Equipe Nationale

Chérif Sadio : « Aliou Cissé a un serieux problème de casting dans ses choix »

Responsable du développement du Casa Sports (Ndlr : Club de football de Ligue 1 au Sénégal), également à la tête de Casa Sports TV, Chérif Sadio, reporter sportif indépendant, par ailleurs étudiant à la recherche en Littérature lusophone d’Afrique à Sorbonne-Université (France), s’est exprimé à notre micro où il est revenu sur les différentes rencontres des Lions avec l’actualité de quelques joueurs ciblés par Cissé dont il a décortiqué les failles tactiques.

Dans cette interview, Alkalo comme l’appellent les intimes, nous donne son avis sur la sélection nationale du Sénégal, sur les choix tactiques de son sélectionneur, sur le jeu des Lions et sur le développement du football local et bien évidemment sur d’autres questions.

Comment voyez-vous les différentes sorties récentes des Lions du Sénégal ?

Le Sénégal a un effectif qui peut lui permettre d’évoluer dans plusieurs systèmes de jeu, mais tout dépend de ce que veut mettre en place son sélectionneur. Lors des derniers matchs, on a constaté un changement de système mais avec un problème de casting au niveau du milieu de terrain, où les choix me semblent un peu confus.

« Face au Togo, je me demandais comment Aliou Cissé a pu penser un instant, à faire jouer Pape Matar Sarr, milieu central de prédilection au poste d’ailier alors qu’il avait Ismaila Sarr et Sadio Mané, deux des meilleurs ailiers de Premier League, dans son onze de départ. Ce n’était tactiquement pas cohérent et c’était très mal inspiré ».

C’est une erreur que Cissé continue de répéter, mais avec des joueurs différents. La même chose a eu lieu avec Krepin Diatta qui, une fois au poste de meneur de jeu, se retrouve très bas pour chercher le ballon. Ce qui permet souvent aux milieux de terrain adverses de gagner quelques mètres. Krepin revient parce qu’il a envie de toucher le ballon, mais le véritable problème, c’est qu’il manque de repères à ce poste parce qu’il est un ailier depuis quelques années.

Et, ça, ce n’est spécifiquement pas le problème des joueurs, bien évidemment qu’ils ne sont pas exempts de critiques et de responsabilités, mais c’est d’abord une mauvaise décision du sélectionneur qui doit faire jouer chaque joueur à son poste, au bénéfice de l’équilibre collectif de son équipe.

Pour vous quel est le vrai problème d’Aliou Cissé ?

Je crois que le problème de Cissé se trouve dans le casting de ses hommes. Et, qui dit casting, parle aussi des choix tactiques. Aliou Cissé a un bon effectif, mais il se complique souvent la tâche alors qu’il a des joueurs qui peuvent bien cacher ses carences tactiques.

Il met des fois sur le banc, des joueurs bien plus aptes à jouer et place d’autres à des postes où ils se noient, et ses remplacements font défaut de temps en temps aussi.

« C’est difficile de toujours critiquer le contenu du match des Lions quand ils gagnent parce que d’autres observateurs peuvent me répondre par le fait que la finalité d’une rencontre est la gagne, peu importe la manière ».

Ils auront raison, mais au vu de la valeur intrinsèque de cette sélection, je trouve un peu bizarre que les supporters aient peur à chaque match, parce que le jeu produit laisse désirer.

On ne peut pas dire qu’il n’a rien fait depuis qu’il est là, puisqu’il a été en finale de la Coupe d’Afrique après avoir été éliminé au premier tour du Mondial par Fair Play. Et, au vu des résultats, on peut dire qu’il lui manque juste une Coupe pour combler tout le travail qu’il a effectué depuis ses débuts en 2015. Sinon, il laisse de plus en plus trainer des lacunes, très flagrantes dans sa gestion tactiques, malheureusement.

Pensez-vous que le message du sélectionneur passe auprès des joueurs ?

Personnellement, je pense que son message passe, mais la question que je me pose, c’est de savoir si est-ce que les joueurs sont réellement d’accord avec ce qu’il leur demande. Ma réponse à cette question peut être à la fois positive et négative.

De toute façon, Aliou Cissé doit beaucoup s’améliorer dans la communication et faire en sorte qu’il se comprenne lui-même.

Tout spécialiste de la communication qui le suit attentivement, vous dira qu’il doit faire des efforts dans sa façon de procéder, même dans ses réponses en conférence de presse.

En quoi la communication doit-elle être importante pour Aliou Cissé ?

Vous savez, il n’y a pas que le journaliste qui a uniquement besoin de savoir comment bien communiquer pour se faire comprendre.

Dans le football, un entraîneur doit avoir un discours qui passe auprès de ses joueurs, de son staff et des supporters de son équipe, afin que personne ne soit surpris par rapport à ses choix technico-tactiques. Soit il est adepte du football dominant ou du football dominé, peu importe, sa communication doit être cohérente pour que nul ne soit vraiment surpris.

« Un coach qui, de renommé internationale soit-il, n’arrive pas à se faire entendre ni à se faire comprendre à travers ses consignes de jeu à l’entraînement ou pendant les causeries d’avant match, ne pouvant pas convaincre ses joueurs par rapport aux comportements d’ensemble, n’aura ni impact ni maîtrise de son groupe ».

Et, l’adoption du message tactique et technique d’un technicien dépend très souvent de la considération que ses hommes ont pour sa personne.

Un entraineur doit non-seulement être correct, proche de ses joueurs mais il doit aussi apprendre à prendre en considération l’éducation, les habitudes et les humeurs de chaque membre de son équipe pour éviter les problème d’égos surdimensionnés et autres faits nuisibles à la vie d’un groupe.

Pour beaucoup de techniciens comme Marcelo Bielsa que je suis régulièrement, la communication est la première clef de réussite d’un bon manager qui cherche à bien maîtriser son effectif. Ceci dit qu’elle est au début et à la fin de ce métier si sensible.

En plus, la complicité entre joueurs et entraîneur, l’honnêteté et la sincérité dans la prise des décisions sont des parties intégrantes de la stabilité et de la cohésion dans la vie d’un collectif.

Comment voulez-vous que Cissé bâtisse son équipe alors ?

Je ne pense pas qu’il pourra bâtir la sélection à l’image d’une sélection joueuse. Très souvent, un entraîneur bâtit son équipe en fonction de sa vision du football.

Soit il est adepte du football dominant ou du football dominé, deux systèmes qui accouchent souvent un football un peu plus pragmatique quand les joueurs assimilent celui adopté par l’entraineur, mais après une bonne théorie dans la communication et dans les séances d’entrainement bien sûr, pour la pratique le jour du match.

Et, c’est la raison pour laquelle je dis souvent que les équipes ressemblent souvent à la mentalité et à l’image de leurs entraineurs.

Aliou Cissé est un bon gars, mais il doit s’améliorer parce que la prochaine Coupe d’Afrique est aussi importante pour la suite de sa carrière que pour la santé du football sénégalais.

Revenons à ce que vous venez de dire. Quel est selon vous le système à adopter pour faire gagner cette sélection en Afrique ?

Vous savez, au cours de ma formation de jeune footballeur à la carrière courte (Ndr : il rit), j’ai appris à jouer dans plusieurs systèmes de jeu et j’ai pu comprendre avec mon expérience en tant que reporter et aujourd’hui dirigeant au Casa Sports, que le football se résume parfois sur deux systèmes : le dominant et le dominé.

Il s’agit de deux systèmes de jeu qui doivent être non seulement maîtrisés par un entraîneur mais par un journaliste ou un supporter comme moi, pour un tout petit peu comprendre comment les grandes sélections arrivent à exister dans la durée avec un fond de jeu mis en place pour pérenniser les acquis.

Cestes, la finalité d’une rencontre est la gagne, peu importe la façon dont la victoire a été obtenue mais il est aussi bien d’avoir la finalité du résultat en jouant agréablement, surtout quand on a des joueurs comme ceux dont le Sénégal dispose. Et, je pense que c’est ce qu’une bonne partie des sénégalais demande à Aliou Cissé dont l’équipe laisse parfois trainer des failles aussi alarmantes que douteuses.

« Un sélectionneur peut pratiquer le football dominé, c’est à dire, laisser à l’adversaire le ballon et le battre. Mais, cela arrive quand il sait faire un bon casting encore une fois, avec des joueurs capables d’équilibrer le jeu ».

Face à Eswatini, le classement du onze de départ des Lions avait tactiquement emprisonné Abdallah Sima, pourtant un jeune footballeur prometteur, percutant et décisif, mais qui n’a pas pu jouer à sa juste valeur. Aliou Cissé l’avait fait jouer dans un système où, toutes les personnes qui ont suivi l’évolution de Sima n’était pas surpris de son mauvais match. Il n’était lui-même, pas fier de sa prestation, puisqu’il n’avait pas joué à sa juste valeur.

En plus, Aliou Cissé ne peut pas placer Mbaye Diagne et Mame Baba Thiam dans une attaque où il leur demande de participer au jeu. Non, ils n’ont pas les qualités requises pour aspirer les défenseurs adverses parce que ce sont des attaquants attentistes. Chaque joueur à ses spécificités et il ne faut pas forcer certains à jouer à la polyvalence, non, leurs nomenclatures physiques même ne le leur permettent pas.

Comment ?

Il avait mis dans son onze de départ beaucoup de joueurs offensifs dont deux numéros neufs qui ne sont pas très, très à l’aise avec la balle au pied. La configuration des joueurs partants montrait qu’il voulait pratiquer ce que nous appelons dans notre jargon le football dominant.

Dans ce système, il avait besoin d’un numéro neuf (9) mobile, capable de garder le ballon, d’aspirer la défense adverse et de participer dans la construction du jeu en libérant les espaces pour que les joueurs des cotés et du milieu de terrain entrent dans la zone de vérité.

Pour ne pas blâmer les deux joueurs placés en attaque lors de ce match dont je parle, il faut dire que le casting de Cissé était contraire aux paramètres du système que demandait la configuration de son onze de départ, au vu de la valeur intrinsèque de chacun des Lions qui avaient démarré la rencontre. D’où les nombreuses actions sifflées pour hors jeu, durant la première période plus précisément.

« Ce qui est étonnant des fois, c’est que notre sélectionneur a pour habitude de mettre en place une tactique qui peut bien marcher, mais il choisit au final des joueurs dont les profils ne sont pas adaptés à ce qu’il veut lui-même ».

C’est pourquoi je disais que Cissé a non-seulement un problème de casting, mais de communication également. Il faut qu’il se comprenne lui-même. Souvent, ses choix sont très discutables dans la mesure où il répète les mêmes erreurs et c’est triste de le constater. Et, malheureusement, le Sénégal continue de laisser transparaître des faiblesses offensives et défensives, malgré la très élevée valeur intrinsèque de sa sélection qui peine à proposer un jeu alléchant à ses supporters.

En tout cas, Cissé perd de plus en plus de protecteurs parce que ces derniers n’ont plus d’arguments évolutifs pour le défendre. A force d’avoir le même argument basé sur la finalité (Ndlr : victoire), ils deviennent des répétiteurs et c’est triste. Pour y arriver, il doit se tacher de mettre chaque joueur à son poste.

Sinon, je reviendrais à la même conclusion d’avant, à savoir que si cette sélection du Sénégal demeure une référence au vu de la qualité intrinsèque de certains de ses joueurs, elle paraît moins rassurante quand on pousse la réflexion plus loin, sur le plan tactique, face aux gros calibres plus particulièrement.

Vous avez récemment dit dans un de vos articles que Nampalys Mendy doit aller chercher du temps de jeu. Il est selon vous le joueur qui peut décanter un certain nombre de problèmes dans l’équilibre du jeu des Lions, avez-vous dit. Pouvez-vous revenir plus explicitement sur ce point-là ?

Justement, ce que je disais par rapport à Nampalys Mendy est visible après chaque match qu’il a joué avec la sélection nationale.

Sa première option est de jouer devant et cela a un impact dans l’équilibre du jeu des Lions. Il fait partie des rares à ne jouer que devant, et exceptionnellement dans la verticalité. Et, c’est ce que le football moderne attend d’une sentinelle, sachant que son positionnement devant l’axe de la défense peut bien donner des idées à Aliou Cissé, qui rencontre quelques difficultés à ce niveau.

Intrinsèquement, il est le meilleur parmi les joueurs sélectionnés à ce poste. Un autre joueur que je vois bien faire ce travail est Dion Lopy (Ndlr : Stade de Reims), qui a un profil bien taillé pour être une bonne sentinelle comme Nampalys sait le faire.

Vous voyez donc Dion Lopy à la Coupe d’Afrique…

En sélection, il est question de la venue des meilleurs à chaque poste, pas qu’en fonction de l’age et du temps de jeu en club uniquement, mais bien évidemment en terme de rendement au vu de la valeur et de l’impact dans la consolidation des acquis collectifs.

La Coupe d’Afrique se jouera en Janvier et Dion Lopy commence à faire montre d’une bonne progression. On l’a vu face au Paris Saint Germain où il n’a pas ridicule, devant des milieux de terrain qu’il suivait à la télé il y a presque un an et demi.

Aujourd’hui, il rivalise avec eux en Ligue 1. Intrinsèquement, il est plus fort que certains Lions sélectionnés par Cissé, et il faut osé le dire.

Pourquoi mettez-vous l’accent dans ce secteur du jeu ?

Ce n’est pas moi, mais c’est le football moderne qui le demande. Le football a des paramètres qu’il faut suivre et respecter pour exister dans la durée. Et, construire une bonne équipe commence aussi par disposer d’une bonne sentinelle.

Dites-nous pourquoi…

L’axe de la défense centrale a besoin d’un premier stoppeur pour amorcer les premiers ballons adverses et faire également les premières relances et surtout temporiser le jeu.

À ce poste, le joueur en question doit avoir un bagage technique et tactique pouvant lui permettre d’être non seulement le premier relanceur de son équipe en cas de sortie de balle, mais d’être également le dernier rempart de la deuxième zone, en cas de contre-attaque adverse, pour anéantir tout assaut pouvant nuire à son équipe.

C’est pourquoi la sentinelle doit être un joueur technique, tactique et physique à la fois. Et, quand on analyse tous ces paramètres du jeu, on peut se rendre compte que Nampalys est le plus outillé des sentinelles sélectionnées par Cissé, au vu de sa valeur intrinsèque.

Son problème depuis la saison écoulée, c’est qu’il manque un temps de jeu à Leicester qui est en discussion avec Galatasaray pour un prêt que j’espère voir concluant dans les prochaines heures, malgré tous les risques.

Après, j’ai une vision du football peut être un peu différente par rapport aux sélections, notamment sur la question d’un titulaire qui manque du temps de jeu en club. Je préfère qu’il se défonce pour en disposer (Ndlr : en club). Au cas échant, de trouver un prêt. Mais, je vous explique que je ne suis pas contre le fait qu’un remplaçant en club dont le fait de se retrouver sur le banc n’est pas très sportif sur le fond, joue titulaire en sélection quand il est le meilleur parmi les sélectionnés à son poste.

Et, c’est pourquoi je demande souvent aux gens avec qui je discute du football, si est-ce que la titularisation d’un joueur en sélection doit forcément dépendre de sa valeur intrinsèque et de son impact dans l’équilibre du jeu de l’équipe ou de son temps de jeu en club, comparés à ses concurrents sélectionnés, peu importe le club et le niveau du championnat.

Si on se base sur les deux premiers critères, Nampalys Mendy est clairement plus fort que certains de ses concurrents qui ont du temps de jeu en Ligue 2 qui est après tout, un bon championnat, d’un bon niveau d’ailleurs, mais pas à la dimension de la Premier League quand-même.

Parlez-nous un peu du poste de sentinelle auquel vous insistez. En quoi est-il si important selon vous ?

Pour avoir été formé à ce poste, je peux vous dire que c’est le poste-poumon d’une équipe qui se veut solide et performante. La sentinelle est capitale dans le football moderne et ceux qui ont fait la formation de technicien ou les gens qui suivent attentivement l’évolution tactique du football savent de quoi je parle.

« La sentinelle est, ce footballeur appelé à être le commandant de son équipe, le passage obligé pour la défense et pour l’attaque, un joueur appelé à jouer à deux voire trois touches de balle maximum avec une qualité de prise d’information lui permettant de s’orienter et de se déplacer aisément, mais de surtout replacer ses coéquipiers ».

Il doit être le déclencheur des contres de son équipe comme je le dis bien. Son positionnement est à cinq voir six mètres de l’axe de la défense centrale comme me l’apprenait Mbaye Mbaye (Ndlr : Ex-international sénégalais et ex-Coach de Diambars FC jusqu’en 2021). D’où ses déplacements dans la largeur de la surface de réparation de son équipe pour jouer le rôle de surveillant avec une couverture placée à quelques mètres du numéro dix (10) ou du demi-neuf.

Ce type de joueur doit être capable d’offrir à ses deux coéquipiers de l’entrejeu triangulaire (Ndlr : le n°8 et le n°10), un jeu de triangle et ouvrir les brèches pour gagner au minimum 30 mètres, afin d’aspirer les adverses pour ouvrir les côtés. Il est aussi capable de se projeter, mais rarement.

J’ai appris à jouer à ce poste au cours de ma formation avec Ibrahima Diarra et Ousmane Konte au Casa Sports mais avec Mbaye Badji et Malick Diop à l’Academie Mawade Wade aussi. C’est pourquoi la plus part des joueurs dont je suis fan depuis le bas age évoluent presque tous à ce poste : Michael Carrick, Sergio Busquets, Tiago Motta, Boubacar Mansaly, Guti Hernandez.

Vous avez aussi dit aimer l’association Gana Gueye – Nampalys Mendy, mais que c’est parfois risqué de les faire jouer tous les deux. Sur quoi basez vous votre argument ?

Le football dominant que voulait pratiquer Aliou Cissé est une question de triangles créés à différents endroits du périmètre de jeu. Le premier triangle d’attaque est une pyramide inversée composée du gardien de but et des deux défenseurs (centraux) de l’axe de la défense.

Le deuxième est une pyramide debout constituée de la sentinelle (Ndlr : numéro 6) et des deux milieux offensifs (Gana et Pape Matar) placés devant (Nampalys). C’est celle là qui entame la phase offensive en vrai.

L’un des bémols comme je le disais la dernière fois, c’est que le sélectionneur ne peut pas nous faire jouer Idrissa Gana Gueye et Nampalys Mendy dans un même milieu de 3-5-2 et leur demander de ne pas gardent le ballon. Non, ce système demande à garder le ballon et à jouer à la possession.

« Pour réussir à ne jouer qu’avec une sentinelle, il faudra que le Sénégal mise sur le jeu de possession, et c’est impératif. Ce qui est parfois difficile parce que nos joueurs semblent ne pas aimer trop garder la balle. Et quand l’adversaire à la possession, leurs habitudes défensives les rattrapent au moment de la fatigue ».

Et c’est ce qui est arrivé lors du match face au Congo à Brazzaville où Gana et Nampalys sont revenus tous les deux devant l’axe de la défense alors que c’est le premier (Idrissa Gana Gueye) qui devait être devant avec Pape Matar Sarr (Ndlr : et Nampalys derrière) pour la pyramide inversée au lieu de la pyramide débout qui est d’un système défensif.

À un moment donné, ils se retrouvaient tous les deux derrière. Cela permettait aux milieux de terrain congolais de gagner des mètres. Et, quiconque apprend les tactiques de jeu du football sait que jouer avec deux milieux récupérateurs, est un système défensif et est même contraire au système 3-5-2 mis en place, sachant déjà que ce système appartient à la famille du football dominant, non pas à celle du dominé.

Aliou Cissé doit donc abandonné le 3-5-2 ?

Non, ce n’est pas parce que ce système n’avait pas très bien marché qu’il faut très vite le jeter à la corbeille, non, il faut rectifier les erreurs et surtout faire le bon casting pour le 11 de départ et s’adapter en fonction de l’équilibre de la rencontre.

C’est au sélectionneur de trouver la bonne formule en osant un peu, parce que les profils sont là et ce système peut être pérennisé avec une expérimentation beaucoup plus basiques. Par circonstances, Aliou Cissé s’est retrouvé avec une liste de joueurs dont les profils sont adéquats à ce système qu’il veut mettre en place et qui peut beaucoup apporter à l’équipe nationale, mais il lui faut un peu plus de courage.

Il faudra très vite rectifier les failles du système après les rencontres précédentes et mettre en place un 11 type cohérent, capable de proposer un jeu plus alléchant. Qu’il ne répète pas le choix des deux pistons dont l’un va jouer en faux 6 après. Sinon, le menu sera le même avec deux pistons à la récupération, paramètre contraire au 3-5-2.

Il va falloir qu’il opte pour une sentinelle avec deux milieux offensifs de métier devant cette dernière pour l’animation. Dans un 3-5-2, si la composition de la colonne vertébrale pose problème, il n’y aura pas de cohérence dans l’animation collective. Car, tout se décide à partir de là.

Le Sénégal a tenté de pratiquer un football dominant face au Maroc, à la surprise générale. Un système de jeu qui n’est pas une habitude tactique dans le comportement collectif des sénégalais au niveau de leurs clubs.

Ce football que veut Aliou Cissé est à la base plaisant s’il est bien matérialisé. Son l’antithèse appelé le « football dominé » qui a longtemps été le fort du Sénégal : c’est à dire aspirer l’adversaire et utiliser le jeu rapide misé sur les hommes de couloir pour surprendre l’adversaire). C’est ce que Aliou sait, et c’est ce qu’il pratique depuis toutes ces années. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il y ait dans le onze (11) de départ des Lions, plus de joueurs pratiquant le football dominé (joueurs évoluant dans des équipes de maintien ou plus de joueurs qui sont très défensifs dans le cœur du jeu.

Ces derniers, habitués à récupérer et à libérer aussitôt le ballon, peinent à développer un jeu cohérent, puisque ce n’est pas dans leurs habitudes. De ce fait, le sélectionneur doit pouvoir faire un casting de profils adéquats au système mis en place pour plus de fluidité et de cohérence dans la transmission attaque – défense.

Et, au vu de la valeur intrinsèque de majorité des joueurs que composent cette sélection, il n’est pas normale d’avoir un jeu pas très plaisant même s’il s’agit du football dominé.

Revenons encore à la question des systèmes avec le dominant et le dominé. Comment se forme-t-il chacun et dites-nous aussi si est-ce que le Sénégal peut adopter chacun d’eux ?

A mon avis, le Sénégal peut évoluer dans les deux systèmes au vu de la valeur des joueurs dont il dispose mais le problème de casting fait défaut, au point que l’on ne sait parfois pas ce que nous propose l’équipe. Le football dominant est un système de jeu qui n’est pas une habitude tactique dans le comportement collectif des joueurs sénégalais dans leurs clubs.

Il faut savoir que c’est un jeu de possession qui est à la base une philosophie, une identité, un style, une façon de voir et de concevoir le jeu à adopter. C’est une méthodologie qui réunit un ensemble de principes et qui englobe tous les aspects du jeu qu’ils soient offensifs ou défensifs, mais surtout misé dans la possession.

Ce football est l’antithèse de celui appelé le « football dominé » qui est à mon avis, le fort du Sénégal sous Aliou Cissé. C’est-à-dire : aspirer l’adversaire et utiliser le jeu long misé sur les hommes de couloir pour surprendre l’adversaire.

Il s’agit de deux systèmes tactiques ô combien importants que tout spectateur ou consultant ou le journaliste doit comprendre. En club, la majorité des Lions du Sénégal évoluent dans des systèmes basés sur le « football dominé » parce que peu évoluent dans des clubs qui jouent les grands rôles dans leurs championnats.

« Des fois, on peut constater que la domination du Sénégal dans la possession du ballon ne dure pas ».

Donc, une bonne partie évolue dans des équipes du milieu du tableau pour ne pas dire des équipes qui jouent régulièrement le maintien. C’est ce que Cissé semblait ignorer lors de la rencontre face au Maroc en amical qui est pour moi, un signal fort.

Il avait opté pour le jeu de conservation, mais ce n’était pas une habitude de la majorité de ses hommes présents dans le onze, d’où la lenteur dans la transmission et dans l’exécution des actions.

Pour pratiquer un football dominant, il faut encore une fois faire un bon casting, avec dans son 11 de départ, plus de joueurs qui évoluent en club ou qui savent évoluer dans ce système pour mieux l’adopter en sélection.

Le cas contraire (Ndlr : football dominé), le comportement de l’équipe ne sera autre que le résultat de ce que nous savez : attendre que l’adversaire attaque pour l’aspirer et le surprendre en exploitant les côtés.

« Une équipe peut mal jouer et gagner comme elle peut bien jouer et perdre, vice versa ».

Et, c’est ce football que le pays de la Teranga a longtemps pratiqué, d’où sa montée en puissance ces dernières années, grâce notamment aux individualités de ses hommes de couloir tels que Sadio Mané, Keita Baldé, Ismaila Sarr, etc.

C’est ce qui explique donc que le Sénégal n’arrive pas à garder le ballon, vous voulez dire ?

Le football a beaucoup de paramètres qui tournent autour de lui, et qui font qu’il n’est pas une science exacte. Une équipe peut mal jouer et gagner comme elle peut bien jouer et perdre, vice versa.

Des fois, on peut constater que la domination du Sénégal dans la possession du ballon ne dure pas. Cela peut être dû au fait qu’il y a dans le onze (11) des Lions, plus de joueurs pratiquant le football dominé. Ces derniers, habitués à récupérer le ballon et à le libérer aussitôt après, peinent à développer un jeu cohérent.

Quelqu’un comme Cheikhou Kouyaté que j’aime beaucoup, n’est pas le joueur qui va jouer devant pour sa première option. Même s’il reste un joueur correct, il n’est pas de ceux qui ont une bonne vitesse d’exécution et qui sont également capable de ne jouer que dans la verticalité si toute fois les passages pour jouer devant sont bloqués, et il n’est pas le seul parmi les milieux défensifs à régulièrement rendre la balle à la défense.

La conception de cette notion du « football dominant et du « football dominé » est ce qui amène souvent des sélectionneurs à composer la colonne vertébrale de leurs équipes avec, soit, des joueurs évoluant dans le même club ou avec des joueurs issus du même système de formation où des joueurs dont les clubs pratiquent le même type de football (dominant ou dominé).

Cela semblent échapper à coach Cissé qui, des fois, regroupe beaucoup de joueurs à vocation défensifs au milieu de terrain comme face au Maroc, contre le Congo en éliminatoire aussi.

Que Cissé sache que le jeu de position a pour objectif, de maitriser l’espace de jeu, grâce aux positions des joueurs et aux supériorités numériques créées à différents endroits du périmètre de jeu et de permettre d’influencer le jeu de l’adversaire, afin d’obtenir la maitrise globale du match.

« L’équipe du Sénégal est connue comme étant forte dans un système de jeu misé sur les couloirs, puisque ses joueurs sont rapides et vifs ».

Cette méthode, je pense qu’il le sait très bien, mais peine à le comprendre. Et c’est elle qui doit, à titre individuel, aider chaque joueur, à mieux comprendre le jeu et à rendre l’expression collective un peu plus fluide en permettant à l’équipe de parler la même langue comme l’expliquait dans une interview, Pep Guardiola (Ndlr : Coach Manchester City).

Un football que la colonne vertébrale habituellement mise en place par Cissé ne peut pratiquer, puis que la majorité des joueurs qui la compose évolue dans un système « dominé » dans leurs clubs.

L’équipe du Sénégal est connue comme étant forte dans un système de jeu misé sur les couloirs, puisque ses joueurs sont rapides et vifs. Une pratique volontairement abandonnée par le choix de Cissé contre le Togo, comme au soir de la finale de la Coupe d’Afrique avec un milieu à double pivot pas très inspiré.

L’association de deux joueurs devant la défense (Gana Gueye – Cheikhou Kouyaté) dont chacun apportant offensivement à tour de rôle plutôt que se spécialisant dans une tâche offensive ou défensive montre parfois des limites.

« Ce système à double milieux défensifs est très défensif quand le Sénégal joue face à une sélection qui cherche le match nul, et il ne peut faire avancer l’équipe parce que pour pratiquer le football dominant, ses hommes ont pour habitude de mettre en place une sentinelle devant la défense, afin de permettre aux offensifs de venir prendre la balle ».

A regarder la rencontre face au Togo, on peut se rendre compte que Pape Matar Sarr qui devait être dans l’animation du jeu, s’est retrouvé ailier, tactiquement perdu. Il a pu donner ce qu’il avait mais il n’avait pas joué à sa juste valeur. Aliou Cissé ne doit pas avoir Mané et Ismaila Sarr dans un onze et faire jouer Pape Matar en ailier, c’est contre son propre envie de gagner.

La FSF serait derrière Pape Gueye, Boubacar Kamara et Sofiane Diop que vous suivez depuis leurs débuts. Que pouvez-vous nous dire par rapport à ces trois fils du pays, nés en France, par ailleurs des internationaux français mais éligibles pour le Sénégal ?

Il s’agit de trois bons joueurs dont le Sénégal a besoin tout comme ils ont besoin du Sénégal pour la suite de leurs carrières. Ce que je peux dire, c’est qu’ils sont sénégalais d’origine et aiment le pays mais restent encore des espoirs français.

Quant à Sofiane, il joue avec les Bluets et s’il y a une sélection dont il est plus proche entre le Sénégal et le Maroc, c’est la première cité. Je les aime tous personnellement mais je ne pense pas que ce sont les joueurs qui, une fois qu’ils viennent, nous allons forcément gagner la prochaine Coupe d’Afrique.

« Mon conseil à donner aux fédéraux, c’est de développer le football à la base pour ne pas trop dépendre des joueurs dont les choix vont toujours se conjuguer au conditionnel ».

J’aime beaucoup la politique de récupération de nos compatriotes évoluant dans les sélections de jeunes de leurs pays de naissance comme Sofiane qui est une personne sérieuse, polie, calme et très, très disciplinée pour qui j’aurai toujours du respect, mais il faut savoir que des joueurs comme lui, il y en a à Kolda, au Fouta, à Dakar, à Kaolack, à Ziguinchor etc.

La solution est de miser donc sur les jeunes formés au Sénégal ?

Ce n’est pas ce que je veux dire mais le Sénégal ne peut pas compter sur des joueurs dont les choix se conjuguent au conditionnel. S’ils viennent, ils seront des renforts de grande taille en toute honnêtement, parce qu’il s’agit de footballeurs intrinsèquement intéressants.

« Ce que je veux vous faire comprendre, c’est qu’il faut que le pays pense à développer la formation des techniciens locaux et à appuyer la reconversion des anciens internationaux, projet qui doit être l’une des premières prérogatives d’une Direction Technique Nationale sérieuse, autour d’une politique d’anticipation des enjeux futurs pour un football de victoires ».

L’Afrique n’a pas que des footballeurs, mais des dirigeants et ils doivent être également formés et accompagnés. Le problème est profond chez nous, où les dirigeants sont parfois un frein au développement du football. Beaucoup d’entre nous les dirigeants ne sont pas encore connectés aux réalités modernes du haut niveau.

Les Directions Techniques Nationales doivent se réinventer et surtout s’adapter aux mutations qu’exigent le bas et le haut niveau. Les hommes de qualité ne manquent dans la mesure où des africains s’imposent dans les grandes universités y compris dans les grandes firmes et instances mondiales, mais il y a un déficit de politique d’anticipation dans nos institutions où le casting pose toujours un problème. D’où ce grand retard qui perdure.

Nous les jeunes, nous devons nous former et nous engager dans les différents secteurs de développement de nos pays pour changer le cours des différentes tendances. Nous avons pour habitude de parler des fruits alors que c’est la racine de l’arbre du mal qui est à couper. Et, nous oublions que le temps presse.

Certes, les anciens refusent de quitter les postes stratégiques qu’ils occupent, mais s’ils y durent, c’est parce qu’on ne propose rien aussi, nous les jeunes. On se contente de les critiquer jusqu’à ce qu’on vieillisse pour comprendre en fin de compte que la responsabilité n’attend jamais l’âge.

« Le jour où nous comprendrons que la réalité du terrain est différente de celle des réseaux sociaux, nous assimilerons beaucoup d’obstacles auxquelles nos pays sont confrontés par rapport au développement en général ».

Notre activisme dans le football doit être accompagné d’actions en tant que dirigeant ou en tant que supporter participant activement avec des actions, pas que des mots. Dommage que nous théorisons plus que nous ne pratiquons, nous les jeunes.

Certes, la jeunesse est l’avenir d’un pays, mais elle peut aussi être sa bombe, surtout quand elle a plus de diplômés que d’intellectuels.

Nous devons nous battre contre nos faiblesses pour transformer positivement les secteurs clefs du développement de nos pays. Et, c’est possible si nous y croyons tout en acceptant de soutenir ceux qui essaient de faire avancer les choses.

L’erreur que beaucoup d’africains pour ne pas me militer aux sénégalais dont je fais partie, c’est de prendre la sélection A comme baromètre pour évaluer le développement du football d’un pays alors que l’évaluation doit partir de la base au sommet.

Pour un football de victoire, il faut une politique dynamique et structurelle dont les antichambres de l’équipe A (Ndlr : des clubs et de la sélection des U15 aux U23) sont la clef de réussite de cette dernière comme disait Omar Pene : « sou clubs ya baxé, ekip nationale ba degeur » (Ndlr : Omar Pene est un chanteur sénégalais. il dit : Quand les clubs sont solides, l’équipe nationale le devient aussi).

En plus, au vu de la montée spectaculaire dans le haut niveau européen, des jeunes fraîchement sortis des académies et clubs locaux, il est impératif que le championnat sénégalais reflète ce que ces derniers prouvent à l’extérieur.

L’adaptation aux enjeux futuristes doit donc être réelle pour nous tous. Il faut encore une fois booster le travail des formateurs locaux (qui sont très bons mais peu soutenus) avec une politique de développement qui va permettre aux petites catégories d’être compétitives dans le périmètre national pour créer d’autres Pape Matar Sarr, Dion Lopy, Youssouph Badji.

Vous avez aussi dit récemment que l’écart de niveau dans la formation entre les joueurs formés au Sénégal et ceux formés en Europe se réduit de plu en plus. Qu’est-ce qui l’explique ?

Justement, ce mythe qui a longtemps freiné l’éclosion de beaucoup de talents prometteurs dans le passé, meurt de plus en plus, grâce à la montée en puissance des jeunes talents sénégalais qui n’hésitent pas à faire montre d’une nette progression tant sur le plan tactique, technique que physique.

Ceci dit que l’écart de niveau entre certains jeunes footballeurs formés au Sénégal et ceux formés en Europe se resserre de plus en plus. D’où les révélations de Papa Matar Sarr, Dion Lopy, Ibrahima Baldé, Cheiklh Ahmadou Bamba Dieng, Youssouph Badji pour ne citer que ceux-là.

Certes, les départs matinaux de nos meilleurs jeunes ne permettent pas à nos clubs d’être constants dans les compétitions africaines, puisque chaque équipe qui remporte le championnat ou qui envoie plus de bons joueurs dans les sélections nationales, finit par les perdre l’année d’après. Mais, ils nous prouvent l’image et la bonne qualité qu’offre la formation de base sénégalaise.

Le footballeur sénégalais est sollicité et est très attendu de nos jours, dans le très haut niveau. À regarder nos voisins, nous faisons partie des pays où les meilleurs joueurs décrochent rapidement un contrat peu importe le pays (on peut débattre sur le choix des pays de destination) contrairement à d’autres pays.

Cela contribue au manque de constance de nos clubs qui n’ont pas assez de ressources pour garder leurs talents face aux propositions des écuries européennes même scandinaves ou d’Europe de l’Est.

« Cette exportation rapide et massive des footballeurs locaux sénégalais vers l’étranger fait partie des obstacles qui pèsent sur les contre-performances des clubs locaux dans les compétitions africaine ».

Les meilleurs équipes perdent chaque saison, leurs colonnes vertébrales. Ils sont obligés de les transférer parce que les sponsors ne sont pas présents dans le championnat national et ils ne peuvent dépendre que des transferts à l’exception des clubs qui ont des équipes européennes partenaires comme Génération Foot ou Diambars qui a réussi à récupérer une bonne partie des indemnités de formation de ses anciens joueurs.

Quelle est donc la politique à adopter pour une bonne santé du football sénégalais ?

Pour vraiment avoir un football attractif, attrayant, dynamique et de victoires que méritent les amateurs sénégalais, il va falloir que l’État à travers ses démembrements que sont le Ministère des sports et la Direction Technique Nationale, promeut une politique qui va être accompagnée d’idées qui ne cherchent non pas à prévoir le futur par le prolongement des bonnes performances enregistrées au cours d’une année ou d’une saison, mais à les appréhender en anticipant l’influence de différents facteurs sur le destin de nos différentes sélections nationales.

Ceci, grâce à une compréhension de l’évolution du football au niveau local et à l’extérieur du pays et grâce notamment à une évaluation correcte des différentes équipes nationales, ou encore par la consolidation et par l’amélioration des acquis du football à la base (formation) tels que le développement des championnats nationaux avec une réelle identification de points de rupture au sein des tendances auxquelles ils sont confrontés à l’image de la gestion politique dans le monde diplomatique.

« Pour régner sur le toit de l’Afrique et titiller les grandes nations du football mondial, il va falloir que le football sénégalais se réinvente et pense à peaufiner une politique claire et précise avec des orientations bien pointues ».

Sur ce, il va falloir adopter une politique dont l’idée est accentuée sur un fonctionnement systémique et proactive. C’est-à-dire un projet qui prendra en compte les défis économiques, sociales, financières, culturelles, environnementaux, techniques, tactiques, logistiques etc., du pays pour la formation des fédéraux, des membres des ligues (Ndlr : professionnelles et amateurs), des arbitres, stadiers, supporters, etc.

« La politique d’anticipation dans le football doit également être futuriste avec un regard tourné sur les facteurs évolutifs tant sur le plan national, sous régional, continental qu’international ».

Si l’on considère que les changements font partie intégrante de la vie quotidienne du football, la fédération sénégalaise de football est contrainte de les accompagner, et non de tenter d’y résister parce que certains sont très critiques envers l’instance. Il faut un projet clair au niveau de l’instance dirigeante du football, des idées prometteuses, de bons formateurs mais une bonne graine aussi.

La capacité d’anticipation d’une fédération qui se veut respectable et respecté constitue une des habiletés les plus indispensables à la gestion du changement. Et, cela plus que jamais si l’on considère l’environnement compétitif et instable dans lequel l’on vit ou évolue, surtout en Afrique où le Sénégal peine toujours à remporter un trophée continental (Ndlr : deux finales de CAN, toutes perdues).

Par contre, au cours de ces dernières années, la FSF a enregistré l’épanouissement de ses différentes sélections. Mais il faut une mise à jour basée sur une compréhension rationnelle du futur, applicable à n’importe quelle catégorie ou équipe affiliée à la FSF parce que le pays est sur une pente descendante depuis l’élimination des U20 lors de l’UFOA.

« Il est connu dans le monde de la gestion des grandes associations, une politique qui s’identifie par des projets dont les méthodes sont prospectives et participatives. La dynamique dans laquelle le Sénégal s’est inscrit jusqu’à l’année dernière était constante tant au niveau de l’équipe nationale A que chez les jeunes (Ndlr : U17 et U20) ».

Et, si la FSF arrive à mener une politique sportive solide accompagnée par des infrastructures de qualité avec un projet soutenu, d’autres Sadio Mané, Gana Gueye, Ismaila Sarr entre autres sortiront de l’ombre dans sous peu.

Papa Amar NDIAYE

Photo-Journaliste / Administrateur du site https://footsenegal.com. Je couvre toutes les compétitions

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