Babacar Ndiaye vient d’être élu président de la Ligue Sénégalaise de Football Professionnel. Né à Rufisque le 21 juillet 1974, Babacar Ndiaye combine excellence académique et expérience mondiale. Titulaire d’un baccalauréat scientifique, il obtient une maîtrise en management à Paris‑XII, puis un MBA en finance à Los Angeles (Woodbury University).
Haut cadre de l’administration, il cumule ensuite des postes stratégiques chez Air France, Toyota, Shell (Europe et Sénégal), avant de devenir Directeur Général du groupe Oryx au Nigéria et en Gambie, supervisant plus de 660 collaborateurs.
À la tête de Teungueth FC, club de sa ville natale, il opère une transformation éclatante : de la 4ᵉ division à un double titre de champion du Sénégal en 2021 et 2024, la Coupe de la Ligue 2022 et le Trophée des Champions 2023. Sous sa présidence, TFC devient le premier club sénégalais qualifié en phase de groupes de la Ligue des Champions CAF depuis plus de 15 ans, avec notamment une élimination historique du Raja Casablanca.
Le projet LSFP 2025‑2029 : quatre axes et cinq leviers de transformation
1. Gouvernance moderne et transparente
Issu de son expérience professionnelle, Ndiaye promeut une gouvernance administrative et technique aux normes FIFA/CAF : licences club standardisées, éthique, professionnalisation des dirigeants et labels club‑structure.
2. Financement durable et diversifié
Un modèle économique centré sur l’autonomie : optimisation des droits TV (pay‑per‑view), sponsorings, billetterie, guichet unique de financement, fonds national de soutien aux clubs et plan collectif de sponsoring. Ndiaye critique les sanctions ciblées sur clubs débités, propose un système transparent où chaque club tire profit de ses sources de revenus propres (notamment supporters).
3. Infrastructures modernisées
Réhabilitation des stades existants, amélioration de la sécurité (cameras, dispositifs anti‑violence), confort des spectateurs (parking, sanitaires, ambiance familiale), ainsi que soutien à la création et à la modernisation de centres de formation.
4. Formation des talents et du capital humain
Création de centres nationaux de formation, détection dès les jeunes catégories, championnat U20 avec matchs annexes, plateforme de talents, certification des académies, formation continue des staffs techniques et administratifs.
5. Innovation technologique et sécurité
Digitalisation de la gestion de compétitions, expérience fan connectée, arbitrage modernisé, intégration technologique dans la Ligue, lutte contre la violence dans les stades.
Feuille de route stratégique 2025‑2029
• 2025‑2026 : audit complet de la LSFP & des clubs, restructuration administrative, lancement des premiers centres de formation.
• 2027‑2028 : mise à niveau des infrastructures, développement de partenariats internationaux, professionnalisation généralisée des clubs.
• 2029 : stabilisation des acquis, consolidation territoriale et positionnement continental du football professionnel sénégalais.
Objectifs quantifiables : plus de 20 clubs professionnels, 15 centres de formation, 500 joueurs formés par an.
Poids transformateur du programme
Le projet de Babacar Ndiaye ambitionne un choc de modernisation : structurisation institutionnelle, viabilité financière des clubs, valorisation des talents, partenariat international… Son succès potentiel repose sur sa compréhension du terrain (engagement du Teungueth FC), de l’économie et des standards globaux. Il plaide pour un modèle économique intégré où clubs & supporters bâtissent leur avenir collectif.
Une vision inspirée des meilleurs modèles internationaux
Babacar Ndiaye n’a jamais caché son admiration pour certains écosystèmes de football bien structurés — notamment les modèles marocain, sud-africain et nord-européen, qui allient gouvernance forte, infrastructures modernes, capital humain qualifié et rentabilité économique. Son ambition est d’inscrire le Sénégal dans cette même dynamique de performance et de professionnalisation durable.
« Nous devons cesser d’imiter superficiellement et comprendre les mécanismes profonds qui rendent un football viable. Il ne s’agit pas de copier, mais d’adapter. », expose M. Ndiaye
Il compte également tisser des partenariats stratégiques avec la CAF, la FIFA, des fédérations sœurs et des clubs professionnels à l’étranger pour importer non seulement des ressources mais surtout du savoir-faire.
Réception du programme : entre enthousiasme et résistance
Sur le terrain, son programme est accueilli avec enthousiasme dans plusieurs clubs de Ligue 2, souvent marginalisés dans les discussions nationales. Les jeunes dirigeants y voient l’opportunité d’un football plus juste et compétitif, moins dominé par Dakar et plus équitablement réparti sur le territoire.
Cependant, certains barons du système s’inquiètent de la transparence accrue que Ndiaye veut imposer. Son insistance sur les bilans financiers, les licences club strictes, la responsabilité administrative… pourrait gêner ceux qui ont prospéré dans l’opacité. « On ne réforme pas un système sans se heurter à ses bénéficiaires. Mais je suis prêt. Je veux être un président de ligue au service des clubs, pas au-dessus d’eux. », a fait savoir le Président de Teungueth Football Club.
Un programme crédible ou trop ambitieux ?
Sur le plan technique, plusieurs analystes jugent son programme ambitieux mais réalisable. Il est articulé, documenté, chiffré, avec une méthodologie de déploiement en phases (audit, structuration, développement, consolidation).
Son approche pragmatique, calquée sur le modèle entrepreneurial, pourrait permettre au football professionnel sénégalais de sortir du cercle vicieux des subventions temporaires et de la vente précoce des talents à bas prix. En responsabilisant clubs, supporters et instances autour d’un même projet économique, Ndiaye tente de réinsuffler de la souveraineté locale dans la construction des talents et la compétitivité des clubs.
Ce qu’il faudra surveiller après son élection
S’il est effectivement confirmé comme président de la LSFP, voici quelques chantiers prioritaires à observer dès les 100 premiers jours :
• Lancement de l’audit financier des clubs professionnels
• Signature d’un premier contrat télévisuel centralisé
• Création d’un conseil stratégique des clubs
• Publication d’un calendrier de réhabilitation des stades
• Premier plan de formation pour les staffs techniques et administratifs
Son succès dépendra de sa capacité à embarquer les clubs avec lui — en instaurant un rapport de confiance durable, basé sur les résultats et non les promesses politiques.
Une candidature de rupture, mais de fondation : Leadership et rupture avec l’ancien système
L’une des particularités du programme Ndiaye est son discours de rupture assumé : il dénonce un système figé, opaque, souvent clientéliste, où la passion du football est trop souvent trahie par l’improvisation et le manque de rigueur. Il appelle à une révolution mentale chez les dirigeants de clubs, qu’il veut responsabiliser via des contrats de performance, des audits indépendants, et des obligations de résultats techniques et financiers.
Cette volonté de transformation est renforcée par son indépendance financière : contrairement à certains candidats ou dirigeants historiques, Ndiaye ne dépend ni de la fédération ni d’une force politique. Cela lui donne une marge d’action crédible pour mettre fin aux « petits arrangements » entre clubs et instances.
Babacar ne se présente pas comme un messie, mais comme un bâtisseur de système. Son programme est une tentative rare de combiner passion du jeu, rationalité économique et gouvernance moderne dans un football sénégalais en quête de crédibilité continentale, disait-il. Qu’il réussisse ou non à fédérer les acteurs, son entrée dans l’arène marque déjà un tournant : le débat sur la professionnalisation n’est plus tabou ? et cela, en soi, est une victoire.
Avec un parcours alliant rigueur académique, leadership international et résultats visibles sur le terrain, Babacar Ndiaye propose un projet audacieux, technique et réaliste : faire émerger un football pro sénégalais solide, compétitif et rayonnant. S’il est élu en août 2025, son mandat pourrait bien amorcer un véritable tournant pour la LSFP, en phase avec les ambitions sportives, économiques et sociales du pays.