Bruno Metsu, raconté par Henri Camara et El Hadj Diouf

Certes, le Sénégal n’a pas encore soulevé une coupe d’Afrique, mais il a écrit l’une des plus belles pages du football africain sur le plan international. L’année 2002 restera la plus aboutie du pays de Jules François Bocandé, par ailleurs assistant de la légende Bruno Metsu. Mais qui était ce dernier, artisan de la belle épopée des Lions de la génération dorée de 2002 ?

Il s’agit d’un poste dont les paramètres sont bien spécifiques pour la bâtir une cohésion au sein de son équipe. Pour réussir sa mission, un entraîneur doit chercher à bien connaître le passé sportif et la vie actuelle de ses collaborateurs et de ses footballeurs, à savoir comment adapter le comportement des uns à celui des autres pour mieux trouver de l’équilibre dans la vie du groupe et aller à la conquête des performances.

Des qualités que dégageait l’ancien sélectionneur national du Sénégal, Bruno Metsu. Finaliste de la Coupe d’Afrique 2002 et quart de finale de la Coupe du Monde la même année, le français est jusque-là resté celui qui a su révolutionné le football sénégalais. Mais qui étaient Metsu ?

Qui connait Bruno Metsu mieux que El Hadj Diouf et Henri Camara ? Ces deux Lions qui ont survoller les éliminatoires de la Coupe du Monde 2002 avec l’ancien ailier du Racing Club de Lens qui avait inscrit 9 des 14 buts du Sénégal. Attaquant vedette de la génération dorée des Lions, El Hadji fut l’un des footballeurs le plus proche du technicien français.

D’après lui, Bruno maîtrisait bien le groupe qu’il avait à sa disposition et savait tirer le meilleur de chacun de ses hommes, disait-il dans les colonnes de l’Equipe. « Un joueur qui a du caractère, qui veut gagner et marquer l’histoire de son pays a besoin d’un entraîneur qui ne pense qu’à la gagne. Et ça, c’était Bruno Metsu. Bruno était un gagneur, qui aimait son équipe, qui aimait ses joueurs et qui aimait notre pays. C’était le plus important. », rappelé Diouf.

Rappelé à Dieu le 14 Octobre 2013, l’ancien sélectionneur des Lions a laissé derrière lui trois enfants et une femme. Cette dernière, devenue par la suite l’épouse du double champion d’Afrique Hervé Renard vit entre les Emirats, Dakar et Saly, où vit paisiblement sa famille. Le parcours de Metsu aura marqué les esprits des fans, mais surtout ceux de ses joueurs dont Henri Camara. L’ancien joueur du Jaraaf est revenu en France, à la demande de son mentor d’alors en sélection.

« J’ai été recommandé à Sédan par Bruno Metsu. Cette équipe m’a beaucoup marqué. Ce n’était pas évident de prendre ses marques dans le championnat français. Je suis passé du milieu offensif de gauche à droit, avant de finir en pointe.

Quand j’ai commencé à marquer des buts, on m’a laissé à ce poste. C’est là-bas que j’ai acquis mes qualités de buteur. Et j’avais marqué plus de 14 buts lors de la saison 2004-2015. », nous révélait dans les colonnes de l’Observateur, l’ancien buteur de Southampton FC et de Celtic Galsgow.

La date du 14 Octobre 2013 a touché plus d’un. Le Sénégal a dû accusé le coup dur, mais supporter le vide laissé par Bruno, le révolutionnaire. Et Henri n’a pas oublié le rôle de celui qui lui a fait signer son retour dans l’élite française.

« Je perds mes mots, je suis sous le choc. Je ne l’oublierai jamais de ma vie, et je pense parler pour tous les sénégalais. Il savait parler aux joueurs pendant les moments difficiles, il savait trouver les mots pour les motiver. », soulignait Henri dans les colonnes de l’Equipe.

Après la Coupe du monde, il m’a appelé pour tout simplement me dire : « merci », pour ce que j’avais apporté à l’équipe. Mais c’est lui qui a beaucoup apporté au football africain. C’était un homme fort et tellement gentil. », rajoute-t-il.

Français naturalisé sénégalais, Metsu repose désormais au cimetière à Dakar, sa ville d’adoption. Bruno aimait le Sénégal. Il a appris notre culture, il s’est mêlé à notre culture et a demandé avant sa mort d’être enterré dans notre pays […] Il s’est adapté à notre culture.

Ce fut le problème de son successeur, Guy Stéphan. Lui est arrivé en voulant nous changer. Il ne comprenait pas l’Afrique, il ne savait pas comment on vivait en Afrique et cela lui a causé du tort.

Cela ne veut pas dire que c’était un mauvais entraîneur. », rajoute l’ancien attaquant de Lens qui rappelle que le successeur de l‘ancien coach de Sédan, par ailleurs actuel assistant de Didier Deschamps était le contraire de l’ancien coach de Lille et de Sédan.

Qui pourrait dire que Guy Stéphan ne connaît pas le football ? Mais on ne fonctionne pas en équipe nationale du Sénégal comme on fonctionne avec Lens ou Liverpool. Quand on vient ici, on peut être exigeant, il faut être exigeant, mais il faut aussi se soumettre aux exigences de l’Afrique et de sa culture. L’Afrique a ses vérités. Bruno avait tout de suite compris cela. », renchérit El Hadj Diouf.

« J’ai encore en mémoire le match contre le Maroc qu’on devait impérativement gagner à Dakar pour poursuivre le rêve de qualification au Mondial. Diouf et moi devant attendre dans l’axe du but, pour ensuite plonger pour Diouf au premier poteau, et le second poteau pour Camara. », se souvenait Camara dans les colonnes de l’Agence de Presse du Sénégal.

Nous n’avons fait que traduire sur le terrain ce que Bruno (Bruno Metsu) a travaillé pendant toute la semaine. En plus de nous pousser à donner le meilleur de nous-mêmes, toute la préparation s’est basé sur la stratégie à utiliser pour gagner », concluait-t-il.

La victoire (0-1) du Sénégal face à la France au Mondial 2002 restera l’une des plus grandes réussites de Metsu sur le banc du Sénégal. Mais comment le technicien a réussi à déjouer les plans de son propre pays ? El-Hadj Diouf nous raconte dans l’émission « Team Duga » de RMC qu’au contraire des français, les sénégalais préparaient de match depuis bien longtemps.

« Henri Camara a été prévenu six mois avant qu’il ne jouerait pas le match inaugural ». Le regretté Bruno Metsu avait titularisé à la place du joueur sénégalais le plus prolifique de l’époque N’Diaye avec un objectif très simple, bloquer les couloirs. « Si Lizarazu centre trois fois, tu sors », lui avait dit Metsu, explique Diouf.