes en 2021 sont concernés ? Cela permettra à ceux qui ont eu leurs qualifications avant la mise œuvre de la loi d’être épargnés, puisqu’ils sont victimes de la faillite de la politique de la même instance (CAF).

S’il y avait des sessions régulières pour passer des diplômes de ce degré en Afrique, ces techniciens n’iraient peut-être pas en Europe (disons-le). Où se trouve même la pertinence de cette mesure quand Aliou Cissé (Ndlr : sélectionneur du Sénégal), Djamel Belmadi (Ndlr : Sélectionneur de l’Algérie), Vahid Halilodzic (Ndlr : Sélecyionneur du Maroc), titulaires de diplômes européens, officient dans des compétitions organisées par la même CAF au moment où Lamine Ndiaye (pour ne pas citer Youssouph Dabo ou Cheikh Guèye) n’arrive pas à se faire accréditer la même instance, après avoir gagné cette même Champions League CAF il y a 11 ans avec le TP Mazembé ?

Bon nombre d’amateurs auraient pu être d’accord si la CAF avait au sein des Directions Techniques Nationales, des commissions de validation des équivalences du diplôme UEFA obtenu avant 2021 et appliquait la réciprocité à ceux qui l’ont obtenu à partir cette année. Pourquoi épargner Aliou Cissé, Jamel Belmadi, Vahid Halilhodžić, sortis de l’école de l’UEFA avec les mêmes diplômes ?

La CAF pourrait aussi inclure par exemple le nombre d’années exercées dans le métier et dans le haut niveau des pays où se trouvent les techniciens concernés avec des points à accorder en fonction des résultats obtenus (classement, trophées, titres individuels et qualifications en compétitions africaines par exemple) entre autres.

Et pour être plus bref dans la conclusion, cette mesure devait être applicable à ceux qui ont obtenu leurs diplômes UEFA en 2021 et créer pour eux, en parallèle, des commissions de validation des équivalences (des diplômes) obtenus avant 2021, au sein des Directions Techniques Nationales, sous l’assistance des émissaires accrédités de la CAF.