Le football libyen a longtemps été un acteur discret mais ambitieux de la scène africaine. Dans les années 2010, le pays du Nord de l’Afrique a montré qu’il possédait du potentiel, malgré un contexte politique et social instable. Mais depuis cette parenthèse semi-dorée, les difficultés structurelles, l’absence de stabilité dans le championnat local et le manque d’investissement ont freiné toute dynamique.
Tripoli, 20 Sept. 2025 – Aujourd’hui, un nom revient avec insistance dans les discussions : celui d’Aliou Cissé. Le sélectionneur sénégalais, auréolé de ses succès avec les Lions, pourrait incarner l’espoir d’une véritable renaissance avec son assistant, Youssouph Dabo.
Un palmarès qui inspire le respect
À 48 ans, Aliou Cissé est plus qu’un entraîneur : il est devenu un symbole pour le football africain. Sous sa houlette, le Sénégal a disputé deux finales consécutives de Coupe d’Afrique des nations, remportant la première grand-messe du football africain de son histoire en 2021 face à l’Égypte. Il a également qualifié son pays pour deux Coupes du monde successives (2018 en Russie, 2022 au Qatar), consolidant l’image d’une sélection compétitive et respectée.
Au-delà des résultats, Cissé s’est imposé comme un meneur d’hommes. Son style, mélange de discipline, de proximité et de patriotisme, a contribué à renforcer l’unité d’une génération dorée (Sadio Mané, Kalidou Koulibaly, Édouard Mendy…). Cette réputation dépasse désormais les frontières sénégalaises. Pour une Libye en quête de repères, l’expérience d’un tel entraîneur représente une opportunité inédite.
La Libye, un football en quête de renouveau
Le championnat libyen a souffert ces dernières années d’interruptions répétées dues à l’instabilité politique et sécuritaire. Nombre de jeunes talents choisissent l’exil, souvent vers la Tunisie, l’Égypte ou l’Europe, faute de structures solides dans leur pays.
L’équipe nationale peine à rivaliser sur la scène africaine, malgré quelques individualités prometteuses. Mais depuis l’arrivée de Cissé, les Chevaliers de la Méditerranée enchainent les victoires (deux victoires successives) et augmentent même leurs chance de se qualifier à la Coupe du Monde 2026, peut-être parmi les meilleurs deuxième devant disputer les barrages.
Khaleed Ben Moctar, journaliste sportif libyen, connu dans la presse locale, résumait récemment la situation: « Nos joueurs ne manquent pas de talent, mais il nous manque une vision et un encadrement de haut niveau. Nous avons besoin d’un entraîneur capable de bâtir une équipe et d’imposer une discipline et c’est précisément ce que représente Aliou Cissé depuis son arrive : un leader capable de transformer une génération dispersée en un collectif compétitif. »
Un défi sportif, mais aussi politique
Accepter un projet en Libye ne se résumerait pas à une mission sportive, c’est un défi global mêlant diplomatie, management et patience. L’environnement reste fragile, et bâtir une équipe nationale compétitive dans un tel contexte nécessite plus que des compétences tactiques.
Pour Cissé, qui a toujours affirmé vouloir servir l’Afrique au-delà des frontières sénégalaises, ce challenge pourrait être une suite logique de son parcours. Comme le souligne notre confrère de Tripoli : « L’arrivée de Cissé qui est d’un gros calibre donne un signal fort à notre football : celui que la Libye veut redevenir un acteur du football africain et qu’elle est prête à s’inspirer des meilleures pratiques. »
Une révolution possible, mais à construire
L’hypothèse de voir Aliou Cissé remettre la sélection libyenne à sa plus grande place n’est plus une illusion, mais un projet qui se dirige vers des prémices d’un lendemain plus ou moins certain. Même l’évocation de son nom lors de sa nomination a suffi à créer une dynamique : les supporters rêvaient, les médias débattaient, et les jeunes joueurs se projetaient dans une équipe dirigée par l’un des entraîneurs les plus respectés du continent.
Le défi est immense : relancer l’équipe nationale, le championnat local, structurer la formation des jeunes, attire les expatriés et les binationaux, et surtout redonner confiance à un public passionné mais souvent déçu. Dans ce processus, la figure de Cissé est en train de jouer un rôle catalyseur.
S’il a accepté ce pari en s’entourant de son “ami et frère” Youssouph Dabo, c’est parce qu’il sait qu’il ne sera pas seulement un entraîneur en quête d’un nouveau défi : il est devenu un bâtisseur, un pionnier, et peut-être même l’artisan d’une véritable révolution footballistique en Libye.