Equipe Nationale

Que vaut le football sénégalais ?

Le football sénégalais se porte-t-il bien ? La réponse pourrait bien évidemment être négative si l’on campe le regard sur le fait de ne pas avoir gagné la moindre Coupe d’Afrique des Nations en équipe nationale A. Mais, est-ce un baromètre pour dire qu’il va vraiment mal ? Certainement non, puisque le pays de Sadio Mané a aujourd’hui, une bonne partie de ses catégories en nette progression au niveau sous-régional et continental, où elles atteignent au minimum le dernier carré, sans oublier que la sélection de beach soccer est maître en Afrique. Mais, que vaut réellement le football sénégalais ?

Le football sénégalais est en train de vivre des moments prometteurs, d’où la progression de ses différentes sélections qui commencent à s’imposer petit à petit dans la sous-région et même sur le plan continental. Entre 2003 et 2015, celles appelées « petites » sont les équipes qui éliminaient en éliminatoires de Coupe d’Afrique, en Coupe d’Afrique et en éliminatoires de Coupe du Monde, le pays d’Habib Bèye. Un signe indien qui semble être vaincu un certain temps. Des éliminatoires au phase de poules des compétitions, le Sénégal joue pleinement ses chances et atteint au minimum le dernier carré ces dernières années.

Des fois, l’impression que d’aucuns prennent le football pour une science exacte ne se cache plus. « Vu les joueurs que dispose le Sénégal, cette génération doit remporter au minimum trois Coupes d’Afrique. Malheureusement, le coach est « nul » et la fédération ne fait pas progresser notre football », nous dit Birame Sow, follower de Foot Sénégal qui soutient également que les sélections que les Lions battent sont « de petites équipes ». Alors, faut-il s’attacher au raisonnement presque « nihiliste » des uns pour tirer sur tout ce qui bouge ? Peut-on aussi reprocher à la Fédération Sénégalaise de Football (FSF) d’avoir négligé le développement du football ? Les avis sont partagés entre observateurs et dirigeants.

Pour les uns, il ne reste qu’une Coupe d’Afrique à l’équipe A pour rendre visible le travail abattu depuis quelques années. Sinon, le progrès est considérable selon d’autres. « Certes, le championnat local ne progresse pas comme voulu, mais le progrès est notoire, malgré les éliminations répétées des représentants du Sénégal en compétitions africaines », rappelle Alpha Diop, lui aussi follower de Foot Sénégal qui dit saluer les efforts des fédéraux et des dirigeants de clubs ainsi que des joueurs locaux et expatriés.

Depuis 2015, le Sénégal a connu une certaine constance dans ses différentes catégories qui jouent au minimum un quart de finale, une demi-finale ou une finale des tournois auxquelles elles s’engagent. Certes, l’équipe nationale A sous Aliou Cissé est sur une série de 31 victoires, 11 matchs nuls et 7 défaites pour 82 buts marqués et 33 concédés avec à la clef un quart de finale de Coupe d’Afrique, une qualification au Mondial (Ndlr : élimination au premier tour par Fair Play) et une finale de Coupe d’Afrique en 49 matchs disputés.

Certes, cette sélection nationale est dans une nette progression avec des chiffres qui parlent en sa faveur, d’où sa place au sommet du classement Afrique de la FIFA depuis plusieurs mois. Certes, ne serait-ce que pour son expérience de compétition, cette génération a déjà fait trois compétitions majeures (Coupe d’Afrique des Nations 2017, Coupe du Monde 2018 et Coupe d’Afrique 2019). Mais, il n’en demeure pas moins que les équations puissent naître. Est-ce aussi une raison pour ne pas s’inquiéter sur la façon de jouer et de gagner des Lions ? La réponse est bien évidemment négative et à la fois positive.

Déjà, par respect pour la glorieuse incertitude du sport. Ensuite, le Sénégal n’a jusque-là pas encore remporté une compétition continentale depuis que le football est le football (Ndlr : deux fois vice-champion d’Afrique, deux fois demi-finaliste de la Coupe d’Afrique et une fois quart de finaliste de la Coupe du Monde). Et enfin, si la sélection nationale A sénégalaise demeure une référence en Afrique, où elle domine le classement FIFA, elle paraît moins dominer son sujet dans les grandes compétitions, où elle laisse parfois transparaître quelques possibles faiblesses pendant même ses victoires.

Champion de l’Union des fédérations Ouest-africaines (UFOA) en U17, en U20, en A’ (Ndlr : équipe nationale locale mixée avec des expatriés) et en football féminin, le Sénégal est également finaliste de la dernière Coupe d’Afrique des Nations avec Aliou Cissé. Coachés par Youssouph Dabo, les U20 ont récemment été vainqueurs de la Coupe Arabe sans oublier qu’ils sont vice-champions d’Afrique en titre et quarts de finalistes du Mondial. Les minots de Malick Daf (Ndlr : sélectionneur U17) quant à eux, ont dernièrement atteint les 8e de finales de la coupe du monde de leur catégorie.

Les Lions du Beach Soccer sont encore une fois restés champions d’Afrique en titre avec à leur actif 5 couronnes continentale. En résumé, le football sénégalais n’a que les olympiques (U23) qui marchent au ralenti. Sinon, toutes les sélections progressent depuis un certain temps. Un dynamique prometteuse de la FSF et des différentes staffs techniques depuis un certain temps. Ce qui est sûr, c’est que le football sénégalais a progressé et est promis à un bel avenir.

Il s’agit d’une politique footballistique qui doit également être accompagnée d’idées qui ne cherchent non pas à prévoir le futur par le prolongement les bonnes performances enregistrées au cours d’une année, mais à les appréhender en anticipant l’influence de différents facteurs sur le destin des différentes sélections nationale. Ceci, grâce à une compréhension de l’évolution du football à l’intérieur et à l’extérieur du pays et grâce notamment à une évaluation correcte des différentes sélections nationales, ou encore par la consolidation et par l’amélioration des acquis du football à la base tels que le développement des championnats nationaux avec une réelle identification de points de rupture au sein des tendances auxquelles ils sont confrontés à l’image de la gestion politique dans le monde diplomatique.

Pour régner sur le toit de l’Afrique et titiller les grandes nations du football mondial, il va falloir se réinventer et penser à peaufiner une politique claire. Il s’agit d’adopter une politique dont l’idée est accentuée sur un fonctionnement systémique et proactive. C’est-à-dire un projet qui prend en compte les défis économiques, sociales, financières, culturelles, environnementaux, techniques, tactiques, logistiques etc., du pays pour la formation des fédéraux, membres des ligues (Ndlr : professionnelles et amateurs), des arbitres, stadiers, supporters, etc. L’anticipation dans le football doit également être futuriste avec un regard tourné sur les facteurs évolutifs tant sur le plan national, sous régional, continental qu’international.

Si l’on considère que les changements font partie intégrante de la vie quotidienne du football, la fédération sénégalaise de football est contrainte de les accompagner, et non de tenter d’y résister. Il faut un projet clair au niveau de l’instance dirigeante du football, des idées prometteuses, de bons formateurs mais une bonne graine aussi. En fait, la capacité d’anticipation d’une fédération qui se veut respectable et respecté constitue une des habiletés les plus indispensables à la gestion du changement, et cela plus que jamais si l’on considère l’environnement compétitif et instable dans lequel l’on vit ou évolue, surtout en Afrique où le Sénégal peine toujours à remporter un trophée continental (Ndlr : deux finales de CAN, toutes perdues).

Par contre, au cours de ces dernières années, la FSF a enregistré l’épanouissement de ses différentes sélections. Comme en politique, le football est une science qui doit être basée sur une compréhension rationnelle du futur, applicable à n’importe quelle catégorie ou équipe affiliée à la FSF. Il est connu dans le monde de la gestion des grandes associations, ce que la science politique appelle la politique d’anticipation. Elle s’identifie par des projets dont les méthodes sont prospectives et participatives. La dynamique dans laquelle le Sénégal s’est inscrit en 2019 a été constante tant au niveau de l’équipe nationale A que chez les jeunes (Ndlr : U17 et U20), en sélection nationale locale et en équipe féminine. Si la FSF arrive à mener une politique sportive solide accompagnée par des infrastructures de qualité avec un projet soutenu, d’autres Sadio Mané sortiront de l’ombre dans sous peu.

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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