Equipe Nationale

Alassane Ndour sur sa reconversion, Eto’o, Bafé Gomis, Marmite du cœur …

La « Génération 2002 » restera à jamais comme l’une des révolutions du football sénégalais. Les résultats jamais réalisés par le Sénégal avait été enregistré par la bande à Aliou Cissé, dont Alassane Ndour était aussi un élément clef, malgré son statut de remplaçant. L’ancien milieu de terrain de l’AS Saint-Etienne est revenu sur sa carrière, dans une interview qu’il nous a accordée.

Les années passent, les générations se succèdent, les records se battent, mais les bons souvenirs restent toujours gravés dans la mémoire des observateurs du football. Entre les années 2000 et aujourd’hui, le Sénégal a connu de nombreux footballeurs. Mais ceux qui attirent toujours l’attention restent ceux de la génération 2002, dont Alassane Ndour fait partie. L’ancien international sénégalais a largement parlé de sa reconversion, de ses projets avec une analyse réelle de la situation actuelle du football sénégalais.

Meilleur souvenir, ses débuts à Saint-Etienne …

Passé par Yeggo, Alassane Ndour a fait ses débuts professionnels en France, sous les couleurs de l’AS Saint-Etienne, club avec lequel il a remporté la Coupe Gambardella en 98, en inauguration du Stade de France devant abriter la Coupe du Monde. Aurait-il pu croire à celui qui lui aurait dit que 4 ans plus tard, il se retrouverait en Coupe du Monde, lui, le jeune milieu de terrain au pied gauche, capable de jouer comme arrière droit ? La réponse pourrait à la fois être positive et négative. « Mon meilleur souvenir dans le football reste la Coupe du Monde. Imaginez, j’étais à Saint-Etienne et en 1998. J’avais joué la finale de la Coupe Gambardella avec Pape Thiaw, Frederic Mendy, Julien Sablé face au PSG et on l’avait remporté. Je fais partie de ceux qui ont inauguré le Stade de France qui avait été construit pour la Coupe du Monde.

Quelques années après, je joue le Mondial. C’est extraordinaire. Jouer cette compétition est quelque chose de grand. Il y a eu de grands joueurs à l’image de Gorges Weah qui est un Ballon d’Or, Jules Bocandé et Omar Guèye Sène qui étaient d’énormes joueurs mais qui n’ont pas eu la chance de la disputer. Pour moi, c’est une grande chance que j’ai eue avec les gens de ma génération. Fouler la pelouse, surtout lors de mon premier match face à l’Uruguay était quelque chose de spéciale. C’est un moment gravé dans ma tête. C’est inoubliable », se souvient Alassane qui n’a plus ses dreadlocks qui décoraient sa tête à cette époque.

Sa reconversion, Eto’o, Bafé Gomis, Moustapha Dieng, Marmite du cœur …

Footballeur exemplaire reconvertie manager dans bon nombre de domaines, Alassane Ndour jouit d’une certaine bonne image auprès de ses anciens coéquipiers et adversaires. Lors de notre entretien Live Instagram, l’ancien Ballon d’Or, vainqueur de la Champions League, de la Liga ou encore de la Copa del Rey, Samuel Eto’o, a tenu à témoigner sur son ami. Alassane, tu es une bonne personne. Tu montres toujours l’exemple et la jeunesse africaine a besoin de gens comme toi. Bonne continuation. », a commenté l’ancien capitaine du Cameroun avec qui le sénégalais collabore dans beaucoup de projets, nous révèle-t-il.

Un témoignage du lion indomptable qui rejoint celui du franco-sénégalais Bafetimbi Gomis, passé par Saint-Etienne et Troyes, deux clubs dans lesquels il a joué avec l’ancien milieu de terrain des Lions. « Bafétimbi Gomis est un petit frère, un vrai ami. Il a beaucoup de respect pour moi et je le lui rends bien moi-aussi. Il a récemment fait un don pour Marmite du cœur et je suis fier de lui. Samuel (Et’oo) a mis la photo de mon papa en statut pendant plus de deux semaines, après le rappel à Dieu de ce dernier, en guise de soutien moral. Cela montre l’amitié qui nous lie, et je ne regrette pas ma collaboration avec lui. », révèle-t-il.

Récemment dans la gestion de Niarry Tally, Ndour s’occupe désormais de ses activités personnels et collabore désormais avec des stars comme Samuel Eto’o ou encore le promoteur et ancien musicien du groupe « Da Brains », Moustapha Gningue.  L’on se demande ce qu’est devenu l’ancien milieu de terrain des verts ? « Oui, je peux dire que je suis agent de joueurs”, répond-il à un follower.

Je bosse aussi dans le marketing avec certains sportifs comme Samuel Eto’o avec qui j’ai sillonné l’Afrique de l’Ouest et beaucoup de partie du monde. Il fait savoir que Samuel est un homme de bien et on a des projets qui marchent bien. Et je suis très content de ma collaboration avec lui. C’est une fierté de travailler avec lui qui a toujours l’Afrique dans son cœur. J’avais une école maternelle qui vient de fermer ses portes il n’y a pas longtemps. Il y a aussi « Marmite du cœur » (Ndlr : une fondation) qui est très important dans ma vie, vu le contexte actuel surtout. », a fait savoir Alassane.

Mais comment va fonctionner son association qui aide les populations depuis une dizaine d’années à travers le Sénégal ? «On va changer le format avec Moustapha Dieng qui est mon collègue depuis plusieurs années. C’est un projet qui date de 11 ans. Pendant toute cette période, on a constaté qu’on a rendu des gens heureux.

Et vu qu’on satisfait des gens qui s’estiment heureux grâce à nos activités, je suis comblé. », renchérit Ndour qui salue également sa collaboration avec l’ex-rappeur de « Da Brains ». Moustapha (Gningue) évoluait dans la musique. Deux milieux (football et musique) qui se côtoient et qui se complètent. On s’entend bien et on va essayer de distribuer du « Ndogou » (Ndlr : rupture de jeûne) via des dons alimentaires à attribuer aux « Daaras » (Ndlr écoles coraniques ou franco-arabes). On est en train de recenser et on est à presque 300 « daaras » entre Dakar et environs. On sera accompagné par nos sponsors.

Vous savez, on ne cautionne pas la mendicité. Elle doit disparaître du paysage sénégalais. Et on sait que ces gens vivent dans une extrême précarité. Donc, il faut les aider. Mais pour lutter contre cela en cette période difficile, il faut aller dans l’action. On essaie de nous connecter avec les Maires des différentes localités ciblées pour qu’ils nous aident dans le recensement entre autres. Je suis un « Baay Faal » et je n’ai pas besoin de le montrer à la télé.

Le plus important, c’est d’aider. Des fois, ce sont les sponsors qui nous aident qui amènent à ce que les choses soient publiques parce qu’ils besoin de montrer les bienfaits qu’ils mènent pour influencer d’autres bonnes volontés à en faire de même. Sinon, je suis déjà connu et je n’ai pas besoin de rendre public ce que je fais.  

D’ailleurs, « Marmite du cœur » à inspirer beaucoup de gens qui s’engagent aujourd’hui dans le Ramadan. On prône plus pour l’action en avant. Par contre, le fait que la circulation soit interdite va nous empêcher d’aller dans les régions. Mais on essaiera de faire de notre mieux ici, à Dakar et dans la banlieue comme les daaras aux Parcelles Assainies et même à Liberté VI où j’habite, il y a un Daara. », poursuit Ndour.

Joueur qui m’a impressionné ?

Certes, l’ancien joueur de Yeggo Foot n’était pas un titulaire indiscutable du dispositif de Bruno Metsu, mais il avait marqué de son empreinte la belle prestation des Lions du Sénégal lors de la Coupe du Monde 2002. Alassane Ndour, puis que c’est de lui qu’il s’agit, est revenu sur son premier match à la grand-messe du football mondial (Ndlr : Coupe du monde Corée et Japon), face à l’Uruguay (3-3).

Pour lui : «El Hadji Diouf était un très bon joueur, un génie », dit-il. «Même pendant nos matchs de gala, on sent c’est un crack quand il touche le ballon. Il y a d’autres qui étaient de très bons aussi dans notre génération comme Fadiga. Salif Diao et Aliou Cissé étaient aussi de vrais guerriers, des âmes pour l’équipe. On avait de très bons joueurs, honnêtement. », a rappelé l’ancien milieu de terrain de Saint-Etienne qui a fêtait sa première rencontre à la grand-messe du football mondial face à l’Uruguay.

L’on se demande même pourquoi Alassane Ndour attribue-t-il le match nul (3-3) à son ancien coéquipier Lamine Diatta. Le Sénégal venait de battre (0-1) la France en ouverture, avant d’enregistrer son premier match nul (1-1) face au Danemark. Il fallait se passer des uruguayens pour retrouver le deuxième tour.

El Hadj Diouf se fait faucher en pleine surface de réparation et Khaliou Fadiga ouvre la marque à la 19′ minute sur penalty, avant que Papa Bouba Diop ne signe son doublé (26′) et (37′), soit son deuxième et son troisième but de la compétition après celui de la victoire face aux champions du Monde en titre. 

Au retour des vestiaires, Chengue Morales (46′) et Diego Forlan (70′) redonnent de la confiance à « la céleste », avant que l’intenable ancien meneur de jeu de l’inter Milan, Alvaro Recoba (88′) sur penalty, ne signe l’égalisation (3-3), retranchant le Sénégal dans sa zone.

Les chances du Sénégal de connaître la même situation que les nombreuses sélections africaines prématurément éliminées se profilent au fil des minutes. Il fallait attendre la fin de la rencontre pour voir Lamine Diatta sortir le grand jeu. Le défenseur central des Lions sort sur la ligne de but, la balle du match des uruguayens.

Un sauvetage qui a non seulement augmenté les chances du Sénégal de poursuivre la compétition, mais a marqué les esprits, dont celui d’Alassane Ndour. « C’est Lamine (Diatta) qui a gagné le match. Après le coup de sifflet finale, je me suis dirigé direct vers lui. C’est un très bon défenseur. », a révélé Alassane Ndour. 

«J’ai un frère qui me disait que c’est depuis ce jour-là qu’il ne garde plus rien contre Diatta. Il dit lui pardonner tout ce qu’il fera comme erreur dans la vie. Ce qui est impressionnant, c’est qu’il a sauvé le match à la dernière minute. Lamine était un battant et il ne lâchait pas. », nous rappelle l’ancien joueur de West Bromwich Albion (Ndlr : Angleterre).

Pour Ndour, la force de sa génération se trouve dans l’engagement et dans l’envie de se surpasser. « On avait des joueurs très engagés en 2002. A la fin de la mi-temps, on s’était pris avec les uruguayens parce que El Hadj avait réussi à les déstabiliser et cela ne les plaisait pas. On s’était battus dans les vestiaires. Mais Bruno Metsu nous avez avertis que les uruguayens allaient revenir avec un autre visage.

Comme s’il le savait bien. On était à trois buts à zéro. Au retour, ils ont réussi à égaliser. Je craignais qu’ils nous battent s’il y avait 5 minutes de plus après le temps additionnel. », rajoute Ndour qui se souvient de ses larmes lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations 2002. « J’étais jeune et j’étais confiant. Je ne pensais pas que le Cameroun pouvait nous battre. », dit-il.

Dans le match, je ne pensais pas que les camerounais allaient y arriver. Quand les tirs au but étaient actés, je me suis dit qu’on pouvait y arriver. Malheureusement, on perd et cela m’avait fait très mal. J’étais très jeune à l’époque. Et c’est ce qui m’a fait pleurer ».

Sa titularisation face à Uruguay

Remplaçant lors de la Coupe d’Afrique 2002 au Mali, l’ancien vert a été surpris par le sélectionneur des Lions de l’époque (Bruno Metsu) qui l’a titularisé dans l’entrejeu. A côté de Kalilou Fadiga et de Papa Bouba Diop, Alassane Ndour avait démontré tout le bien que le technicien français attendait de lui.

« Le coach nous faisait tous confiance, et il y avait une solidarité qui faisait que personne parmi nous ne se sentait remplaçant dans l’équipe. On était toujours prêts à entrer en jeu. Même si on n’était pas contents d’être sur le banc, on se tenait toujours prêts à entrer à chaque fois qu’on faisait appel à un d’entre nous. Je n’étais pas dans les plans du coach. », révèle-t-il, avant de nous expliquer comment il a séduit Bruno Metsu à la titulariser.

« La veille de l’entraînement du match face à l’Uruguay, je me donnais à fond et j’étais très motivé lors d’une opposition entre l’équipe type et celle des remplaçants. Le coach appelle Amara Traoré à la fin de l’entrainement et lui parle, avant de venir me dire qu’il me trouve bon et qu’il me sent prêt, donc, je serai sur le terrain », révèle « Alou ».

Bagarre Aliou Cissé – Khalilou Fadiga, l’engagement…

Les internationaux sénégalais sous Bruno Metsu n’étaient pas aussi considérés comme de super stars. Mais une fois en sélection, Ndour et ses coéquipiers se donnaient comme de vrais Lions. Mais quelles étaient les vraies forces de la bande à Aliou Cissé.

« La motivation et l’engagement des uns et des autres m’ont beaucoup marqué. Il y a des joueurs qui ne jouaient pas comme Makhtar Ndiaye, Souleymane Camara, Amdy Faye mais qui étaient d’un niveau très élevé. C’est pourquoi les entraînements étaient de très haut niveau. Je me souviens d’un match contre la Zambie, où je jouais comme arrière gauche.

A la fin de la rencontre, deux joueurs se sont battus et c’était une chose qui a retenu mon attention. », a fait savoir Ndour qui regrette la concentration de ses « petits frères », vaincus lors de la finale de la dernière Coupe d’Afrique des Nations en Egypte.

«S’il y avait un joueur comme Aliou Cissé lors de la finale de la Coupe d’Afrique 2020, on allait certainement gagner. En 2002, on n’a certes pas gagné, mais on avait une génération qui était collective et qui était très concentrée pendant les matchs. Pourquoi je parle d’Aliou Cissé ? C’est que lui, il est capable de se concentrer de la première seconde à la quatre-vingt dixième minutes de jeu.

La génération actuelle a de nombreuses individualités, mais il faut savoir qu’elle commence à gagner en maturité. On espère que la finale perdue, la fois passée contre l’Algérie leur servira de leçon et qu’elle ira chercher le trophée, la prochaine fois. Il y a de très bons joueurs dans cette équipe et on doit continuer à les soutenir ».

Son transfert avorté à West Ham, Pape Diouf …

La carrière d’Alassane Ndour était partie pour être l’une des plus belles. A ses côtés, le regretté grand agent de joueurs, par ailleurs ancien Président de Marseille Pape Diouf, le Lion a connu une bonne première saison en pro, avant que la carrière ne soit plombé de blessures à répétition. Le Lion aurait pu porter les couleurs des Hammers. Une drôle d’histoire qui a mal tournée à la toute dernière minute.

« J’étais sous contrat avec Saint Etienne et le club ne voulait pas que je parte, surtout le coach Frederic Antonetti. J’ai eu des difficultés avec lui et j’ai fait l’objet d’un prêt après. Je devais signer à West Ham et je me suis retrouvé avec Pape Diouf à Londres. Le jour de notre arrivée, le coach de l’époque se fait virer et on reste sans nouvelles. C’est ce qui m’a amené à West Bromwich Albion avec qui j’ai validé la montée en Premier League. J’avais fait une bonne saison. Mais comme j’étais en prêt sans option d’achat, je devais revenir à Saint-Etienne.

A mon retour, les supporters avaient mis de la pression sur l’équipe. Antonetti avait été démis de ses fonctions d’entraineur et il avait été remplacé par Elie Baup. Je n’avais pas la garantie de bien m’entendre avec les gens et il fallait que je parte. J’avais donc eu l’opportunité d’aller à Nantes, où on me voulait.

Les discussions étaient très avancées avec mon agent, en la personne de Pape Diouf avec qui j’avais signé depuis très jeune. Il faut savoir Pape était comme un père, un grand frère et il jouait bien son rôle. Il a entamé le dialogue avec les dirigeants des deux camps, mais Saint-Etienne était opposé à mon départ. C’est comme ça que je me suis retrouvé à Troyes, où le Président qui était une connaissance, m’a appelé. Il m’a expliqué le projet et m’a fait comprendre qu’il me voulait. »

El Hadj Diouf, Sadio Mané, Jules François Bocandé…

Qualifié de formateur, le Sénégal ne cesse de produire des footballeurs d’exception. «Il y a trois grands joueurs dont je retiendrai les noms. Il s’agit de Jules Bocandé, El Hadj Diouf et Sadio Mané. Sur le plan international avec toutes les compétitions auxquelles il participe avec Liverpool, c’est énorme.

Sadio nous rend très fiers. Il fait de bonnes prestations et il va aller loin. El Hadj (Diouf) ? (Il rit) C’est un très grand joueur, un génie. Il a fait ce que personne n’avait fait avec la sélection et nous a amené loin. Jules Bocandé, lui, aucun sénégalais n’avait réalisé les performances qu’il avait enregistré sur le plan international à son époque.

Tout dépend du domaine dans lequel vous voulez les comparez, mais chacun d’eux a fait ce qu’il avait à faire. Aujourd’hui, Sadio Mané nous rend fiers. Et ce sont tous des fiertés pour notre pays », a conclu Alassane Ndour.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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