Son humilité est frappante tout comme son calme, reflet de sa sérénité malgré les bons résultats qu’il ne cesse d’enregistrer tant en club qu’en équipe nationale du Sénégal des moins de 23 ans. Youssouph Dabo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait partie des valeurs sures du football sénégalais.
Ancien milieu de terrain de l’Union Sportive de Ouakam, de l’Union Sport du Rail et de la Renaissance de Dakar, Youssouph a entamé sa carrière d’entraineur au Red Star, en France, où il avait sous sa houlette, les U19 nationaux, étant en même temps dans le staff de l’équipe sénior. Des débuts qui l’ont mené sur le banc de Guédiawaye FC en Ligue 1 sénégalaise.
Au commande du Stade de Mbour après son expérience dans la banlieue dakaroise, l’ex-milieu de terrain a mené l’équipe de la station balnéaire en finale de Coupe du Sénégal perdue face au rival, Mbour Petite Cote, après le sacre devant Union Sportive de Ouakam suite à la décision de la Ligue Pro (2016) déclarant son équipe, victorieuse après des échauffourées occasionnant huit (8) morts.
Convoité par de nombreuses formations sénégalaises, Youssouph rejoint finalement Teungueth Football Club, mais garde une image positive du club de sa ville d’origine. « Certes, on a eu à faire de bonne choses à Mbour, mais le club nous a aussi permis de progresser par rapport à notre métier. », reconnaissait-il.
« Certes, je n’avais pas atteint tous mes objectifs à Mbour, mais je sentais que c’était le moment de partir. Teungueth Football Club me voulait depuis plusieurs années. D’autres équipes s’étaient manifestées, mais Babacar Ndiaye est celui qui m’a présenté le projet qui m’a le plus convaincu et j’ai accepté de me lancer dans cette aventure. », confiait-il.
Son arrivée sur le banc de l’équipe de la vieille ville de Rufisque a coïncidé avec la qualification de l’équipe en Coupe des Confédération. Malgré le prestige de disputer la compétition, Dabo suggère à son Président (Ndlr : Babacar Ndiaye, chargé de la petite catégorie à la fédération sénégalaise de football) de déclarer forfait pour mieux préparer la saison à venir (Ndlr : 2019-2020).
Chose promise, chose due comme nous le dit l’adage. Dabo surclasse la Ligue 1 sénégalaise, freinée par la propagation spectaculaire de l’épidémie du Coronavirus. A l’issu de la phase aller, Teungueth Football Club n’a pas fait de cadeau à ses adversaires.
Les rufisquois ont remporté 10 rencontres et enregistré 3 matchs nuls avec 22 réalisations et 6 buts concédés, soit 12 points de plus que le poursuivant direct : Jaraaf de Dakar (Ndlr : 2e, 21 points). Une domination sans faille qui aurait pu accoucher l’attribution du titre à la formation de Dabo, représentante du Sénégal en Champions League, mais non-déclarée championne de la saison à la surprise générale.
La Fédération Sénégalaise de Football (FSF) aurait pu s’inspirer de la saison 1988, où la Jeanne d’Arc de Dakar avait été déclarée championne du Sénégal après 12 journées disputées. En février de la même année, le contexte économique et social de crise s’était aggravé et le président de la République du Sénégal d’alors, Abdou Diouf, s’était fait reconduire dans ses fonctions avec plus de 73 % des suffrages, succès renforcé par la majorité absolue du Parti Socialiste aux élections législatives.
L’opposition, incarnée par l’avocat Me Abdoulaye Wade avait contesté les résultats occasionnant des émeutes et des affrontements avec les forces de l’ordre qui avaient conduit à la proclamation de l’état d’urgence. Trois mois plus tard (Ndlr : Le 17 mai 1988), suite à la libération Me Wade (Ndlr : deuxième à l’issue des résultats et leader de l’opposition), accusé d’avoir attisé les mécontentements à la suite des élections de février, l’état d’urgence s’était levé.
Une année plus tard (Ndlr : le 25 avril 1989), à la suite du pillage des boutiques tenues par des mauritaniens au Sénégal, environ 200 sénégalais sont massacrés à Nouakchott et à Nouadhibou en Mauritanie. Le couvre-feu était instauré dans tout le territoire sénégalais et le football s’était également fait paralyser, amenant les fédéraux à mettre aux arrêts le championnat tout en désignant la Jeanne d’Arc champion du Sénégal après 12 matchs.
Une situation qui aurait pu inspirer les membres du comité exécutif de l’actuelle instance dirigeante du football sénégalais qui avaient voté pour une non déclaration de champion en Ligue 1 et en Ligue 2. Une saison annulée, malgré les bonnes performances réalisées par les poulains de Youssouph Dabo.
« Je veux réaliser dans le coaching, ce que je n’ai pas pu faire en tant que footballeur », disait-il lors d’une interview accordée à FootSénégal.com au mois de Mars dernier. « J’ai choisi d’être entraîneur parce que c’est le métier dans lequel je me sens le mieux. », poursuivait-il. En tant que joueur, j’avais déjà cette attitude de coach sur le terrain. J’avais pour habitude de replacer mes coéquipiers quand on jouait et je pense que c’est une suite logique de ma carrière. », pouvait-on entendre du meilleur sélectionneur de la dernière Coupe d’Afrique des Nations de Football de moins de 20 ans.
Vainqueur du tournoi de l’Union des Fédérations Ouest-Africaines (UFOA) au Togo, l’ancien entraineur de Guédiawaye Football Club a aussi remporté l’édition organisée en Guinée, avant de qualifier à nouveau le Sénégal en finale de la même édition, à Thiès. En cas d’une victoire face à la Gambie, Dabo et les Lionceaux retrouveront la Coupe d’Afrique des Nations U20 dont ils sont vice-champions. De quoi rectifier le tir, après un Mondial au gout inachevé, suite à l’élimination au tir au but par la Corée du Sud (3-3 a.p., 3-2 tab).
Apprécié par de nombreux observateurs du fait de sa vision du football qui allie le « dominant » et le « dominé », Youssouph Dabo suscite des fois le débat par rapport à la succession sur le banc des Lions de la Teranga que dirige depuis 2015, son ami, Aliou Cissé. Humble et effacé, Dabo ne s’emballe pas malgré tout. « Je suis ambitieux comme tout le monde. J’ai beaucoup de challenges qui m’attendent à Teungueth et en sélection nationale U20. Je suis encore jeune et je ne suis pas pressé.
Diriger la sélection A arrivera à son heure. Pour l’instant, je me concentre dans mon club et en équipe nationale U20 », soulignait-il lors de notre entretien en Mars dernier. Ce qui est sûr, c’est qu’un succès face à la Gambie et un sacre à la prochaine Coupe d’Afrique augmentera grandement sa cote dans la sous-région.
Chérif Sadio Reporter indépendant.