Depuis son élection à la tête de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Abdoulaye Fall multiplie les apparitions publiques et les déplacements officiels, alors qu’il n’a pas encore effectué sa passation de service avec le président sortant Me Augustin Senghor.
Un détail n’échappe plus aux observateurs du fotball sénégalais : Abdoulaye Fall est presque toujours accompagné d’Abdoulaye Saydou Sow, tandis que son premier vice-président, Babacar Ndiaye, brille par son absence. Un choix qui alimente les spéculations et soulève de nombreuses interrogations sur les équilibres internes du nouvel exécutif fédéral.
Une dynamique visible : Fall et Sow, un tandem assumé
Dès ses premiers jours à la présidence, Abdoulaye Fall a affiché une proximité marquée avec Abdoulaye Saydou Sow. Ensemble, ils se sont rendus à la RTS1 pour une première sortie et rencontre médiatique post-élection. Ils se sont entretenus avec Pape Alé Niang, directeur général de la télévision publique du pays, sans la présence du premier vice-président de la FSF, par ailleurs président de la Ligue Sénégalais de Football Professionnel (LSFP), vainqueur des élections devant le même Abdoulaye Sow qui accompagne et s’affiche aujourd’hui avec M. Fall partout.
Plus récemment, le président de la FSF s’est déplacé à Rabat, puis à Nouakchott, invité par Ahmed Yahya, président de la Fédération Mauritanienne de Football. Là encore, c’est Sow qui figurait à ses côtés, confortant l’image d’un binôme opérationnel. Cette récurrence intrigue, car en principe, c’est le premier vice-président, donc Babacar Ndiaye, qui incarne la continuité hiérarchique et accompagne le président dans les grands rendez-vous institutionnels.
Abdoulaye Saydou Sow, la légitimité d’une présence interrogée
Contrairement à ce que laisse suggérer sa présence constante aux côtés d’Abdoulaye Fall, l’ancien ministre Abdoulaye Saydou Sow n’occupe aujourd’hui aucune fonction officielle au sein de la FSF. Battu lors de l’élection à la présidence de la Ligue Pro face à Babacar Ndiaye, il a également perdu son siège au comité exécutif de la Fédération, dont il était membre jusqu’à la veille du scrutin. Autrement dit, son statut institutionnel actuel est nul, et sa légitimité dans les affaires fédérales demeure fragile. Même si certaines sources avancent qu’il pourrait être pressenti pour occuper demain le poste stratégique de secrétaire général, cette perspective n’est encore qu’une hypothèse. Dans l’immédiat, sa visibilité auprès du président Fall, combinée à l’absence remarquée de Babacar Ndiaye, nourrit des interrogations profondes sur la répartition des rôles et sur la transparence de la gouvernance fédérale.
Babacar Ndiaye, l’absent qui interroge
L’absence de Babacar Ndiaye est d’autant plus frappante qu’il cumule une double légitimité : premier vice-président de la FSF et président de la Ligue Pro, instance qu’il dirige depuis sa victoire électorale face à Abdoulaye Saydou Sow. Le contraste est saisissant : l’homme qui a politiquement pris le dessus dans la Ligue Pro se retrouve aujourd’hui en retrait dans les apparitions fédérales, alors que son rival d’hier s’affiche comme le compagnon privilégié du président Fall. Faut-il y voir un simple choix conjoncturel, lié à des contraintes d’agenda, ou bien le signe plus profond d’un déséquilibre dans la répartition des forces au sein du nouveau bureau fédéral ? Selon nos informations, obtenues d’une source proche des deux personnalités, Babacar Ndiaye ne serait pas informé de certains déplacements de M. Fall. Il observerait toutefois la situation avec attention, prendrait note des évolutions, tout en restant concentré sur sa passation de service à la Ligue Pro prévue le 23 août et sur la préparation de la prochaine saison du championnat, prévu en octobre.
Héritages de coalition et rivalités non dissipées
Lors de la campagne fédérale, Babacar Ndiaye et Abdoulaye Saydou Sow n’étaient pas dans la même coalition. Cette fracture de départ continue-t-elle de peser sur la cohésion de l’équipe dirigeante ? Dans l’histoire du football sénégalais, les alliances électorales ont souvent été fragiles, fragilisées par des rivalités de personnes et de structures. Certains analystes estiment qu’Abdoulaye Fall cherche à consolider son autorité en s’appuyant sur des figures loyales de sa coalition initiale, quitte à marginaliser momentanément des acteurs considérés comme plus indépendants, voire concurrents.
Quelles conséquences pour la gouvernance fédérale ?
Au-delà des symboles, la situation pose un enjeu concret : celui de la collégialité dans la gestion de la FSF. Si le tandem Fall-Sow venait à s’imposer comme le noyau décisionnel, Babacar Ndiaye, pourtant premier vice-président, pourrait voir son rôle institutionnel amoindri. Cela risquerait d’alimenter des tensions internes, voire de fragiliser l’unité du bureau fédéral à moyen terme.
Dans un contexte où le football sénégalais doit affronter des chantiers majeurs, professionnalisation de la Ligue Pro, financement des clubs, préparation des échéances continentales et mondiales, la stabilité et la confiance au sommet de la fédération apparaissent comme des conditions indispensables.
Entre malaise et stratégie de pouvoir
Il est donc légitime de s’interroger : assistons-nous aux premiers signes d’un malaise autour de Babacar Ndiaye et Abdoulaye Fall ? Ou bien s’agit-il d’une stratégie assumée de répartition des rôles, où Abdoulaye Saydou Sow endosse un rôle de « conseiller politique » et d’homme de confiance du président, pendant que Babacar Ndiaye se concentre sur la Ligue Pro ? Seul le temps dira si cette configuration est conjoncturelle ou si elle annonce une recomposition durable des équilibres internes. Mais une chose est certaine : dans les coulisses du football sénégalais, les symboles ont toujours une portée politique, et l’absence répétée de Babacar Ndiaye en est un que les acteurs et les supporters n’ont pas manqué de remarquer.