Lions en Club

Modou Diagne : «Prouver en club pour me faire une place en équipe nationale»

Passé par les sélections de jeunes de la France, Modou Makhtar Diagne nous a parlé de ses débuts à l’AS Nancy, de son départ vers Charleroi et de son futur dans le championnat belge et en équipe nationale du Sénégal.

Son rêve de jouer pour Manchester United pourrait se réaliser un jour, puis que tout va vite dans le football, où tout se construit à force de travailler et de croire en ses rêves. Actuellement au Sporting Charleroi, Modou Diagne affiche une certaine sérénité qui se dégage même sur le terrain. Entretien.

« Je suis chez moi, je m’entraine comme le veut club. J’essaie de me protéger aussi pour me mettre à l’abri.  Il y a des applications à activer avant de commencer les séances à chaque fois. Donc, nous ne pouvons tromper personne. Nous avons chacun des programmes spécifiques. Certes, nous sommes contrôlés par nos clubs, mais c’est le football que nous aimons et nous le faisons sans problème. », nous dit-il, avant de nous révéler le pourquoi du choix du championnat belge au détriment de l’élite française où il avait une bonne côte.

«Je ne suivais pas trop le championnat belge, mais quand j’ai eu des propositions, j’ai saisi Kalidou Koulibaly pour lui demander des conseils et il m’a dit du bien sur la Jupiler League. Je voulais jouer dans une équipe où j’allais me relancer. J’ai été surpris du niveau du championnat qui est au-dessus de la Ligue 2 française dans laquelle j’évoluais avant. »

Né au Sénégal, mais grandi en France, Modou (26 ans) a eu à porter les couleurs de l’équipe de France des moins de 20 ans. Mais quel parcours, dira-t-on. Quand on lui demande de se présenter, l’ex-international olympique sénégalais nous rappelle ses origines et ses débuts en France. « Je suis né à Mbacké, où j’ai commencé ma vie avant de rejoindre mon père en France. Nancy qui est près de chez moi m’a découvert lors d’un tournoi de jeunes où étaient présents de nombreux recruteurs. Je ne voulais pas être trop loin de chez moi parce que je venais du Sénégal entre 10 et 11 ans. J’ai passé ma formation à l’ASNL jusqu’à mes 25 ans. Pour dire, je n’ai connu que deux clubs que sont Nancy et Charleroi où je suis actuellement. »

A l’image de beaucoup de footballeurs coincés entre leurs domiciles et les supersmarchés, Modou vit bien son confinement à Charleroi. « On est dans une période difficile, vu la situation avec le Coronavirus. On est tous en pleine doute. Si on reprend le championnat, quels seront les risques ? La Pro League avait demandé à ce que le championnat s’arrête, mais l’UEFA a menacé de suspendre la Ligue si jamais ne cela se faisait.Il y a une rencontre qui doit avoir lieu entre les deux parties. On attend de voir parce que nous sommes troisièmes du championnat. Si le championnat s’arrêtait là, on serait amenés à jouer l’Europa League insh’Allah »

Titulaire en début de saison, Modou Makhtar aurait pu perdre sa place, puis que Willems s’était bien installé dans l’axe de la défense, avant qu’il ne se blesse, et que le Lion ne rebondit dans le onze de départ. « A mon arrivé au Sporting Charleroi, j’ai joué directement comme titulaire jusqu’à la 15e journée. Je me suis blessé après, au tendon d’Achille. L’équipe jouait bien et gagnait quand j’étais en convalescence. Je suis revenu de blessure tout en continuant de boitiller. J’étais sur le banc vu que je n’étais pas encore au top physiquement, il (Ndlr : Willems) s’est blessé malheureusement pour lui, j’ai repris ma place. Mais c’est un bon joueur. »

En vue de la double confrontation entre le Sénégal et le Burkina Faso, comptant pour la troisième journée des éliminatoires de la Coupe du Monde Russie 2018, Aliou Cissé avait communiqué une liste de 26 joueurs, dont trois nouveaux qui étaient El Hadj Assane Dioussé de l’As Saint-Etienne, Amadou Touré de Horoya AC de Conakry et Modou Makhtar Diagne de l’As Nancy Lorraine.

Des joueurs « talentueux », selon Cissé et qui méritent une sélection à l’image des autres. », disait-il. Zappé depuis lors, le Lion garde tout de même contact avec son coach. « Aliou Cissé ? Oui, je garde toujours les contacts avec lui, et surtout avec Lamine Diatta et Régis Bogaert. Ils ont approuvé mon choix d’aller en Belgique et ils me conseillent aussi. J’ai eu à faire des présélections et je garde espoir de revenir en équipe nationale un jour. 

Ses débuts en sélection lors de la CAN U23

«Je venais souvent au Sénégal pour des vacances, mais je ne connais pas trop le pays. Le fait d’être appelé en équipe U23 m’a ouvert les yeux. J’ai retrouvé en sélection une ambiance que je ne connaissais pas. La CAN U23 m’a permis de vraiment progresser. Je peux dire que j’étais l’un des seuls qui étaient issu d’un championnat professionnel. Voir des gens qui ont autant de talent que toi te sort de ton confort et te permet de relativiser et de comprendre que tu dois continuer à travailler. 

J’étais international français en équipe de jeune, mais le choix du cœur a pris le dessus. Pour prétendre jouer en équipe de France et du Sénégal, c’est la même chose. Vous avez des joueurs à mon poste qui joue la Champions League. Il faut être bon et prétendre à une bonne place.C’est une fierté de porter les couleurs du Sénégal, d’avoir représenté la sélection olympique et d’être appelé en A, où j’ai retrouvé d’anciens coéquipiers en équipe de jeune comme Ismaila Sarr et Wagué. »

Défenseur central et probable futur pensionnaire de l’axe centrale de la défense des Lions dans les années à venir, Diagne est revenu sur ses relations avec la paire centrale actuelle, composée de Kalidou Koulibaly et de Salif Sané, des amis selon lui.« Kalidou, on habite dans le même quartier et c’est un ami, un frère. Je n’hésite pas à lui demander des conseils parce que Kalidou, c’est quand-même l’un des meilleurs défenseurs du monde. C’est une référence, un ami et il l’a prouvé. Avant d’aller en Belgique, où il est passé, je l’avais appelé et il m’avait donné des conseils.»

«Salif  (Sané)? Je l’ai connu à Nancy, où nous sommes tous passé. Malgré la concurrence qui peut nous lier après, nous restons tous des amis. Le plus important à mon niveau, c’est d’être performant d’abord en club, pour pouvoir bousculer la hiérarchie en sélection et permettre au Sénégal d’avoir plusieurs alternatives et une équipe aussi compétitive avec des joueurs qui se complètent. », nous a-t-il dit.

Agé de 26 ans, Modou Diagne n’a pas manquer d’apprécier les grands noms qui jouent à son poste.Il y a Sérgio Ramos qui a tout d’un défenseur. C’est non seulement un capitaine dans l’âme, mais un vrai gagneur, un très bon défenseur en plus. «On peut dire que Virgil Van Dijk le meilleur du moment, vu ce qu’il réalise depuis un certain temps.Il y a aussi Thiago Silva qui fait de belles choses aussi. Pour moi, ce n’est pas d’essayer de les copier. Chacun à ses qualités, mais de les prendre comme des références à ce poste où j’évolue et de continuer à progresser de mon côté. »

Né au Sénégal et formé à Nancy, où il est très tôt devenu capitaine, Modou Diagne a eu un parcours similaire à celui d’un certain Pape Malickou Diakhaté avec qui il a joué dans leur club formateur. « Pape, je ne le connaissais pas de près parce que c’était quand-même un très grand joueur qui disputait la Ligue 1, la Champions League, capitaine du Sénégal etc. Mais je l’ai connu de près après. Il est arrivé au moment, où la sélection U23 jouait la Coupe d’Afrique des Nations à Dakar et je n’étais pas titulaire sous Pablo Corréa au même moment.

J’ai eu dans la foulée la sollicitation du sélectionneur des moins de 23 ans du Sénégal (Ndlr : Serigne Saliou Dia). Là, je me prépare à aller défendre le pays et Pablo Corréa me dit non, « tu es le troisième défenseur de l’équipe et si jamais un des joueurs du secteur dans lequel je joue se blesse, il n’y aura personne pour le remplacer. Et c’est là que Pape Malickou Diakhaté est revenu au club. Et je suis redevenu quatrième après son arrivée. Mais cela n’a jamais affectée nos relations. Il a joué son rôle de grand-frère et il m’a beaucoup aidé sur le plan mental et sur le plan de l’état d’esprit. » 

Nancy, ce club qui a vu passer des sénégalais tels que Salif Sané, Alfred Ndiaye ou encore Issiar Dia. « Issiar, c’est aussi un grand-frère, un bon ami à moi. Je me souviens de lui quand j’avais 12 – 13 ans à mes débuts. Je m’étais entrainé avec les pros quand j’avais 15 ans, et il était là. Puis quand il a signé son retour, il est devenu mon coéquipier et c’est aujourd’hui un grand-frère, un ami. », se souvient-il du club qui a marqué sa carrière. Mon grand souvenir reste la montée en Ligue 1, après avoir remporté la Ligue 2 avec Nancy. C’est un moment que je garde encore dans mon mémoire et que je n’oublierai pas. »

Ancien coéquipier du défenseur central français du FC Barcelone, Modou Diagne se souvient encore. Lors de la montée de Nancy en Ligue 1, je jouais dans l’axe avec Clément Langlet. Il joue aujourd’hui au Barça, l’une des meilleures équipes au Monde. «Pour moi, Clément est la personne avec qui je m’entendais bien sur le terrain. On avait formé une bonne paire et on faisait partis des meilleures paires centrales de France à l’époque. »

Longtemps annoncé vers des clubs de renoms, Modou Diagne a vu ses départs vers la Ligue 1, la Série A, la Premier League avorter. « J’avais d’autres sollicitations, mais c’était un peu compliqué comme j’étais en fin de contrat. Et comme vous le savez, je ne connaissais que Nancy. Je me sentais comme chez moi, mais je sentais qu’on ne m’accordait pas cette attention qu’il fallait prêter à un fils du club. Après la descente en Ligue 2, j’avais des sollicitions de clubs de Ligue 1.

Je suis parti voir le Président pour lui dire que j’ai eu à renouveler plusieurs fois et pour mon développement personnel, je dois m’en aller. Cette discussion avait eu lieu avant la fin de la saison. Il y a eu du changement d’entraineur et le nouveau coach a dit au Président qu’il veut faire remonter l’équipe et me nommer capitaine etc. J’accepte parce qu’il me restait un an de contrat et Nancy est le club qui m’a formé et qui m’a permis d’être pro. Je commence la saison en tant que capitaine, mais vers le mois d’Octobre, je vois le brassard me faire retirer, puis je me retrouve sur le banc.

J’avais des sollicitations en Série A, mais ce n’était pas au bon moment. Je venais d’être connu et de monter en Ligue 1 avec Nancy à 21 ans. Je me demandais si ce n’était pas mieux de rester en Ligue 1 et de progresser, avant de penser à aller dans un championnat où il y a d’autres réalités. Lors de l’année de la montée aussi, j’avais reçu une bonne offre de Stoke City pour jouer en Premier League, mais j’étais coincé. Et comme je le dis, j’avais été coincé, mais cela arrivera quand ça arrivera. »

«Pourquoi j’ai quitté l’AS Nancy»

«En fin de saison de ma dernière année, je me dis qu’après avoir fait six mois sans jouer, il fallait que je joue dans une équipe où je trouverai du temps de jeu. J’étais sur le point de m’engager avec Nantes, où je me suis retrouvé avec le Président Valdémar Kita dans son bureau. Mais, j’ai laissé tomber tout ce qui était prestige pour rebondir et jouer pour garder mon niveau. », dit-il, avant de révéler qu’il a trouvé en sélection Sadio Mané qui l’a surpris.

«En dehors de ses qualités humaines, son humilité et sa simplicité, c’est quelqu’un qui se donne beaucoup et qui tire l’équipe vers le haut. Il pouvait négliger les entrainements et se prendre pour la star, mais il est loin de tout ça. C’est quelqu’un de très correcte. »

Aujourd’hui au Sporting Charleroi, Modou se dit bien installé.Je suis bien à Charleroi, on ne connait pas l’issu du championnat, voire si on va jouer les play-offs ou pas. Je reste concentrer sur mon club et bien finir la saison. «Des clubs huppés ? Oui, à un moment il y avait Marseille et Bordeaux, mais comme je vous le dis, ce n’était pas fait et rien n’est perdu. Je pourrai revenir en Ligue 1 ou aller en Serie A un jour. C’est à moi de continuer à travailler et à faire de bonnes prestations.»

« On me reprochait au départ, de ne pas me comporter comme un vrai défenseur. Je jouais au milieu, il ne faut pas l’oublier. Donc, c’est un facteur que j’ai développé et je suis devenu beaucoup plus agressif. A l’entrainement, il y a des joueurs qui n’osent pas souvent se frotter à moi. Donc, j’ai travaillé cet état d’esprit et je pense que je bosse comme tout jeune joueur qui veut progresser. »

Conscient de la situation à laquelle sa ville de naissance est confrontée, le Lion a eu à faire des dons de produits de première nécessité aux habitants de Mbacké, dans la région de Diourbel, vers la ville sainte de Touba. «Je connais la réalité du pays et je sais d’où je viens. Pour moi, c’est mon devoir de jeter un coup d’œil derrière. Je suis conscient de la situation des « Daaras », où les pensionnaires (Taalibés) se retrouvent souvent dans des conditions difficiles et je devais les aider. C’est comme ça. », conclut-il.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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