C’est un trafic qui fait encore recette sur le continent… Leur nombre exact n’est pas encore défini, tout comme l’étendue des victimes à ce jour, toujours est-il qu’un réseau de faux agents sévit actuellement au Sénégal d’après nos informations. Le discours et la méthode semblent bien rodés : approcher un footballeur en herbe lors d’un match anodin, le complimenter sur ses qualités et son potentiel, pour ensuite lui faire miroiter un essai ou un stage en Tunisie au sein de l’Espérance Tunis, club phare en Afrique, vainqueur de plusieurs éditions de la Ligue des champions dont la dernière en 2019.
L’attention captée, le piège se referme ensuite sur le jeune, flatté par cet intérêt inespéré et bercé par son rêve de devenir professionnel à tout prix. La première étape, car il faut ensuite convaincre la famille. C’est ainsi que notre rédaction a été alertée par Massamba H. et ses parents*. Approché par des personnes de ce réseau, ce jeune de la banlieue dakaroise s’est vu promettre un essai à l’Espérance Tunis lors d’un stage de détection grandeur nature en compagnie d’autres joueurs.
Participer à une détection chez les Sang et Or, une belle opportunité sur le papier, à un détail près : le versement de 400 000 francs CFA en guise d’avance pour le paiement du billet d’avion et des frais une fois sur place en Tunisie. Une somme conséquente au pays de la Teranga. Détail qui a alerté la famille de Massamba qui a voulu se renseigner davantage, avant de débourser la somme demandée.
Après avoir eu des retours par des professionnels gravitant autour du milieu du ballon rond, les parents ont vite déchanté en apprenant qu’aucune avance ne devait leur être réclamé en pareilles circonstances et surtout que lorsqu’un club invite un joueur pour un essai, c’est ce dernier qui le prend en charge, le tout étant matérialisé par un document officiel.
Alerté sur cette situation, notre rédaction est également allée enquêter du côté de la Tunisie afin d’avoir le fin mot de l’histoire et surtout savoir si l’Espérance a prévu des détections ou essais dans les semaines à venir. Les retours ont été sans appel : le club tunisien n’a pas pour habitude de fonctionner de la sorte et surtout n’a pas à son programme d’avoir un contingent de joueurs sénégalais devant débarquer pour des essais, nous a fait savoir un membre du club.
Forts de toutes ces informations, les parents du jeune Massamba ont compris qu’ils étaient bel et bien victimes de faux agents et que s’ils avaient versé les 400 000 francs CFA demandés, ils n’en auraient jamais revu la couleur. Feignants d’être toujours intéressés par cet essai pour leur fils, ils ont tenté d’avoir plus de détails et de garanties des faux agents avant de leur payer la somme réclamée, comme par exemple leurs pièces d’identité. Requête qui n’a pas été entendue par ces derniers qui n’ont plus donné signe de vie depuis cet instant.
De quoi faire déchanter le jeune Massamba, qui a vu ses espoirs s’envoler. Mais si la déception est forcément de mise de son côté, lui et sa famille ont malgré tout été chanceux dans leur infortune en ne versant pas les 400 000 francs CFA réclamés. Une mauvaise rencontre qui au final ne leur aura coûté qu’une désillusion, mais leur aura permis d’en apprendre davantage sur les pratiques en vigueur pour tout ce qui a attrait aux tests de joueurs, stages et autres détections.
En revanche, difficile de dire combien d’autres n’ont pas eu le réflexe de se renseigner davantage face aux belles promesses et ont payé une somme dont ils ne reverront jamais la couleur. D’après le témoignage de Massamba, plusieurs jeunes de son âge auraient été approchés et les faux agents envisageaient de tous les emmener à Tunis pour la fameuse détection qui n’aura jamais lieu.
*Le prénom a été modifié pour préserver la sécurité du joueur et de sa famille
