Youssoupha Dabo où l’incarnation de l’excellence locale en 2019

L’année 2019 a été marquée par une « révolution » dans le football sénégalais, d’où l’accession en finale des sélections dans les différentes Coupes d’Afrique des Nations 2019. Tout comme les hommes d’Aliou Cissé, les Lionceaux ont aussi propulsé le pays d’El Hadji Diouf sur la scène africaine et internationale. Footsenegal.com revient sur les performances de cette équipe avec un focus sur son jeune technicien, Youssoupha Dabo.

Le Sénégal a connu des entraîneurs charismatiques et talentueux, d’où la bonne formation reçue par ses milliers de footballeurs partis du championnat local vers les championnats européens à l’image de Sadio Mané (ex-Génération Foot), Stéphane Badji (ex-Casa Sports), Sidy Sarr (ex-Mbour PC), Gana Gueye (ex-Diambars), Pape Moussa Konaté (ex-Mbour PC), Cheikh Ameth Tidiane Ndoye (ex-Yakaar de Rufisque), Dame Ndoye (ex-Jeanne d’Arc). Et parmi ces techniciens qui ont marqué le football sénégalais, le jeune Youssoupha Dabo, « roi de la sous-région ».  Mais qui est donc Youssoupha Dabo ?

De la banlieue parisienne à Rufisque, l’itinéraire du parcours d’un Lion affamé 

Ancien footballeur prometteur reconverti entraîneur, Youssoupha Dabo a entamé sa carrière d’entraîneur au Red Star, en banlieue parisienne, où il avait tout pour devenir tôt ou tard le coach de l’équipe première qui venait à peine d’accéder en Ligue 2. Challenger, le jeune Dabo dépose ses valises dans un championnat où personne ne le connaissait, la Ligue 1 sénégalaise.

A Guédiawaye, sous la direction du Président Diamil Faye, il montre très vite son approche du football à travers un jeu attrayant et pragmatique. Son équipe se montre joueuse sur le terrain et joue même le titre jusqu’à la fin de la saison. Une fin de saison à laquelle il n’aura finalement pas participé. L’actuel coach de Teungueth Football Club a dû payer les frais de l’appel de son collègue, par ailleurs sélectionneur nationale de l’équipe nationale A, Aliou Cissé.

La Direction Technique Nationale (DTN) lui avait confié la supervision des adversaires du Sénégal, lors de la Coupe d’Afrique des Nations 2017 (Ndlr : Gabon). Une décision qui n’était pas appréciée par le Président Diamil Faye qui l’a remercié aussitôt de son poste d’entraîneur de GFC. Si cette expérience a dû lui coûter chère, il lui a tout de même permis d’exposer son savoir à la DTN qui lui a confié les clefs de la sélection U20 quelques temps après. « Je suis un croyant et il n’y a que de bonnes choses qui m’arrivent. Ça m’a coûte mon poste à Guédiawaye, mais je me suis dit que c’est mon destin. Ce qui est fait fait et c’est comme ça le destin. De toute façon, je ne pense jamais aux choses négatives. J’apprends de ce qui m’arrive et j’avance. », raconte-t–il sur le plateau de la TFM.

Après son limogeage, il débarque au Stade de Mbour, mal en point après des débuts mitigés de Boucounta Cissé (Ndlr : ex-sélectionneur national des U17). Peu après, la formation de la station balnéaire retrouve le milieu du tableau de la Ligue 1 et se positionne en finale de la Coupe de la Ligue et de la Coupe du Sénégal. En fin de saison, il remporte la Coupe de la Ligue, mais perd malheureusement la Coupe du Sénégal. Des performances cumulées avec celles de la sélection nationale U20 qui n’ont pas laissé indifférent le Président de Teungueth FC, par ailleurs chargé de la petite catégorie à la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), Babacar Ndiaye. Il fallait donc attendre la saison 2019-2020 pour voir le jeune technicien déposer ses baluchons à Rufisque.

La sélection U20 : Du risque à la lumière

Finaliste de la Coupe d’Afrique U20 deux fois de suite (Ndlr : 2015 et 2017), l’ancien sélectionneur du Sénégal Joseph Koto avait laissé les Lionceaux dans une dynamique constante. La tâche était plus que lourde pour le jeune Dabo qui venait d’entamer sa carrière de sélectionneur. A peine nommé, il affiche très tôt ses ambitions. L’ancien coach des U19 de Red Star qualifie les Lionceaux en phase finale de la Coupe d’Afrique de sa catégorie devant le Congo et l’Egypte, après des oppositions âprement disputées. A l’aller au Congo, les Lionceaux enregistrent le nul (2-2), avant de dominer le retour à Dakar (3-1). Une montée en puissance confirmée en Egypte, où Ousseynou Niang et ses coéquipiers ont pris le dessus aux tirs au but (6-7), après un match nul dans le temps réglementaire comme à Dakar.

La Coupe d’Afrique, la Coupe UFOA (A et B), les Jeux Africains, la Coupe du Monde

En tant que vice-champion d’Afrique, le Sénégal, malgré une équipe complètement remaniée, se devait de confirmer son statut de leader. Les Lionceaux réalisent un parcours sans faute jusqu’en finale, finalement perdue aux tirs au but devant un Mali. « Je nourris des regrets pour la Coupe d’Afrique des Nations U20 parce qu’on a été jusqu’au bout. Il fallait juste gagner ce match pour remporter le trophée. », a laissé entendre Dabo lors d’une émission télévisée à la TFM.  

Deux fois vainqueur de la Coupe UFOA (B et A), vice-champion d’Afrique et médaillé de bronze aux Jeux Africains, Dabo a pleinement marqué l’année 2019 avec 26 matchs disputés, dont 20 officiels et 6 rencontres amicaux. Parmi ces rencontres, son équipe a remporté 14 victoires, 11 matchs nuls et une défaite enregistrée. Au Mondial, il atteint les quarts de finale, où il se fait finalement éliminé par la Corée.

Si l’attaque a su rester prolifique, la défense n’a pas non plus été défaillante. Youssoupha Badji et ses coéquipiers ont scoré 50 fois tandis que Moussa Ndiaye et autres n’ont concédé que 17 buts. Des chiffres qui reflètent le bon travail de Dabo qui rappelle avec humilité qu’il a pu réaliser ces résultats grâce à son staff à qui il a témoigné toute sa satisfaction. « J’ai avec moi des gens compétents qui font le boulot même si je ne suis pas là. », disait-il à nos confrères.

Lorsqu’on lui demande le poids de son cumul de fonctions de coach de Teungueth FC et de sélectionneur nationale U20, Dabo répond sèchement. « C’est parce que les deux postes me conviennent. Je suis jeune et je suis en apprentissage au poste d’entraîneur. Donc, ce que je fais n’est pas pour l’éternité. Le jour où je sentirai que je ne peux plus cumuler les deux, j’arrêterai. Je suis quelqu’un de très libre. Je ne ferai jamais ce qui ne me convient pas. Je ne suis pas forcé à prendre un club et la sélection. », poursuit-il.

Une chose est sûre, Youssoupha Dabo monte en puissance et est en train de faire son chemin tout doucement et avec beaucoup d’humilité. Il faudra aussi compter sur lui pour l’avenir du football sénégalais tant sur le plan local qu’au niveau international, où il représente dignement l’expertise locale.