L’annulation d’un carton rouge après consultation de la VAR en faveur du Maroc suscite l’incompréhension générale et de vives critiques de personnalités du football.
DAR ES SALAM, TANZANIE – 26 AOÛT 2025 – La demi-finale du CHAN 2025 entre le Sénégal et le Maroc restera dans les mémoires, non seulement pour son suspense mais surtout pour une décision arbitrale qui fait polémique. Alors que les Lions de la Téranga semblaient avoir le match en main, l’arbitre central a annulé un carton rouge initialement attribué au défenseur marocain Marouane Louadni, après consultation de la VAR. Une volte-face qui a déclenché une vague d’indignation et, selon beaucoup, pesé lourdement sur l’issue de la rencontre.
L’action qui a tout changé
L’attaquant sénégalais Vieux Cissé, lancé plein axe vers le but, est fauché par Marouane Louadni, dernier rempart défensif. L’arbitre siffle la faute et brandit immédiatement un carton rouge, logique pour avoir annihilé une occasion manifeste de but.
Mais, après recours à la VAR, le verdict tombe : le rouge est rétrogradé en simple jaune. Coup franc pour le Sénégal, mais le Maroc conserve son défenseur. Une bascule qui a fait basculer le match.
Réactions : de l’indignation à la consternation
La décision a suscité une levée de boucliers dans le monde du football sénégalais et au-delà.
Chérif Sadio, ancien directeur du Casa Sports et actuel directeur du développement du SFC Neuilly-sur-Marne, n’a pas mâché ses mots : « Nous allons passer pour de mauvais supporters, mais ce que l’arbitre a fait sur cette action est honteux et dépasse le ridicule. […] Comment peut-il maintenir la faute, annuler le rouge et donner un jaune ? Il aurait même pu ne pas siffler faute du tout. », a dit l’enseignant en langues étrangères sur Twitter.
Même son de cloche pour Hervé Penot, journaliste à L’Équipe et RFI : « Incroyable décision de l’arbitre : il avait donné un rouge et l’enlève ensuite. Si y’a pas rouge là… le Maroc s’en sort très bien. »
Le Maroc, effectivement, s’imposera plus tard aux tirs au but, validant le caractère déterminant de cette séquence.
Analyse technique : les nuances du règlement
Face à la polémique, certains analystes ont tenté d’apporter un éclairage plus nuancé.
Anthony Pla, journaliste à New World, rappelle un point essentiel : la notion de « dernier défenseur » n’existe pas dans les Lois du Jeu. Celles-ci parlent d’« annihiler une occasion manifeste de but », à évaluer selon plusieurs critères :
• La distance entre la faute et le but
• Le sens du jeu
• La probabilité de conserver ou récupérer le ballon
• Le placement et le nombre de défenseurs
Selon lui : « L’arbitre semble estimer que le joueur sénégalais pousse le ballon trop loin juste avant le contact. […] Personnellement, je pense que c’est une occasion nette de marquer. On ne peut pas considérer le ballon comme perdu. Pour moi, c’est carton rouge. »
Le sentiment d’injustice, encore et toujours
Au Sénégal, cette décision est vécue comme une nouvelle blessure arbitrale dans une grande compétition. Moussa Konaté, ancien international, dénonçait déjà plus tôt « un deux poids, deux mesures » au détriment de certaines nations africaines.
Loin d’apaiser, l’utilisation de la VAR dans ce contexte a renforcé la frustration. Ce qui devait servir la justice sportive a ici, pour beaucoup, validé une décision jugée incompréhensible.
L’arbitrage africain face à sa crédibilité
Alors que le Maroc disputera la finale, la polémique relance le débat sur la formation des arbitres africains et l’usage de la VAR. Sans communication transparente ni explication claire a posteriori, la défiance ne pourra que grandir.
Comme le résume avec amertume Chérif Sadio : « C’est RIDICARD. »
Une formule qui traduit un malaise profond : tant que ce sentiment d’injustice persistera, la crédibilité des compétitions africaines continuera de vaciller.
La finale du CHAN 2025 se jouera sous le signe de la controverse. Reste à savoir si la CAF saisira enfin l’occasion pour revoir en profondeur ses standards d’arbitrage et sa communication.