Equipe Nationale

Cheikhou Kouyaté : «Je rêvais de jouer avec Henri Camara en sélection»

Gagner la Coupe d’Afrique et écrire une page de leur propre histoire, c’est l’objectifs des Lions du Sénégal, nous dit le capitaine Cheikhou Kouyaté. Le milieu récupérateur de Crystal Palace était l’invité de Foot Sénégal by Night, le rendez-vous Instagram de votre site internet préféré.

RETOUR DE LA SAISON…

« Rien n’est encore clair, mais on entend des rumeurs comme quoi, les matchs de la reprise se joueront à huis clos. Demain (Ndlr : Lundi 04 Mai, le lendemain de l’enregistrement de cette interview), on a une réunion pour peaufiner de nouvelles stratégies d’entrainements. On commencera par des groupes restreints et pas en grand nombre. », nous dit Cheikhou.

RITUEL D’ENTRÉE SUR LA PELOUSE…

Questionné sur sa façon de préparer la rencontre, Kouyaté nous dévoile ses petits secrets. Le milieu de terrain de Crystal Palace a l’habitude d’appeler ses coéquipiers, main dans la main, autour d’un cercle pour se parler en tant qu’hommes de mission. « Avant d’entrer dans une pelouse, je me concentre et récite trois fois le « salaatoul fatiha » (Ndlr : Al-Fatiha est la sourate d’ouverture du Coran).

J’ai l’habitude de le faire en sélection comme en club.», nous révèle le Lion aux trois participations (2015, 2017, 2019) à une CAN, dont deux fois comme capitaine (2017 et 2017). Quand on entend le retentissement de l’hymne nationale, le cœur parle. On sent qu’on a une mission à accomplir.

Quand on se regroupe et qu’on fasse le cercle, je prends mes engagements et mes responsabilités en tant que capitaine. Je parle à tout le groupe avec un discours de moral, de fraternité, de solidarité et de patriotisme. C’est le moment le plus important dans un match, et il faut bien l’entamer et être prêt à se donner à fond pour le maillot national».

Complice avec Gana Gueye, Cheikhou n’hésite pas à galvaniser son compère du milieu à se surpasser. D’après lui, le joueur du PSG a des qualités sur lesquelles il doit encore profiter pendant les matchs.

Gana a une force de frappe qui peut l’amener à marquer plus de buts s’il prenait encore plus de risques. C’est un joueur pétri de talent et vous voyez ce qu’il fait en sélection et à Paris. Et c’est pourquoi lors de la Coupe d’Afrique (2019), j’étais content de le voir marquer et je le lui avais re-dis encore », se souvient le capitaine des Lions, dont le gardien de but s’était fracturé le doigt à l’échauffements contre le Mozambique. On devait gagner le match pour se qualifier. On n’avait pas droit à l’erreur.

Edouard s’était blessé et on sentait qu’il allait être remplacé par Alfred (Gomis). Il se trouve que ce dernier était bien préparé. Il était sur le banc, mais quand les coachs avait fait appel à lui, il nous avait rassuré et assuré. On lui avait répété les mêmes mots que lors de la réunion, où on s’était dit qu’on était là pour se compléter. Qu’il n’y avait que onze (11) joueurs qui devaient démarrer chaque rencontre, mais qu’il n’y avait pas de remplaçants ni de titulaire. Que celui qui ne démarrait pas devait se sentir prêt à entrer à tout moment. Et vous avez vu le match qu’il a fait, Alfred. Il a été énorme».

LA FINALE DE LA CAN 2019…

Interpellé sur la question de l’arbitrage qui serait clément envers certains joueurs algériens qui auraient pu être avertis, Kouyaté nous explique pourquoi, en tant que capitaine, il ne pouvait pas beaucoup contester. On ne peut pas dire que la défaite lors de la finale a été une décision de l’arbitre, mais je ne pouvais pas changer le fait qu’il ne voulait pas donner des avertissements sur certaines actions.

Avant le match, ils (arbitres) m’avaient appelé pour me faire savoir que je devais être expulsé, face à la Tunisie. Ils avaient aussi appelé Sadio (Mané) pour lui dire que si jamais, il y avait une action et que je me permettais de la contester, que j’allais être averti et j’allais même risquer une expulsion. Et toutes ces épisodes s’étaient passées avant le début du match de la finale. Il ne faut pas confondre le football africain et le football européen. En Afrique, c’est difficile de parler aux arbitres. Pour le temps additionnel, il avait mis 4 minutes ou moins que ça, et je trouvais anormale cette décision vu le nombre de fois où nos adversaires avaient essayé de tuer le jeu en tombant volontairement par terre. Mais c’est le football. On avait essayé, mais on n’y était pas arrivés. On devait perdre et on ne peut pas dire qu’on avait perdu à cause de l’arbitre.

COMPARAISON AVEC LA GÉNÉRATION 2002

On ne doit pas nous comparer avec la génération 2002. Si je suis là, c’est grâce à cette génération. Elle a écrit leur histoire et nous aussi, nous avons le nôtre à écrire. Nos ainés nous ont fait rêver et leurs rêves est de nous voir faire comme eux et de réaliser plus. Nous, nous ne nous disons même pas que nous sommes là pour effacer ce qu’ils ont fait. Non, nous savourons toujours ce qu’ils ont fait. Et nous sommes concentrés sur ce que nous allons écrire.

Notre mission est de continuer ce qu’ils ont entamé. Avant la Coupe d’Afrique, nous nous avions dit que si nous suivons ceci, nous y arriverons. Nous l’avions fait et Dieu merci. Je suis un croyant et je rends grâce à Dieu. Je relativise et je garde tout positivement.

Il faut que les gens restent sur terre et sachent que c’est Dieu qui décide. Qu’on se souhaite du bien et que les choses évoluent. Le monde n’est pas difficile, mais c’est nous qui le rendons compliqué.

Il ne nous manque que la chance. Ce n’était pas le bon jour parce que nous avions tout fait. J’aurai souhaité gagner la Coupe d’Afrique, mais si Dieu décide que ce n’est pas le moment, sachons que ça n’arrivera pas. Ça sera avec nous ou avec la génération à venir. Mais, je reste confiant que ma génération peut le faire. Elle y croit et elle sait que ça sera difficile, mais tout se passera bien parce que le travail continue.

On avait bien préparé la dernière Coupe d’Afrique et tout le monde a vu ce qui s’est passé. Plus on joue, plus on gagne en expérience. En 2015, on a été éliminés au premier tour, en quart de finale en 2017 et en finale en 2019.

RECONVERSION…

Je n’y pense même pas pour l’instant. Tant que je sens que je peux apporter ma touche, je serai toujours sélectionnable. Je joue en sélection pour représenter mon pays, pas pour de l’argent. C’est un devoir que je me suis assigné et je serai toujours là, tant que je peux.

POSITIONNEMENT TACTIQUE

Je me sens mieux au milieu de terrain. Je ne pense pas que l’âge pourrait m’amener à reculer. Le football d’aujourd’hui demande des efforts et de la récupération. Quand le corps refuse, on ne peut plus y aller. Donc, je me sens en plein forme et j’ai encore mes capacités physiques.

GÉRER LES SCORES EN SÉLECTION

On avait remarqué qu’à chaque fois qu’on était mené, on avait du mal à rattraper l’adversaire. On avait soigné ce domaine. Si vous regardez, on a encaissé un seul but qui n’a pas été renversé, face à l’Algérie.

L’Algérie est venu et a très tôt obtenu ce qu’il voulait, et il est resté debout jusqu’aux bouts. Les gens parlent souvent du beau jeu, mais on avait dominé l’Algérie sans gagner. Des fois, il faut faire le choix. Je préfère être dominé et finir par gagner. Un ami international algérien dont je tairai le nom m’a fait savoir que leur stratégie est qu’à chaque fois qu’ils mènent au score, ils cherchent toujours à tuer le match.

LES DONS

Les gens ne connaissent pas trop certaines réalités du haut niveau. Il se passe des choses bizarres que beaucoup ignorent. On peut être au top aujourd’hui et se retrouver au plus bas demain. On ne peut pas forcer les footballeurs à faire ceci ou cela. Personne ne sait ce qu’on a enduré. Des joueurs ont vécu des moments très compliqués.

Quand on voit une personne faire des dons, qu’on l’encourage parce que ses dépenses viennent de son cœur. On peut se lever demain et entendre qu’un tel est rappelé à Dieu. Il ne partira pas avec ses biens ni ses femmes ni ses enfants, mais seul.

J’ai vécu des choses très difficiles dans ma vie même quand je suis devenu pro et que certains ne savent pas. Donc, chacun a son histoire et il ne faut pas juger les gens sans les connaitre. Il faut craindre sa tombe parce qu’on s’y retrouvera seul. Si j’ai une chose à craindre, ce n’est pas de me retrouver pauvre demain, mais de me retrouver dans ma tombe avec peu de bonnes choses réalisées de mon vivant. Sinon, je n’ai rien à craindre, car, nul ne peut me mettre de la pression dans la vie. Arrêtons de clasher les gens qui font les dons.

ALIOU CISSE

Dieu lui a donné quelque chose d’un peu rare. Ce n’est pas pour rien que quiconque d’entre nous qui signe quelque part l’appelle pour le remercier. Il a quelque chose en lui qui est rare chez beaucoup d’entraineurs. Il a le discours et sait comment remobiliser les troupes. C’est lui (Ndlr : Aliou Cissé) qui m’a appelé pour la première fois en équipe nationale, contre Afrique du Sud. Il m’avait dit que j’allais pouvoir réaliser une belle carrière si jamais j’adoptais une certaine façon de faire. Le voir me donner le brassard de capitaine est une grosse responsabilité. Si on a cet esprit de gagneur, c’est grâce à lui. Il a redéfini les réalités de cette sélection. Il a eu beaucoup d’impacts sur mon évolution, celle de Kara Mbodj, de Gana etc.

LE HAUT NIVEAU

Il faut être prêt à affronter les obstacles et à se battre pour réaliser ses rêves. Nos frères doivent savoir que les clubs n’ont besoin que de joueurs prêts. Quand ils ne sentent plus que vous n’êtes plus au top, ils vous lâchent.

STATUT DE REMPLAÇANT AU MONDIAL ET A LA CAN…

Cela ne m’est arrivé qu’à la Coupe d’Afrique. Nul ne veut rester sur le banc, mais j’ai appris le respect depuis tout petit. Etre le capitaine et se voir reléguer sur le banc, c’est difficile mais il faut être positif. Quand j’ai senti que j’allais être sur le banc, j’ai anticipé. J’ai convoqué une réunion pour dire qu’il faudra qu’on évite d’être déconcentrés. Qu’on sache que toute personne mis sur le banc doit l’accepter et savoir qu’on est une équipe.

J’ai été éduqué comme ça et c’est comme ça que les choses continueront. Je pouvais jouer ce match et me blesser. Qui sait ? Ce sont les réalités du football. Je jouais pendant que d’autres étaient sur le banc. Il faut accepter le cours du destin. Si je suis arrivé à ce niveau, c’est grâce à mes efforts et aux appuis de tous ceux qui étaient là avec moi, sous couvert de la bénédiction du Seigneur aussi. On doit tous rester positifs et savoir que le football va vite.

HENRI CAMARA…

« Henri Camara a nourri mes ambitions de devenir un footballeur professionnel, mais également un international sénégalais. Le voir jouer me donnait toujours de la motivation. Je me souviens encore des moments où je disais aux gens de mon entourage que je voulais lui ressembler. Il demeurera toujours mon idole, ma référence et mon modèle malgré mon statut de joueur pro à l’heure actuelle.

Une référence la reste pour toujours, surtout pour ce qui est d’Henri. Je rêvais de jouer avec lui en équipe nationale. Le sélectionneur voulait l’appeler, mais je ne sais pas ce qui a mal tourné après. Si jamais ne cela devait se réaliser, j’allais lui donner le brassard de capitaine pour sa 100e sélection. Je ne sais pas ce qu’il décidera après, mais il faudra qu’on organise son jubilé pour célébrer toute sa belle carrière. »

LA CAN TOUS LES 4 ANS

C’est la FIFA qui cherche à introduire cette loi, mais elle n’arrange que les clubs européens qui veulent protéger leurs championnats. Ils ne doivent pas nous dire ce qu’on doit faire pour notre football. C’est à nous de voir ce qui nous arrange en tant qu’africains et d’en décider le sort.

RECONVERSION

« Je me consacre pour l’instant à mon football, à ma famille et à mon entourage. Le reste viendra parce que chaque personne a ses ambitions et ses rêves. Le moment venu, j’en perlerai. »

Chérif Sadio

Reporter indépendant.

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