Bundesliga : Schalke 04, c’est quoi le problème ?

Incapable de remporter la moindre rencontre depuis onze journées, pire équipe de Bundesliga depuis le début de la phase retour, Schalke 04 traverse une période très compliquée. Sur et en dehors du terrain.

Onze matches de rang sans victoire, pire série du club depuis la saison 1996-1997, dix buts encaissés en quatre journées depuis la reprises… Autant de chiffres accablants dont les conséquences tiennent en quelques mots : depuis le début de la phase retour, la plus mauvaise équipe de Bundesliga se trouve bien dans la Ruhr. Si le classement du Championnat d’Allemagne ne prenait en compte que les résultats enregistrés depuis la trêve hivernale, Schalke 04 occuperait en effet la dernière place. Une très mauvaise passe qui tient à au moins trois facteurs.

Wagner, un coaching en question

Vendredi 17 janvier 2020. Alors cinquième, le Schalke de David Wagner prend le meilleur sur le Borussia Mönchengladbach, deuxième à l’époque. À ce moment-là, les deux équipes sont perçues comme des outsiders dans la course à la Ligue des champions. Problème, si le Borussia a par la suite tenu son rang, les pensionnaires de la Veltins-Arena n’ont de leur côté plus enregistré un seul succès depuis, dégringolant à la 10e place. Et s’il est toujours facile d’incriminer un entraîneur au moment d’expliquer une série de mauvais résultats, celui qui dirige les Knappen depuis cet été n’est pas exempt de tout reproche. Car s’il semblait à ce moment-là de la saison avoir trouvé la recette en faisant évoluer son équipe dans un 4-4-2 la plupart du temps, l’Américain semble désormais avoir perdu de son fluide. Oscillant entre 3-4-3 et 4-2-3-1 ces dernières semaines, ses onze de départ suscitent actuellement des interrogations. Dernier exemple en date ? Face au Werder, pourtant 17e du Championnat, le technicien a fait le choix de débuter la rencontre sans véritable numéro 9, laissant le seul Michael Gregoritsch – deuxième attaquant de formation – se débrouiller tout seul au milieu de la défense de Brême.

Nübel destitué, placé sur le banc puis… relancé

Mais par-delà certains choix tactiques, c’est également le management de Wagner qui pose question. Et cette fois, c’est au poste de gardien de but que le bât a notamment pu blesser. Quelques jours après avoir annoncé sa décision de rejoindre le Bayern Munich la saison prochaine, Alexander Nübel, le jeune portier (23 ans) de Schalke s’est en effet vu destituer de son rôle de capitaine. Pour mieux être placé sur le banc de touche quelques semaines plus tard. Le tout avant de finalement être relancé le week-end dernier, face au Werder. À l’heure du bilan, difficile de considérer que Schalke aurait fait moins bien avec celui dont le Bayern s’est attaché les services «gratuitement» (le gardien était en fin de contrat) pour cinq ans cet hiver.

Une défense en proie aux erreurs

De l’aveu même de son entraîneur, le club de la Ruhr commet actuellement beaucoup trop d’erreurs. À l’issue de la défaite concédée par les siens sur leur pelouse face à Augsbourg (0-3, le 24 mai dernier), Wagner résumait la situation sans prendre de pincettes : «Nous avons des soucis individuels flagrants. Nous faisons des erreurs et on prend des buts derrière.» Une affirmation difficilement contestable au regard des maladresses ayant conduit à un but récemment commis par Salif Sané (face à Augsbourg) et Jean-Clair Todibo (samedi dernier, face au Werder). Une affirmation qu’il convient néanmoins de nuancer légèrement. Car si Todibo aurait certainement pu enchaîner un peu plus vite à la 32e minute de la rencontre entre les siens et le Werder, celui qui est prêté par le FC Barcelone a perdu le ballon à… 50 mètres de son but. La suite ? Un mélange d’apathie collective et de transition défensive ratée. En somme, si les individualités défensives de Schalke se sont trop souvent mises à la faute ces dernières semaines, force est de constater que le contexte dans lequel elles évoluent actuellement contribue à en alourdir les conséquences.

Une institution ébranlée

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la démission de Christian Heidel a révélé au grand jour un autre état de fait : le climat ambiant n’est pas forcément propice à la performance de haut niveau. Si celui qui exerçait les fonctions de directeur sportif depuis le printemps 2016 a très vite été remplacé, s’il faudra attendre pour juger les premiers pas de Jochen Schneider dans le costume, ce renoncement s’inscrit dans un contexte tendu entre les fans et l’actuelle direction. Ainsi, en pleine crise du Covid-19, les abonnés se sont vu demander de ne pas réclamer le remboursement de leur abonnement contre… la promesse de se voir remettre une édition spéciale du maillot actuellement porté par les joueurs.

Le communiqué du club indiquait aux fans du club que «chaque renonciation individuelle (était) une immense contribution à la stabilité financière et à la pérennité de l’association». Une communication jugée (au mieux) malvenue par de nombreux supporters de Schalke. D’autant plus qu’en sus de cet effort demandé à la fan base, nombre de salariés du club ont été placé au chômage partiel durant la crise. Des choix stratégiques qui interpellent alors que, dans son rapport sur la valorisation des plus grand clubs européens publié à la fin du mois dernier, KPMG indiquait que la compagnie «S04» pesait 814 millions d’euros et était en ce sens le 15e club de le plus riche du monde.