Pourquoi Linguère et Génération Foot doivent-elles porter plainte contre Watford ?

Au Sénégal, le lutteur Mohammed Ndao Tyson parlait du sport business dans les années 2000. Mais la figure de proue de la « génération boul faalé » semblait incomprise par bon nombre d’amateurs et d’acteurs même du sport en général. L’avenir lui donne raison quant on se réfère à la réalité actuelle du football, les transferts de joueurs sénégalais notamment.

Le football est parti du simple jeu à une affaire de business. Le spectacle dans les stades que nous montre la télévision n’est que la face cachée de l’iceberg. Derrière les écrans se jouent des centaines de millions de francs, négociés entre dirigeants et agents, après chaque transfert. Au centre des polémiques cette semaine, le non-versement par Watfortd, des indemnités de formation du sénégalais Ismaila Sarr, à ses clubs formateurs.

Parti très jeune de la Linguère de Saint Louis pour Génération Foot (Ndlr : Ligue 1 / Sénégal), Ismaila Sarr a été transféré (Ndlr : 30 millions d’euros pour 4 ans) en début de saison à Watford Football Club (Ndrl : Premier League / Angleterre), en provenance du Stade Rennais (Ndlr : Ligue 1 / France). Un transfert qui commence à créer de vives polémiques par rapports aux indemnités de formations, réclamées par ses deux clubs formateurs.

Des débuts mitigés à son ascension fulgurante, notamment son doublé face à Liverpool, l’ancien joueur de la Linguère et de Génération Foot, dont les indemnités de formation sont réclamées par ses clubs formateurs, a marqué six (6) buts et délivré quatre (4) passes décisives en 21 rencontres, soit sur un total de 1.327 minutes dans les jambes, en toutes compétitions confondues. De quoi forcer le respect des supporters et du staff technique des jaunes et noirs.

Par contre, « c’est un manque de respect de la part de Watford. », a fait savoir à travers la BBC, le Président de Génération Foot, Mady Touré. Ils nous ont promis une certaine somme d’argent, répartis en cinq versements. Depuis janvier, nous avons envoyé plusieurs courriels sans aucune réponse de leur part. Ils ont également envoyé un ordre de virement à mon collègue président de la Linguère Saint-Louis et depuis lors, il n’a rien reçu. », pouvait-on lire.

Après donc le marché du pétrole, du gaz, du fer, de l’or ou de certaines ressources du sous-sol, le football se place comme l’un des milieux le plus lucratif et attractif dans le monde du business. Détenant des budgets qui peuvent talonner ceux de certains Etats du « tiers monde », des écuries du football comme le Real Madrid bénéficient souvent de la formation des clubs « méconnus » qui leur livrent des pépites qui leur font gagner des trophées qui leurs rapportent des dizaines de milliards et qu’ils finissent parfois par les revendre à coût de milliards sans la moindre redevance.

Les clubs africains ont toujours fait face à ces genres de situations, malgré les textes et les lois établis par l’instance dirigeante du football mondial (FIFA) qui, pour mieux lutter contre l’injustice économique, avait décidé en 2001, de mettre sur pied certaines mesures juridiques permettant aux clubs formateurs de toucher des indemnités en cas de transferts internationaux de leurs anciens joueurs, au prorata de leur présence entre 12 et 23 ans et du montant des transferts.

L’on se souvient de l’année 2019, où le Sporting Clube de Lisboa (Portugal) avait touché 2,35 millions d’euros, grâce au mécanisme de solidarité lors du transfert de son prodige portugais, Cristiano Ronaldo, parti de Manchester United au Real Madrid en 2009. Il est donc connu des textes (de la FIFA), ce qu’on peut appeler l’indemnité de préformation. Celle-ci est destinée au (x) club(s) du joueur pendant les quatre saisons précédant son départ pour un club pro (8000 € au total). Il est suivi de l’indemnité de formation. Elle intervient quand un joueur devient pro à l’étranger ou est transféré à l’étranger avant ses 23 ans.

Les clubs concernés touchent 10000 € par année de formation entre 12 et 15 ans, puis de 10 à 90000 € entre 16 et 21 ans selon la catégorie du club formateur. D’où la question posée la semaine dernière par Foot Sénégal, sur comment s’applique les mécanismes de solidarités au niveau football local sénégalais, à travers les clubs ?

En effet, celles-ci s’appliquent quand un joueur pro, sans limite d’âge requis, est transféré d’un pays à un autre. Les clubs impliqués dans la formation touchent environ 0,25% du montant du transfert par année de formation entre 12 et 15 ans, et 0,5% de 16 à 23 ans. Les clubs pros ont trente jours, à compter de la signature du contrat, pour rétribuer les clubs formateurs, qui ont, eux, dix-huit mois pour demander leur indemnisation.

L’indemnité d’Ismaila Sarr n’a toujours donc pas été versée à ses clubs formateurs, d’où la colère de Mady Touré, fin connaisseur du milieu pour avoir géré de grands noms du football africains tels que Papiss Demba Cissé, Babacar Guèye, Diafra Sakho, Fallou Diagne ou encore Sadio Mané. Le jeune dirigeant sénégalais n’hésiterait pas selon les informations du média britannique, à déposer une lettre auprès de la FIFA via le département TMS (Transfer Matching System).

La somme réclamée à Watford s’élèverait selon nos confrères de BBC, à hauteur 368.165.800,80 francs CFA, soit 525 000 €, environ 462 000 £. Une solution pourrait même être trouvée si on se fie aux explications de Touré. « Le club a tenté de payer l’une des parties pendant des mois mais a été confronté à des problèmes de coordonnées bancaires insuffisantes.

Il y a un contact direct et régulier avec l’autre partie en vue d’une résolution imminente », rajoute-t-il. Un pactole qui pourrait bien aider les clubs sénégalais concernés qui font face à la situation de crise économique provoquée par la montée spectaculaire de la propagation du coronavirus dans le pays, mettant aux arrêts le football dans toute l’étendue du territoire national jusqu’à nouvelle ordre.