Cherif Sadio est expert en stratégies, développement et management des organisations sportives. Enseignant de langues étrangères, journaliste, manager, guide touristique, consultant et directeur de club, il a multiplié les expériences au Sénégal et à l’international.
Alors que le Sénégal se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, une nouvelle opportunité s’offre au pays : l’organisation de la Coupe d’Afrique de Beach Soccer 2026. Pour Cherif Sadio, consultant en diplomatie sportive et observateur du mouvement sportif sénégalais, cet événement représente « une occasion historique de transformer la domination sportive du Sénégal en levier stratégique de rayonnement économique, touristique et culturel ».
Ancien directeur du Casa Sports, avec lequel il a remporté tous les trophées nationaux, il occupe aujourd’hui le poste de directeur du développement au SFC Neuilly-sur-Marne, en France. Il a exposé les idées dans une longue tribune, à travers ses comptes sur les réseaux sociaux où il est suivi par des centaines de milliers de personnes.
Une équipe nationale déjà dominante
Huit fois championne d’Afrique et demi-finaliste de la Coupe du Monde, l’équipe nationale de Beach Soccer s’impose comme l’une des meilleures formations du continent. Selon Sadio, cette réussite « illustre la discipline et le talent de nos athlètes, mais doit aussi servir à positionner le Sénégal comme un acteur majeur de la diplomatie sportive ».
Pour l’analyste, accueillir la compétition à l’Arène Nationale, aménagée pour l’occasion avec un terrain de sable, serait un choix pertinent : « Contrairement aux idées reçues, le Beach Soccer ne se joue pas seulement sur les plages. L’Arène offre sécurité, modernité et confort, tout en permettant d’organiser des animations parallèles dans les zones touristiques. »
Retombées économiques et touristiques
L’organisation d’un tel tournoi générerait des effets économiques considérables. Secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, des transports, de l’artisanat, des TIC et de l’événementiel seraient mobilisés. Des emplois directs et indirects pourraient être créés, tout en favorisant l’intégration des PME et startups locales dans la chaîne de valeur.
Sur le plan touristique, l’événement deviendrait une vitrine pour la « Destination Sénégal », de Dakar à Ziguinchor en passant par Saint-Louis, Saly et les Îles du Saloum. Sadio plaide pour une stratégie de communication ciblée sur l’Afrique et la diaspora, avec des forfaits combinant sport, culture et tourisme.
« Le Sénégal ne se contenterait pas d’accueillir un tournoi, il s’affirmerait comme une vitrine africaine de culture, d’hospitalité et de savoir-faire », insiste-t-il.
Cohésion nationale et jeunesse
Le plaidoyer met aussi en avant l’impact social. La compétition pourrait être accompagnée de tournois régionaux et scolaires, d’animations populaires et du lancement d’un label « Sport & Citoyenneté ». L’objectif : renforcer la cohésion nationale, promouvoir l’unité et offrir à la jeunesse des occasions de participation active.
Culture et diplomatie
Au-delà du sport, l’événement pourrait devenir une plateforme culturelle. Concerts, expositions, artisanat, gastronomie et performances artistiques pourraient être organisés en parallèle, pour renforcer le soft power sénégalais. Les ambassades et influenceurs panafricains pourraient être mobilisés afin de diffuser un narratif autour du Sénégal comme carrefour culturel et sportif africain.
Gouvernance et vision stratégique
Pour réussir, Sadio recommande la mise en place d’un comité national réunissant l’État, le secteur privé, la société civile et la diaspora. Il propose également :
• la création d’un fonds dédié au sport, sur le modèle de celui des cultures urbaines,
• la réforme et le renforcement du Centre National d’Éducation Populaire et Sportive (CNEPS),
• et la mise en place d’une Direction nationale du développement des sports pour centraliser les financements et accompagner les fédérations.
Ne pas répéter les erreurs du passé
L’analyste rappelle que le Sénégal avait manqué l’opportunité d’accueillir les matchs de Gambie, Guinée et Comores lors des dernières éliminatoires de la CAN, faute d’anticipation. Pour lui, il est urgent d’éviter que l’histoire ne se répète : « La Coupe d’Afrique de Beach Soccer 2026 est une chance à saisir pour transformer notre suprématie sportive en puissance diplomatique, économique et culturelle. »
Une opportunité historique
Chérif Sadio appelle à la mobilisation : « accueillir la Coupe d’Afrique de Beach Soccer 2026, c’est valoriser notre leadership sportif, stimuler l’économie, promouvoir la destination Sénégal, renforcer la cohésion sociale et affirmer notre soft power culturel et diplomatique. Nous avons les infrastructures, le talent et la vision. Il ne nous manque plus que la volonté politique d’oser. »