Lions en Club

Mbaye Diagne : «Ils ne prennent plus mes appels»

On en sait un peu plus sur la situation de l’ancien attaquant de la Juventus Turin Mbaye Diagne. Contrairement à ce qui se racontait, le sénégalais a tenu à rétablir la vérité sur ce qui tourne autour de sa situation entre Bruges et Galatasaray, lors d’un «Live Instagram» avec son capitaine Cheikhou Kouyaté.

Les choses vont vite dans le football. Entre le grand succès et la descente aux enfers, l’écart est parfois trop petit. Mais le plus important est de rester lucide et de savoir faire face à sa situation avec une bonne remise en question. C’est ce que Mbaye Diagne semble comprendre, puis que le Lion prend son mal en patience et se dit prêt à se relancer pour continuer sa progression.

A Bruges, les relations semblent être tendues. Selon Diagne, ses dirigeants ne prennent plus ses appels. Meilleure buteur en titre du championnat turc, le vice-champion d’Afrique s’est retrouvé quelques temps après avoir surclasser l’élite du pays de Recep Tayib Erdogan dans une situation inconfortable.

En manque de temps de jeu à Galatasaray SK, Diagne a trouvé son point chute en Belgique. Mais, à Bruges, le Lion n’a pas pu trouver ce dont il avait besoin pour retrouver ses jambes. Ce temps de jeu si précieux ne lui a pas été accordé comme il l’aurait souhaité. Pourtant, ses débuts étaient prometteurs avec le club brugeois. Mbaye a trouvé la faille trois fois sur deux matchs, soit un total de 4 buts en 6 rencontres de Jupiler Pro League, soit sur 12 matchs en toutes compétitions confondues cette saison avec le club belge.

Après son doublé (0-5) face à Yellow Red KV Malines aussi appelé KV Mechelen, le sénégalais a par la suite marqué face à La Gantoise (4-0), puis contre Zulte Waregem (0-2), soit trois rencontres après. Depuis sa belle prestation face à KV Courtrai aussi appelé KV Kortrijk (Ndlr : le 02 Novembre) durant laquelle il a disputé 62 minutes, le vice-champion d’Afrique n’est plus réapparu en championnat. Mais qu’est-ce qui a pu se passer entre temps ?

Il faut peut-être se souvenir du match de Champions League entre Bruges et Paris-Saint Germain, au Parc des Princes. Entré en jeu, Mbaye cherche à se mettre en position de frappe dans la surface parisienne, le brésilien Thiago Silva le déséquilibre et Monsieur Madden siffle le penalty sans hésiter. Bruges obtient donc l’occasion de se remettre les pendules à l’heure pour l’égalisation d’un but partout, après le but matinal de Mauro Icardi à la 22e minute.

Une occasion d’augmenter les chances des belges d’espérer une qualification, avant la dernière journée face à Galatasaray. Qui prend la balle du match ? Mbaye Diagne, pour se faire justice pour lui-même à 14 minutes de la fin du match. Son coach s’oppose à ce qu’il tire, mais il finit par prendre ses responsabilités et par rater malheureusement son tir, stoppé par Keylor Navas à la 76e minute.

Et c’était la goutte d’eau qui fera déborder le vase entre sur les rapports entre Mbaye et son entraineur. Mais qu’est-ce qui s’est réellement passé dans la tête de Mbaye au moment de prendre la balle ? C’est dans la presse belge qu’il nous en dira plus. « Je ne comptais pas tirer ce penalty au départ, mais le vice-capitaine (Vanaken, NdlR) m’a dit qu’il était trop nerveux pour le frapper. Vous savez que je n’en ai jamais loupé un penalty au Sénégal. Cet échec m’a fait mal et je le regrette ».

Mbaye admet être « venu à Bruges pour la Ligue des champions, pas pour le championnat », dira-t-il à nos confrères de La Dernière Heure/Les Sports aussi appelé DH. De là commence les problèmes avec une suspension de son club à la clef.

« Le club m’a suspendu pour quatre matches. Même si elle le faisait avec tous les joueurs, cette sanction n’était pas normale pour moi. Je pensais que c’était une véritable atteinte à ma dignité. Tu ne fais pas ça avec un joueur comme moi. », poursuivait-il. Mbaye se verra non-seulement suspendre, mais également mis au placard par son coach et même le club.

Une situation qui se complique aujourd’hui avec la montée spectaculaire de la propagation du Coronavirus qui a mis aux arrêts les compétitions sportives en Belgique et ailleurs. Il fallait donc attendre cette période de confinement et de couvre-feu pour avoir plus d’informations sur la situation, avec en appui, une longue et nette explication du sénégalais. Et c’est le concerné lui-même qui nous en dit plus, lors d’un Live Instagram avec son capitaine en sélection, Cheikhou Kouyaté, milieu de terrain de Crystal Palace.

« J’ai joué six matchs et j’ai marqué 4 buts, soit sur un total de moins de 90 minutes de temps de jeu. Je ne jouais que des bouts de minutes quand je suis arrivé. Lors de mon premier match, je n’ai joué que deux (2) minutes face à Cercle Bruges. Lors du deuxième, j’ai joué 8 minutes. Ce n’est pas comme ça qu’on fait intégrer un joueur qui vient d’arriver. Là, où j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui ne passait pas et qu’il ne m’aimait pas vraiment. Mais je vais vous expliquer une petite chose. J’ai aussi compris qu’il ne m’aimait pas quand j’ai vu les joueurs avec des Mercedes.

Pour ces voitures, une partie était payée par le club et l’autre par le joueur. J’ai pris la Mercedes et j’ai commençais par payer normalement. Après, je vois certains joueurs rouler avec des porches, les autres avec des BMW et je me dis qu’il n’y a pas de problème.

J’avais ma Maserati qui était en Italie. Je ne peux pas avoir une seule voiture, moi. Si ma femme doit aller au marché, elle ne pourra pas m’entendre. Et quand je dois voyager avec le club, je ne peux pas laisser la voiture à la maison, je ne peux que le laisser dans le parking du club pour le retour. Je ne peux même pas faire ça, disons-nous la vérité.

Alors, j’arrête d’aller à l’entrainement avec la Mercedes que j’ai laissé à ma femme et je prends la Ranges Rover. Ils appellent mon agent pour lui demander pourquoi je pars aux entraînements avec une autre voiture. Ce dernier (Ndlr : son agent) me dit non, la Mercedes est pour le sponsoring et je dois me rendre aux entraînements avec elle. Je lui fais savoir que les autres joueurs conduisent des voitures qui ne sont pas des Mercedes.

C’est là que j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui clochait mal. Nous sommes donc partis à Madrid. Tout le monde sait que c’est un rêve de jouer dans le stade du Real Madrid (Ndlr : Santiago Bernabéu). Le coach fait son classement et je reste sur le banc pendant plus de 90 minutes, sans rien dire. On joue face à Galatasaray, imagine contre une équipe qui m’a prêtée, je rester sur le banc pendant tout le match. Mêmes les gens de Galatasaray me demandaient ce qui se passait à Bruges.

Cheikhou, avant de venir ici, je ne pouvais penser à autre chose, car, en regardant les efforts du Président pour m’empêcher d’aller à Anderlecht et me faire signer dans son club, je ne pouvais pas avoir de doutes. Ils ont juste fait ce qu’ils voulaient. Face au Real Madrid, il y avait un joueur qu’il avait titularisé et qui était à zéro but. Moi qui venait d’arriver et qui avait fini meilleure buteur il n’y a pas trois mois, je ne joue pas. Vous trouvez cela normal ? Contre Galatasaray, il me fait entrer pour jouer treize minutes.

Contre Paris, à domicile, il me met au placard parce que je lui avais demandé dans son bureau, pourquoi il ne me faisait pas jouer ? Il ne me convoque pas (contre PSG en Champions League) et je ne dis rien. Le Président vient me dire que j’ai une part de responsabilité dans ce qui se passait. Je lui demande pourquoi disait-il cela ? Il me dit que c’est lui un tel et un tel, je laisse tomber en fermant la porte et en m’en allant.

Lors de l’avant dernier match (Ndlr : Contre le PSG au Parc des Princes), où nous avions eu la chance parce qu’en cas de victoire ou de match nul, on allait augmenter nos chances de nous qualifier, il m’appelle parce qu’on devait croiser Galatasaray après et qu’il avait besoin de moi pour gagner. Juste pour vous faire comprendre que ce sont des gens attirés par l’intérêt. Il m’appelle et me dit « Mbaye, c’est le moment ou jamais. Vous êtes venu pour la Ligue des Champions, fais quelque chose. ».

Ce soir-là, il avait besoin de moi. J’entre (contre PSG), et même pas quatre minutes après, Tiago Silva me fauche en pleine surface de réparation et j’obtiens un penalty. Mais je n’avais que marquer dans ma tête. Le nigérian (Dennis) me demande de tirer, puis le vice-capitaine me dit qu’il va frapper. Je lui dis de me laisser le tirer. Le coach, je ne le voyais pas et je ne savais pas qu’il s’était opposé à ce que je titre.

C’est pourquoi quand il y a penalty, je le prends pour marquer. « Les gens ne savent pas ce qui se passe. Je suis sous contrat de quatre ans et demi et ils me demandent si je suis toujours sous contrat ? Je suis là, je ne joue pas, mais on ne me fait payer mon salaire après chaque fin du mois. J’en remercie Dieu, car, dans la vie, personne ne sait ce qui peut arriver du jour au lendemain.

Des fois, vous êtes sans club et les équipes te proposent de petits salaires. Vous êtes obligés d’accepter parce que vous voulez vous relancer. C’est pourquoi je rends grâce à Dieu parce qu’il y a des joueurs qui se trouvent blessés etc. », a fait savoir à Kouyaté et aux followers, Diagne.

Globe-trotter, le buteur sénégalais passé par Bra (Italie), la Juventus Turin (Italie), Ajaccio (France), Lierse SK (Belgique), Shabab (Arabie Saoudite), KVC Westerlo (Belgique), TJ Teda (Chine), Újpest FC (Hongrie) et Kasımpaşa Spor Kulübü (Turquie) n’a pas manqué d’évoquer la prudence avec laquelle il prend toujours ses décisions, dit-il. Il y a eu des joueurs sans clubs qui sont restés chez eux ou qui évoluent dans des divisions inférieures. Je suis resté quatre mois (4) mois sans jouer avec Bruges. Si je n’étais pas sous contrat, comment allais-je faire ?

Tous ces clubs sont attirés par des intérêts. Quand vous n’avez pas de contrat, ils vous font du chantage avec de petits salaires. C’est pourquoi quand je partais à Galatasaray SK, j’avais signé pour quatre (4) ans et demi, pour qu’au cas où une mauvaise situation se produirait, je me mettrai à l’abris. Je ne suis pas le type d’attaquant qui va aller chercher les ballons sur les côtés et marquer. », explique le finisseur Diagne.

Même Falcao rencontre des problèmes pour marquer à Galatasaray. Les gens pensaient qu’il allait beaucoup marquer, mais c’est très difficile. Le numéro neuf court partout pour marquer. C’est pourquoi quand il y a penalty, je le prends. L’année du titre, je pouvais marquer plus, mais il y avait un peu d’égoïsme entre nous les attaquants. », martèle le sénégalais qui a récemment fait des dons à quelques pouponnières de Dakar.

Après la mise aux arrêts du championnat, la Ligue Pro belge a émis le souhait de déclaré la formation de Mbaye Diagne, Bruges, champion. Un nouveau trophée qui pourrait s’ajouter au palmarès du sénégalais, champion de Turquie en titre. Ce qui est sûr, c’est que Diagne risque de connaitre sa saison la plus compliquée depuis le relance de sa carrière à Kasımpaşa Spor Kulübü en 2018, où il débarquait en provenance de Tianjin TEDA (Ndlr : Club du championnat chinois).

« J’allais être la victime si jamais je m’étais retrouvé dans cette situation. Dans le football, personne ne sait ce qui peut arriver après. Ces dirigeants sont méchants. Ici, à Bruges, je ne vois personne. », dit-il. C’est moi qui paie ma maison. Avant ma signature, ils me suivaient comme des chiens. Ils m’avaient même promis un jet privé. Aujourd’hui, personne ne prend de mes nouvelles. Ma femme ne me laissera pas mentir. Des fois, j’essaie de les appeler quand il y a des choses qui ne marchent pas à la maison, mais ils ne prennent pas mes appels, je vous jure ».

Face à son coéquipier, il n’a pas hésité à prodiguer des conseils aux jeunes footballeurs qui le suivent. Je conseille aux jeunes joueurs de signer même si c’est dix ans. Ici, je rends grâce à Dieu. Il faut savoir que mêmes vos coéquipiers ne vont vous offrir de l’argent une fois que vous êtes au chômage. Personne n’a le temps, les gens accordent leur temps aux entraînements qu’à autre chose.

Il y a eu des joueurs sénégalais qui étaient sans contrat, voire au chômage et qui sont rentrés pour jouer dans le championnat national et qui se sont fait moquer derrière eux. Je ne vais pas citer des noms, mais des cas sont là. J’allais être la victime si jamais je m’étais retrouvé dans cette situation. J’allais entendre « Oui, Mbaye Diagne est sans contrat etc. ».

Regardez, je suis sous contrat et certains disent que je n’y suis pas. », révèle l’homme au grand cœur qui, il y a de cela quelques semaines, a aidé les populations de son quartier avec quelques produits de premières nécessités pour faire face à la propagation du Coronavirus.

Sous contrat avec Galatasaray, Mbaye Diagne devra se batailler fort, la saison prochaine pour retrouver son meilleur niveau et pourquoi pas retrouver la sélection nationale du Sénégal avec laquelle il a récemment été médaillé d’argent lors de la Coupe d’Afrique Egypte 2019.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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