Mamadou Fall : «Je pense à être appelé en sélection, un jour»

Mamadou Fall, c’est son nom. Le sénégalais est en train de faire une bonne saison en Jupiler Pro League, où son équipe occupe la troisième place. L’ancien joueur de l’ASC Port Autonome de Dakar actuellement au Sporting Charleroi est revenu sur son parcours, sa saison actuelle et sur ses ambitions.

Né dans une famille sportive, Mamadou FALL peut être considéré comme la consécration footballistique d’une lignée de footballeurs du village de Yoff (Ndlr : dans les périphéries de Dakar). Vous pouvez sortir un 11 type avec des remplaçants dans ma famille. Il y n’avait que des footballeurs.

On ne faisait que jouer au football.  Que ce soit à la plage ou dans le quartier. Tous ceux qui me connaissent ne m’ont connu que dans le football. Etre footballeur est quelque chose de logique. J’ai toujours voulu l’être et je pense m’être donné à fond pour arriver à ce niveau. », nous rappelle l’attaquant de l’actuel troisième de Jupiler Pro League.

Comme tout jeune footballeur, Mamadou rêvait de devenir comme “ses idoles”. « “Ronaldo brésilien”, je l’aimais trop comme El Hadj Diouf.  Il a marqué mon enfance quand j’étais encore jeune. », nous dit-il. Entretien.

LE CONFINEMENT …

« On vit le confinement comme tout le monde. Pour ce qui est des entraînements du club, on a un groupe WhatsApp dans lequel le préparateur physique poste les séances, les exercices et tout ce qui va avec. J’essaie de faire mes exercices le soir avec la permission du préparateur physique qui nous l’a lui-même dit avant que le Ramadan n’arrive. En championnat, on était dans une bonne dynamique. On est troisième, à un point de la Gantoise. Si tout s’arrête-là, on sera en Europa League la saison à venir. », nous dit l’ancien joueur de la RS Yoff.

SES DÉBUTS AU SÉNÉGAL …

« J’avais effectué des essais en Norvège, grâce à Youssou Fall qui m’avait trouvé une invitation et un visa de trois mois. Mon club (Ndlr : Renaissance Sportive de Yoff) ne voulait pas que je parte parce qu’il était en mauvaise passe. J’avais décidé de rester pour éviter les tiraillements. Je suis parti à 18 jours de la fin de mon visa. Les jours étaient donc insuffisants pour convaincre les dirigeants norvégiens. C’est après que Youssou a encontre trouvé une autre invitation avec un visa d’une durée de trois (3) mois. C’était pour Hønefoss BK (Ndlr : championnat Norvège) et cela n’avait malheureusement pas marché pour moi.

A mon retour au Sénégal, je suis parti signer à la Compagnie Sucrière Sénégalaise (Ndlr : CSS). Par contre, j’ai commencé ma carrière de footballeur à la Renaissance de Yoff, après le Navétane. Deux saisons après la montée en Ligue 1, je suis parti donc à la CSS (Ndlr : il y joue deux saisons), puis à l’ASC Port Autonome de Dakar, où je n’ai pas pu finir la saison.

Le Sporting Charleroi m’a repéré au Port Autome de Dakar, après un match de championnat face au Jaraaf. Les agents n’étaient pas là pour moi. Mais quand ils m’ont vu, ils m’ont vite demandé de les rejoindre à Thiès. Je me s’y rendu et je me souviens avoir marqué les trois buts décisifs de l’équipe dans laquelle j’étais. C’est de là que tout a été décidé, avant que je ne rejoigne le club en Belgique où j’ai convaincu les dirigeants lors d’un match amical.

J’avais délivré les passes décisives de la victoire en amical et ils m’avaient fait signer dans l’équipe B. J’ai par la suite été prêté à White Star où il y avait Crimeau (ex-coach NGB) comme entraîneur. Lors de ma troisième saison à White, je finis meilleur joueur et meilleur buteur.  Je rejoins en prêt, Eupen où était Claude Makelelé, Diawandou Diagne, Babacar Niasse. Charleroi m’a donc récupéré cette saison, puis je suis sous contrat et mon prêt n’avait pas d’option. Eupen voulait que je reste, mais il y a eu un changement de coach au Sporting. Et ce dernier m’aime et me fait jouer. Donc, tout se passe bien. », a résumé Mamadou Fall.

LE CHAMPIONNAT SÉNÉGALAIS…

« Des fois, je me dis que les meilleurs talents sénégalais n’ont pas réussi. Le Sénégal a tellement de bons joueurs. J’avais un oncle qui me faisait dormir très tôt. Il suffisait qu’il me voit dehors pour me gronder, afin que je ne traîne pas dehors. C’est après que j’ai compris ce qu’il voulait de moi. Quand j’ai pris conscience de ses remarques et reproches, j’ai commencé à m’entrainer encore plus en individuel.

Les séances du club me paraissaient insuffisants. Certes, il est difficile de jouer là-bas, mais il faut garder ses rêves et travailler pour atteindre ses objectifs. Il y a du talent dans le championnat sénégalais. Quand on regarde la sélection locale et l’équipe nationale U20, on peut se rendre compte de l’avancée qu’il y a dans le football local sénégalais. C’est pourquoi je dis qu’il faut toujours être ambitieux et travailler dur pour y arriver ».

LE CHAMPIONNAT BELGE …

« Le championnat belge n’est pas aussi facile comme beaucoup de gens le pensent. Il y a déjà les playoffs qui sont très compliqués. On avait l’habitude de jouer un championnat en aller-retour comme au Sénégal et dans les autres pays. Ici, on peut rencontrer une équipe quatre fois pendant une même saison. », nous a fait savoir le probable futur Lion qui rappelle que lui et ses coéquipiers avaient comme objectifs de soulever la Coupe de Belgique. On avait comme objectif de remporter la Coupe. On a malheureusement été sortis par Zulte Waregem. On a ensuite pensé à jouer minimum les play-offs en fin de saison. », poursuit le yoffois. On a battu le record de points de l’histoire de Charleroi en Jupiler Pro League sur une saison. Et si tout s’arrêtait là, on se sera en Europa League.

Il y a un grand écart par rapport au championnat sénégalais que ce soit dans le domaine des infrastructures que sur le plan financier. Les dirigeants sénégalais n’ont qu’à continuer à travailler pour développer le football. Ils doivent aussi convaincre les sponsors à les rejoindre et tout avancera. Il faut continuer le travail. », a-t-il conclu à ce propos.

L’EQUIPE NATIONALE DU SÉNÉGAL …

« Bien sûr que j’espère être appelé en sélection nationale, un jour. Je n’ai jamais eu de contact avec Aliou Cissé (Ndlr : sélectionneur national du Sénégal), mais il arrivera le jour où Dieu le décidera. Tout footballeur rêve de défendre les couleurs de son pays. Je ne dirais pas que le championnat belge est un handicap parce que nos rencontres sont médiatisées. Kara Mbodj évoluait ici. Aujourd’hui, Krepin Diatta est là. Donc, le championnat n’est pas si mal. »

Conscient de la concurrence qui se joue à tous les postes de la sélection nationale du Sénégal, Fall se dit prêt au cas où coach Cissé fera appel à lui. Certes, les postes sont triplés en sélection, mais chaque joueur a son style et ses qualités. J’apporterai ce dont je sais faire une fois que je serai appelé. Ça va vite dans le football. Personne ne sait ce que demain sera fait. Le moment venu, tout se passera bien. », poursuit-il.

A regarder la dernière Coupe d’Afrique, on sent qu’on y est presque. Il faut continuer le travail. Il faut juste que les gens arrêtent de prôner des discours qui peuvent nous diviser. Pendant les compétitions, on doit arrêter de tirer d’un côté pendant d’autres tirent de l’autre côté. En Egypte, je ne pouvais croire un instant qu’on allait perdre la Coupe d’Afrique. Sur ce, je demande à tous les sénégalais de soutenir cette équipe. Ensemble, on peut y arriver. Une victoire du Sénégal restera la fierté de tout le peuple », insiste l’ailier de Charleroi.

LES SÉNÉGALAIS DU CHAMPIONNAT BELGE …

Nombreux sont des footballeurs sénégalais qui évoluent dans la Jupiler Pro League. Malgré qu’ils ne se connaissent pas trop, ils gardent de très bons rapports, nous dit-il. « J’ai de bons rapports avec les sénégalais du championnat. On n’est pas tous de vrais amis, mais on a de bons rapports. Et on se parle le plus souvent pendant les matchs. », révèle l’ancien portuaire.

Après cinq (5) saisons dans le championnat belge, Fall est bien placé pour évaluer les performances de ses compatriotes. Krepin ? Oui, c’est un bon joueur. Je prie Le Bon Dieu pour qu’il lui donne plus de force et de santé. Il a beaucoup de qualités. Il fait une très bonne saison cette année. Mes coéquipiers me parlent parfois de lui, surtout de ses qualités. Je connais Christophe Diandi depuis plusieurs années. Quant à Modou Diagne, c’est comme si je le connaissais depuis plus de 5 ans. Il m’a même invité à aller faire la rupture du jeûne chez lui il n’y a même pas deux jours. Il y est avec son frère. C’est quelqu’un de bien. Cela montre que c’est la famille. », avance-t-il.

Ici, on vit comme si on était au Sénégal. C’est toujours un plaisir de jouer dans une équipe où se trouvent des sénégalais. De mes débuts à aujourd’hui, je n’ai jamais vu un vestiaire aussi chaleureux que celui de Charleroi. On s’entend parfaitement bien que tout se traduit facilement quand on est sur le terrain. », renchérit l’attaquant de 28 ans.

SA VITESSE / SA RAPIDITÉ AVEC LE BALLON …

Footballeur à la rapidité sans égale, Mamadou Fall est de la race des attaquants sprinteurs. Mais ce talent n’est pas le fruit d’un travail effectué après. Le sénégalais dit etre né avec ses qualités athlétiques et physiques, la rapidité en particulier. « Ma rapidité est un don. Je suis rapide depuis tout jeune, et j’ai deux oncles qui sont plus rapides que moi. Je pense que c’est une affaire de sang. », nous révèle l’ancien attaquant de pointe. Je jouais comme numéro neuf et je marquais beaucoup de buts. J’ai été deuxième meilleur buteur de Ligue 2 et meilleur buteur de Ligue 2 au Sénégal. C’est en sélection nationale locale que Joseph Koto (ex-sélectionneur national du Sénégal) m’a fait jouer sur les côtés, mais j’étais un attaquant de point à mes débuts. », révèle l’ancien Panda.

SA SAISON / SES OBJECTIFS …

Percutant, Mamadou Fall est en train de vivre l’une de ses meilleures saisons dans l’élite belge. « Je veux marquer plus de buts, faire plus de passes décisives aussi, vu que j’évolue comme ailier. », nous dit-il. Depuis que je suis en Super Lig (Ndlr : 4 ans en Belgique), je pense que c’est l’une de mes meilleurs saisons (7 buts et 4 passes en 23 matchs). Je suis titulaire presque indiscutable et je suis également le troisième meilleur buteur du club derrière Shamar Nicholson et Younes Delfi. », poursuit le sénégalais, victime d’une blessure qu’il a vite oubliée. Je m’étais blessé pendant un long moment. Je suis resté à peu près 4 voire 5 rencontres sans jouer, mais quand j’ai repris, tout a été positif. », se rappelle-t-il.

Inspiré par les actions de Sadio Mané, Fall aimerait bien aider la population de Yoff. Sadio Mané est le meilleur footballeur africain et c’est une fierté. Et on veut tous faire comme lui ou plus pour la fierté de tous les sénégalais. Je peux dire que je rêve de faire comme lui en construisant des hôpitaux, des écoles etc., dans ma localité. Je prie pour que tous les joueurs aient cette possibilité et il faut toujours y croire. », souhaite Mamadou.

MERCATO …

Oui, j’ai prolongé mon contrat. Je pense que je partirai s’il y a une bonne offre. Prolonger ne veut pas dire que je ne peux pas partir. Si l’offre est bonne et que le Sporting juge qu’elle est convaincante, je partirai. J’avais des sollicitations en Turquie et en Ligue 2 française. Malheureusement, les choses n’ont pas connu une suite favorable. Je pense que le moment venu, je partirai. », se souvient-il.

Après un bon début de saison, le Sporting Charleroi a été contraint de se mettre aux arrêts comme tous les clubs belges. On était sur une bonne dynamique. On essaie de maintenir le cap pour revenir en force. Je suis dans un club où je continue ma progression. », renchérit-il.

Cette saison, le sénégalais a disputé 29 rencontres pour 7 réalisations et 3 passes décisives délivrées (Ndlr : sur 2.073 minutes disputées). Une saison pleine qui pourrait activer son départ vers un autre championnat plus huppé comme il le souhaite. Il y a Victor James Osimhen (Ndlr : International nigérian) qui était là la saison coulée. Il est en train de faire de très belles choses actuellement à Lille. J’aimerai rejoindre une équipe plus huppée que Charleroi et continuer ma progression. Et je pense que ce moment arrivera un jour. », se fixe-t-il comme objectif.