Souleymane Diallo, du banc de touche au banc de l’université : l’ascension d’un entraîneur docteur. L’histoire de Souleymane Diallo est celle d’une revanche éclatante.
Ancien gardien de but, il n’a pas marqué son époque comme joueur professionnel, mais il s’est construit patiemment un destin d’entraîneur. Aujourd’hui, à la tête de l’équipe nationale locale du Sénégal qu’il a menée en demi-finale du CHAN 2024, il incarne un modèle de réussite par le travail, la persévérance et l’alliance entre sport et études.
Natif de Ziguinchor, Souleymane Diallo a d’abord marqué les terrains en tant que gardien de but. Solide sur sa ligne, charismatique dans sa surface, il s’est imposé comme une figure familière du football casamançais. Dans sa ville natale, tout le monde l’appelait affectueusement « Zenga », en référence au mythique portier italien Walter Zenga, dont il rappelait l’agilité et la prestance.
Si sa carrière n’a pas atteint les plus grands sommets, Zenga a laissé l’image d’un gardien respecté, aimé de ses coéquipiers et craint par les attaquants adverses. Ses arrêts décisifs ont marqué les souvenirs des amateurs de football de Ziguinchor, où son surnom résonne encore comme celui d’un dernier rempart fidèle et passionné.
Du terrain à l’INSEPS : un parcours académique solide
Après avoir raccroché les gants, Souleymane Diallo s’oriente vers les études. Diplômé de l’INSEPS (Institut National Supérieur de l’Éducation Populaire et du Sport), il devient professeur d’Éducation Physique et Sportive. Animé par la passion du football, il poursuit sa formation et obtient ses diplômes d’entraîneur. En 2025, il franchit un nouveau cap en soutenant une thèse de doctorat, devenant docteur en sciences du sport, une rareté dans le milieu.
Une expérience forgée auprès des meilleurs
Sa carrière sur le banc a commencé dans l’ombre mais aux côtés des plus brillants techniciens. Assistant de l’excellent Moustapha Seck à Teungueth FC, il vit la montée du club en Ligue 1 avant de lui succéder. Dans la foulée, il remporte la Coupe de la Ligue avec Teungueth, avant de céder sa place à un autre technicien reconnu, Youssouph Dabo.
Rebondissant à Guédiawaye FC, il confirme son talent en guidant le club jusqu’à une brillante deuxième place derrière le Casa Sports, redonnant vie et ambition à une équipe qui ne faisait pas partie des grands favoris. Parallèlement, il forge son expérience dans les sélections de jeunes avec les sélectionneurs successifs tels que feu Joseph Koto, d’abord adjoint en U17 puis en U20, accumulant un savoir-faire précieux au contact de la formation, d’abord en tant que préparateur physique, puis assistant et aujourd’hui sélectionneur principal.
Une revanche personnelle et professionnelle
Aujourd’hui, en tant que sélectionneur de l’équipe nationale A’ (locale), Souleymane Diallo vit son rêve : amener le Sénégal sur les sommets du football africain. Celui qui n’a pas eu une carrière de joueur flamboyante cherche à soulever en tant qu’entraîneur les trophées qu’il rêvait de gagner sur le terrain.
Au-delà des victoires sportives, son parcours illustre la réussite d’un modèle : celui d’un sportif qui a choisi de compléter son expérience pratique par une solide formation académique. Une trajectoire inspirante pour la jeunesse sénégalaise, et la preuve qu’allier sport et études peut ouvrir la voie vers les plus hauts sommets.
À l’approche de la demi-finale face au Maroc, Souleymane Diallo mesure pleinement l’enjeu. Le Sénégal, champion en titre du CHAN, n’a pas le droit à l’erreur : il doit défendre son trône et prouver que sa domination sur le football local africain n’était pas un hasard. Ce choc contre les Lions de l’Atlas, vainqueurs de l’édition précédente, résonne comme une véritable finale avant l’heure.
Dans son esprit, l’objectif est clair : imiter Pape Thiaw, l’artisan du sacre historique en 2022, et inscrire à son tour son nom dans la légende. Aller chercher la finale serait non seulement une continuité dans l’histoire récente des Lions locaux, mais aussi l’accomplissement d’un rêve personnel pour un entraîneur qui a longtemps attendu ce moment. Plus qu’un simple match, cette demi-finale symbolise une passation et une confirmation : celle de porter haut les couleurs du Sénégal et de montrer que la relève est déjà prête.
Docteur Diallo est plus qu’un entraîneur : il est devenu une référence et un exemple. Parti d’un poste de gardien discret, il s’est bâti pas à pas une légitimité jusqu’à devenir docteur et sélectionneur national. En demi-finale du CHAN, il poursuit son rêve avec l’ambition de transformer sa revanche personnelle en gloire collective pour tout un pays.