Ablaye Mbengue : «Pourquoi je n’avais pas signé à Beşiktaş»

« Ma famille voulait que je fasse mes études, mais je croyais beaucoup au football et je ne voulais pas les vexer. Je partais à l’école le matin pour m’entrainer le soir au football. Ce n’était pas évident. », a révélé Ablaye Mbengue. Un entretien à cœur ouvert que l’ancien joueur de CNEPS Excellence nous a accordé.

Confiné chez lui à Grozny, Ablaye Mbengue se porte bien, nous dit-il. « Tout se passe bien ici. Le climat n’est pas stable parce qu’elle change de temps en temps, mais je me porte super bien. », a-t-il poursuivi. Vito comme les intimes l’appellent, n’a pas manqué de revisiter ses débuts, sa saison actuelle et ses ambitions à long et à court terme.

Meilleur buteur du championnat gabonais en 2014 avec le Football Club de Sapin (Gabon), Ablaye Mbengue a d’abord surclassé le pays de Pierre Aubameyang qui aurait pu devenir son coéquipier, avant de débarquer en Russie. Ce grand fan de Karim Benzema est un attaquant au profil intéressant qui n’a pas froid aux yeux. « La façon de jouer de Benzema m’attire beaucoup. Il aspire le jeu et met en valeur ses amis. », a fait savoir celui qui se fait appeler à Thiès, Vito.

Le sénégalais a entamé sa carrière dans la Cité du Rail, où il jouait comme ailier dans le “Navétane”. J’étais excentré puis numéro 10. Ce qui m’a amené à jouer en numéro 9, grâce notamment à mon gabarit et mes qualités athlétiques et physique. Mis le jeu de tête est le fruit d’un travail », nous révèle l’ancien goleador du FC Sapin (Ligue 1 / Gabon)

SES DÉBUTS DANS LE FOOTBALL…

«J’ai débuté ma carrière de façon aussi sérieuse dans les petites catégories de CNEPS, avant d’aller à ETICS en 2012. Le Jaraaf m’a repéré après les phases nationales organisées à Dakar, où Ndoffène Fall m’avait vu et sollicité. Mais le problème au début de ma carrière était dû au fait de cumuler le sport et les études. J’étais à l’ISM de Thiès et je ne pouvais pas m’entrainer tous les jours comme mes coéquipiers.

J’avais la chance d’avoir un coach compréhensible à CNEPS comme à ETICS qui me comprenait. Quand le Jaraaf m’avait donc repéré, j’ai fini par partir avec l’équipe. Dans la foulée, on me présente une offre venant du Gabon et je décide de saisir l’occasion parce que l’offre était meilleur que ce que le Jaraaf me proposait. Je finis meilleur buteur du championnat gabonais (FC Sapin) en 2014.

De là, des propositions m’étaient parvenues pour l’Algérie, où je m’étais retrouvé, à Oran plus précisément. Mais mon agent avait également reçu des propositions venant de la Turquie, sachant que je voulais rejoindre l’Europe, j’avais alors saisi l’occasion. J’étais à Adanaspor. Vu que les équipes russes venaient faire leurs présaisons en Turquie, les dirigeants du FC Akhmat Grozny m’avaient découvert là-bas, avant de me demander d’aller faire des essais chez eux.

LE CHAMPIONNAT GABONAIS

«Quand je venais de rejoindre le Jaraaf, beaucoup de clubs me voulaient. Mais j’avais décidé de rejoindre le FC Sapin où il y avait Mor Soumaré (Ndlr : ex-international sénégalais) avec qui j’avais échangé avant de m’engager. J’y avais trouvé Sidy Ndiaye aussi. Le FC Sapin m’avait proposé des sommes que le Jaraaf ne pouvait pas me payer, très franchement.

Mes débuts dans ce pays n’étaient pas du tout faciles. Je venais de découvrir ce championnat, sachant que je n’avais pas évolué dans le championnat sénégalais auparavant. C’est au Gabon que je m’étais forgé à devenir celui que je suis devenu aujourd’hui. Le coach que j’avais au FC Sapin me mettait beaucoup de pression pendant la préparation et les matchs pour que je fasse la différence. Cela m’a beaucoup fait progresser. Sinon, le championnat du Sénégal est plus technique que celui du Gabon qui est un peu très dur sur le plan physique.

SÉLECTION DU SÉNÉGAL…

Jamais appelé en sélection, ce fan de Karim Benzema pense pouvoir apporter quelques détails à la formation d’Aliou Cissé. «Je suis beaucoup Karim Benzema et Firmino parce que j’aime leur façon de jouer et je joue de cette façon, décaler et basculer le jeu. », dit-il avant que rappeler son rêve de porter la tunique des Lions. «C’est le rêve de tout footballeur sénégalais. Je pense que j’ai beaucoup de choses à apporter à la sélection. Quand je regarde notre attaque, je me dis que nos attaquants ont presque tous le même style de jeu.

Ce sont de bons attaquants, de vrais avant-centre qui aiment jouer un peu plus dos au but, et ils ont presque tous le même profils. Je pense pouvoir apporter ma touche en tant qu’un attaquant capable d’aller sur les côtés et d’aspirer le jeu. Je vois comment joue Sadio Mané, et je pense pouvoir trouver une complicité avec lui. Il aime permuter et jouer à une touche avec l’attaquant de pointe, faire des passes en profondeur comme il le fait avec Firmino en club. Je pense que je peux faire à peu près la même chose avec lui.

Après, je n’ai pas de contact avec le coach ni un membre du staff. Je ne dirai pas que c’est à cause du championnat russe parce que Baye Oumar Niass évoluait ici et il était souvent sélectionné. Donc, tout peut changer. On verra ce que je pourrai apporter quand le sélectionneur m’appellera. Dieu est Grand. Je reste confiant et j’attends mon heure.»

NATURALISATION GABONAISE…

Après avoir surclassé le championnat gabonais, Ablaye Mbengue avait été annoncé en équipe nationale du pays de Daniel Cousin. Et le souhait de naturaliser le Lion est toujours d’actualité, apprend-on. du concerné qui dit ne pas s’intéresser à cette offre. « Un journaliste gabonais m’a récemment écrit encore une fois pour m’en parler. Même le Président de la fédération, par le biais d’un autre journaliste veut me faire jouer pour le Gabon.

Il m’avait été proposé 150 millions de francs pour accepter la naturalisation. Mais, mon objectif est de jouer pour mon pays, le Sénégal. Daniel Cousin était à l’époque le Manager de l’équipe et il voulait me convaincre à jouer pour le Gabon, mais je ne pense qu’au Sénégal parce que c’est mon pays », a soufflé l’homme dont le but a fait le tour du monde. «Ce but m’a vraiment fait plaisir, surtout quand il était devenu viral dans les médias et les réseaux sociaux. Voir mon nom parmi les lauréats du Prix Puskas (Ndlr : Le prix Puskás de la FIFA, créé le 20 octobre 2009 en hommage à Ferenc Puskás, grand buteur hongrois des années 1950 et légende internationale du football, récompense le joueur ou la joueuse ayant marqué le « plus beau but » de la saison.) a été un grand plaisir. De nombreux attaquants ont pris leurs retraites sans y figurer et c’est quelque chose de très spéciale. »

Je garde de bons souvenirs dans le football. Je me souviens d’un match derby avec un club de Moscou », nous dit-il. Je voulais rester encore parce que j’étais sur un contrat de trois mois. On jouait face au Dynamo Moscou et j’avais inscrit un doublé ce soir-là. Le Président, content, m’avait même offert une voiture après. », a-t-il révélé. On avait aussi joué face à l’AS Roma (Italie) en amical et il y avait Francesco Totti, Edin Dzeko, Aleksander Kolarov, Dabiele De Rossi et d’autres grands joueurs sur le terrain. Cela m’avait beaucoup marqué. Ce sont des moments forts dans ma carrière. »

SA SAISON…

La saison était bien partie, avant qu’on ne se retrouve dans une situation difficile. Comme on avait changé de coach, les choses avaient commencé à se compliquer. «L’entraineur qui m’avait fait prolonger de trois saisons avait été démis de ses fonctions. Son remplaçant n’avait pas pu faire de bons résultats et il avait lui-aussi été remplacé. On est dernier au classement en ce moment. Malheureusement, je m’étais blessé, avant que le Coronavirus n’arrive. Il nous reste 8 journées et on va tout faire pour nous en sortir. On ne pourra pas descendre parce qu’il y a une réforme qui cherche à réduire le nombre d’étrangers et à ajouter les équipes dans l’élite. Donc, quoi qu’il advienne, on sera en première division la saison à venir. Seules les deux premières équipes du classement du FNL (Ndlr : deuxième division russe) vont monter en Premier Liga. »

LA RUSSIE…

«L’objectif était d’aller monnayer mon talent en Europe et je n’avais pas hésité quand l’offre de la Russie m’était parvenue. C’était à Adanaspor. Il y avait des problèmes avec la date des transferts qui venait d’être expirée en Turquie et le club voulait me retenir pour patienter mercato d’après. Mon agent n’était pas d’accord parce qu’il voulait que je trouve un club pour continuer ma progression. Un autre agent m’avait donc demandé d’aller en Russie, où il avait trouvé l’invitation avec FC Akhmat Grozny.

J’avais signé pour trois mois avec 4 buts marqués en 5 matchs disputés. Les dirigeants m’avaient demandé de prolonger après. », nous a fait savoir Vito qui rappelle que ses débuts n’étaient pas faciles. Quitter un pays francophone et aller dans un pays où on ne parle que russe n’était pas évident. Je parlais anglais, mais pas aussi bien que je le voulais », se souvient-il.

SES OBJECTIFS / MERCATO…

«Le rêve est de m’approcher des championnats où les sénégalais jouent régulièrement. Mes agents y travaillent et j’espère que les choses vont changer d’ici peu de temps. J’avais un contrat de 4 ans avec FC Akhmat Grozny. Montpellier et Genk étaient venus, pensant que j’étais libre, mais non, j’avais prolongé. J’avais aussi signé un mandat avec l’agent, sachant que la durée du mandat n’avait pas encore pris fin. Alors, quand j’avais reçu les propositions, il m’était impossibles que je parte à cause de cela. J’avais donc décidé de rester et je ne le regrette pas. », admet Ablaye Mbengue. Je reçois régulièrement des propositions, mais mes agents s’en occupe.

Le RC Lens me voulait la saison dernière, mais je ne voulais pas quitter l’élite russe pour la Ligue 2 française. Pour moi, ce n’était pas un bon choix parce que je venais de faire une bonne saison et de grands clubs comme Beşiktaş Jimnastik Kulübü était venu et j’étais même parti voire les installations en Turquie. Malheureusement, le président qui voulait me faire signer avait été remplacé peu après et cela avait fait capoter mon départ.

Je m’intéresse aux championnat d’élite comme la Premier League, la France, la Turquie et même la Belgique. Comme vous le savez, la Premier League demande à avoir des sélections en équipe nationale A. J’espère que j’y arriverai un jour parce que le niveau est là. Le championnat est tellement difficile qu’après un départ vers l’Europe de l’Est, on explose. », conclu le probable pensionnaire de la tanière des Lions.