Il était une fois, Pape Birahim Sarr

Talentueux, le champion de France de Ligue 2 et finaliste de la Coupe d’Afrique des Nations 2002 s’est révélé à la Coupe d’Afrique 2000, alors joueurs de Saint Etienne Saint-Etienne de 1996 à 2001, puis du Racing Club de Lens de 2001 à Janvier 2005, du Deportivo Alavès de Janvier à Juin 2005, d’Istres (2006), de Brest (2006) et de Paris Football Club. Retour sur la carrière du quart de finaliste de la Coupe du Monde 2002, Pape Birahim Sarr.

Pape Sarr était un milieu défensif au coffre physique impressionnant qu’il utilisait sans ménagement durant toute une rencontre pour récupérer d’innombrables ballons dangereux. Révélé à l’AS Saint-Etienne avec laquelle il deviendra champion de France de D2 en 1999, la suite de sa carrière sera un peu plus laborieuse le jour qu’il ralliera le RC Lens. Ce transfert sera un challenge sûrement un peu trop dur pour lui.

Il quittera donc l’élite française pour essayer de se relancer en seconde division (que ce soit espagnole avec Alavés et française avec Istres et Brest) sans vraiment y réussir. Par contre, Pape vivra de grands moments avec la sélection nationale du Sénégal avec laquelle il perdra la finale de la CAN 2002 et atteindra les quarts de finale de la coupe du monde 2002.

Né en 1977 à Dakar au Sénégal, Pape Birahim, comme beaucoup de jeunes africains, tapera dans ses premiers ballons dans la rue ou sur des terrains vagues avant d’intégrer un petit club de sa ville natale. En grandissant, il deviendra vite impressionnant avec un physique de déménageur qui lui servira beaucoup au poste de milieu défensif. Ainsi, ses qualités de récupérateur attireront quelques recruteurs, dont ceux de l’AS Saint-Etienne qui feront le maximum pour le ramener avec eux en France.

Là, le jeune sénégalais n’hésitera pas une seconde pour accepter cette offre de rejoindre l’Europe du fait qu’il n’aurait peut-être pas une seconde opportunité de réaliser le rêve de tout africain d’essayer d’aller s’imposer dans des championnats plus reconnus que les leurs.

En arrivant chez les Verts, Pape qui n’avait pas encore 15 ans sera mis à la disposition des équipes de jeunes. Mais avec du travail, il réussira à disputer douze rencontres avec la réserve stéphanoise durant la saison 1994-1995 alors qu’il n’avait que 17 ans aux côtés de futurs pensionnaires de l’élite française tels que Willy Sagnol, Lucien Mettomo, Adel Chedli pour ne citer qu’eux.

Pour l’année 1995-1996, Sarr deviendra un des titulaires indiscutables de l’équipe B stéphanoise en accumulant 33 rencontres tout en y inscrivant trois buts. Pendant cette même saison, le sénégalais verra un autre futur professionnel (Zoumana Camara) s’intégrer dans cette formation des jeunes pousses foréziennes.

Comme l’équipe première de l’ASSE avait connu la relégation en D2 à la fin de la saison 10995-1996 et évité de justesse le dépôt de bilan ? grâce au renflouement effectué par la ville de Saint-Etienne, il y aura un gros chamboulement pendant l’été 1996 avec beaucoup de départs et l’intronisation de Pierre Mankowski comme nouvel entraîneur des Verts. Et là ce dernier misera sur la jeunesse stéphanoise en installant comme titulaires les Sagnol, Chedli, Lionel Potillon, Dominique Aulanier sans oublier Pape.

Après des débuts prometteurs la saison 1996-1997 tournera au cauchemar au point de craindre une descente en National, mais le sénégalais et tous ses coéquipiers se battront avec leurs tripes jusqu’à la dernière journée du championnat et réussiront à se maintenir en finissant à une piètre 17ème place avec quand même une dizaine de points d’avance sur les dernières positions du classement.

A préciser que pendant cette année-là, Pape aura littéralement explosé dans le onze stéphanois en accumulant 38 rencontres sur les 42 journées prévues de l’exercice de D2 et il aura même le plaisir d’inscrire son tout premier but professionnel. Pour la saison 98, le sénégalais perdra un peu de temps de jeu puisque le nouveau duo de coachs, Pierre Repellini et Robert Herbin, installé par la direction forézienne préférait jouer l’alternance entre Sarr et Fabien Boudarène.

Ainsi, il disputera 18 matchs pour quatre buts en championnat où les Verts vivront une année catastrophique et seront même la lanterne rouge de la seconde division à l’Automne 1997. Ils réussiront à garder leur place en D2 du fait qu’ils termineront à une piteuse 17ème place comme l’année précédente, mais cette fois-ci avec seulement deux points d’écart sur le premier relégable.

Pour l’année 98-99, la direction stéphanoise nommera Robert Nouzaret comme le nouveau coach de l’ASSE. Ce dernier arrivera à motiver son groupe, qui était essentiellement composé de jeunes joueurs ainsi que quelques anciens, pour l’emmener à se battre jusqu’aux dernières journées avec Sedan, Troyes, Lille et voire Caen pour finir aux trois premières places du championnat synonyme de retrouver la première division. Finalement Sarr et ses coéquipiers finiront premier avec deux points d’avance sur Sedan.

A préciser que le sénégalais aura été l’un des joueurs essentiels de la formation stéphanoise en disputant 34 rencontres pour cinq buts et aura composé un terrible duo de récupérateurs avec Julien Sablé. Sans oublier non plus que ce titre de champion de France de D2 acquis avec son club de cœur sera le premier et l’unique trophée remporté par le natif de Dakar. En découvrant le haut niveau français, Pape prouvera qu’il avait largement les épaules pour s’y imposer en jouant trente matchs pour deux buts et son duo avec Sablé sera toujours aussi efficace dans le système de jeu des Verts.

Collectivement, grâce au duo d’attaquants composé par Aloisio et Alex, la saison 2000 sera éblouissante pour le promu forézien, au point qu’il terminera au sixième rang du classement avec une qualification pour l’Intertoto à la clé, mais la direction de l’ASSE refusera de disputer cette compétition. Mais par contre l’année 2001 sera un vrai désastre autant que sportif et administratif.

En championnat les résultats ne seront pas du tout présents dès le début de l’exercice ce qui vaudra une succession de quatre entraîneurs durant toute la saison (Nouzaret jusqu’en Octobre 2000, John Toshack d’Octobre 2000 à Janvier 2001 et pour finir le duo Jean-Guy Wallemme et Rudi Garcia de Janvier 2001 jusqu’à la fin du championnat).

Mais ces changements de coachs ne serviront aucunement pour obtenir le maintien de Saint-Etienne parmi l’élite (finalement le club terminera seizième synonyme d’être le premier relégable à l’étage inférieur.

En interne, ce sera l’affaire des faux passeports qui éclatera au grand jour. Ce qui amènera l’équipe à être menacée de plusieurs points de pénalité. Mais même avec tous ces problèmes survenus pendant cette année-là, Pape effectuera encore une fois un championnat plus que correct avec cinq buts de marqués en 26 matchs de joués. Pendant l’été 2001, le sénégalais voulait goûter à autre chose après neuf années à Sainté et il voulait voir s’il pourrait s’imposer dans un club plus huppé que l’ASSE.

Alors, il décidera d’accepter l’offre que lui fera le RC Lens. Ainsi, il arrivera chez les Sangs et Ors en même temps que ses coéquipiers stéphanois Jean-Guy Wallemme et Stéphane Pédron. L’ancien stéphanois ne partira pas comme titulaire au poste de récupérateur du fait que l’entraîneur Joël Muller avait misé toute sa confiance sur l’incontournable Jocelyn Blanchard pour occuper ce poste.

Pape n’apparaîtra que 18 fois sur les feuilles de matchs du championnat de D1 2001-2002, où les Sangs et Ors termineront second à deux points de Lyon ? après avoir été leader pendant 28 journées (le titre se jouera entre ces deux équipes lors de l’ultime journée de l’exercice hexagonal remporté par les Gones).

Pour la saison 2002-2003, l’arrivée de Seydou Keita bouchera complètement l’avenir de Sarr au sein du onze lensois, puisque l’entraîneur Muller utilisera pendant tout l’exercice l’association Blanchard-Keita. Alors, de toute l’année, l’ancien stéphanois ne disputera que deux matchs toutes compétitions confondues (un en championnat et un en coupes nationales) et ce sera vraiment de très loin qu’il verra tous ses coéquipiers terminer au huitième rang du classement en championnat avec une qualification pour le tour préliminaire à la prochaine coupe UEFA.

Le gros regret qu’aura pu avoir le sénégalais pendant cette année-là sera de ne pas avoir découvert les joutes européennes en participant à la Ligue des Champions, où son équipe finira troisième du groupe G derrière le Milan AC et le Deportivo La Corogne.

Cette troisième position vaudra aux lensois d’être repêchés en UEFA, mais ils se feront sortir dès les 16ème par le futur vainqueur de l’épreuve, le FC Porto, sur le score cumulé de 3-1 (après avoir perdu 3-0 à l’aller les Sangs et Ors gagneront 1-0 au retour mais pas suffisant pour se qualifier).

Le départ de Blanchard pendant l’été 2003 permettra à Sarr de retrouver un temps de jeu considérable au sein du onze lensois. Le coach Muller associera l’ancien Vert avec son compatriote Papa Bouba Diop. Ce qui l’amènera à accumuler 28 rencontres en championnat, où son club finira au huitième rang du classement avec aucune qualification européenne à la clé (de très bonnes statistiques par rapport à l’exercice précédent).

Lors de cette saison 200 3-2004, Pape découvrira enfin l’Europe en disputant deux rencontres en coupe UEFA, où les Sangs et Ors n’iront pas plus loin que le second tour du fait qu’ils prendront une déculottée sur le score cumulé de 6-1 contre les turcs ce Gaziantepspor (deux défaites par 3-0 et 3-1).

La saison 2004-2005 sera pratiquement blanche pour Pape à cause de l’arrivée d’Alou Diarra. Le sénégalais se contentera que d’une rencontre pour un but jusqu’en janvier 2005, date à laquelle il demandera à sa direction de se faire prêter, afin de relancer sa carrière. Pour retrouver un temps de jeu assez conséquent, il ralliera l’Espagne pour évoluer en seconde division espagnole sous les couleurs du Deportivo Alavès. Sans être une grande expérience, l’ancien stéphanois retrouvera un peu le plaisir de prendre part au jeu d’une équipe en jouant quinze matchs jusqu’à la fin de l’exercice 2004-2005.

De retour à Lens à l’aube de la saison 2006, il sera une nouvelle fois prêté en D2, où il rejoindra le FC Istres fraichement relégué de l’élite. Même à Istres, il ne réussira pas à s’imposer dans le onze provençal et ainsi après douze rencontres, il se fera transférer définitivement au mois de Janvier 2006 au Stade Brestois qui évoluait également au second échelon français.

Et là en Bretagne, il participera à treize matchs où sa nouvelle équipe se battra jusqu’à la dernière journée de l’exercice pour garder leur place en D2 et finalement elle réussira à finir au 17ème rang du classement avec quatre points d’avance sur le premier relégable.

Pour la saison 2007 ? l’ancien lensois résiliera son contrat en Octobre 2006 du fait qu’il ne supportait plus que le coach Thierry Goudet ne l’utilisait pas du tout (seulement huit apparitions pour un but en championnat et une en coupes nationales). Alors libre de tout contrat ? il ira s’entraîner dans le club de Pleumeleuc situé près de Rennes pour pouvoir garder le physique nécessaire en cas où il aurait des touches pour retrouver un club.

Et l’occasion se présentera en Septembre 2007, lorsque son pote Wallemme viendra lui proposer de venir le rejoindre comme joker au Paris FC ? où il officiait comme coach. Et là, même si c’était pour jouer en national, le sénégalais n’hésitera pas une seconde pour accepter l’offre. Et dès cet instant, Wallemme lui donnera les clés du poste de récupérateur qu’il prendra à son compte en réalisant une année 2008 plus que correcte (il y a longtemps que cela ne lui était pas arrivé), accumulant 26 matchs pour quatre buts même si ce n’était qu’en National.

Collectivement, même si lui et Pius N’Diefi étaient les leaders de l’équipe, ils n’arriveront pas à classer le Paris FC au-delà de la dixième position du classement, à neuf points du premier relégable et bien trop loin du podium (à treize points) pour pouvoir accéder à la D2. Même avec un nouveau coach pour la saison 2009 (Jean-Marc Pilorget remplaçant Wallemme parti au RC Lens) ? Pape restera un des hommes clés de la formation parisienne (avec deux buts en 24 matchs) qui réalisera un très bon championnat où elle terminera sixième avec tout de même onze points de retard sur le podium.

Et ce sera sur cet ultime exercice que Sarr décidera de mettre un terme à presque 32 ans à sa carrière professionnelle qui aura été gâchée par ses mauvais choix de clubs. Vraiment dommage, car, le sénégalais avait amplement les qualités pour faire mieux. Mais revenons en arrière, notamment en sélection nationale. A partir de 2000, Pape deviendra un des éléments importants de l’équipe du Sénégal avec laquelle il totalisera 27 capes.

Aux côtés des Pape Malick Diop, Omar Daf, Ferdinand Coly, Khalilou Fadiga, Aliou Cissé, Henri Camara et El-Hadji Diouf entre autres, il écrira la plus belle page du football sénégalais en atteignant les quarts de finale de la CAN 2000 (perdu 2-1 après prolongations contre le Nigéria), la finale de la CAN 2002 (perdue aux tirs aux buts contre le Cameroun après un 0-0 final après prolongations), mais surtout les quarts de finale de la coupe du monde 2002 (perdu 1-0 contre la Turquie à cause du but en Or) après avoir battu la France en match d’ouverture sur le score d’un but à zéro.

Ensuite du fait qu’il ne jouait guère en club il perdra petit à petit sa place en sélection laissant les Amdy Faye, Guiranne Ndaw et d’autres prendre sa relève. Après avoir raccroché Sarr continuera à taper dans le ballon en amateur durant la saison 2011 du côté de Noisy-le-Sec, avant de retourner dans le Nord pour évoluer en vétérans sous le maillot de Saint-Laurent-Blangy.

Sans savoir vraiment ce qu’il fera par la suite, il fera quelques commentaires sur sa carrière et ce qu’il voudrait bien faire dans le futur : « Je suis entouré de copains que je connais depuis 2002 et depuis mon arrivée ici (France). Avant, ils venaient me voir jouer. Maintenant, nous évoluons ensemble. Je m’amuse ici, sur le terrain et en dehors. J’ai ma propre maison dans cette ville.  Le joueur qui a le plus compté dans ma carrière, c’est Jean-Guy Wallemme. J’ai joué avec lui à Sainté et à Lens avant de l’avoir comme entraîneur au Paris FC. Un lien fort nous unit. C’est un homme avec une grande qualité : la franchise. », disait-il.

« A Lens, Joël Muller ne m’a pas fait confiance. Aujourd’hui encore, je lui en veux. Il ne m’a jamais fait jouer à mon poste, me mettant parfois arrière gauche. J’ai encore les boules. Avec les Sang et Or, je n’ai pas pu donner ce que je voulais. C’est dommage. Le projet lensois et ses supporters me faisaient rêver. La Coupe du monde 2002 en Asie, c’est le plus beau moment de ma carrière.

Nous étions une bande de copains. On se connaissait par cœur et on pouvait jouer les yeux fermés. C’était magnifique. J’aimerais maintenant pouvoir prendre en charge une équipe de jeunes. A Saint-Laurent Blangy, dans les années à venir, mais pourquoi pas à Lens ou Saint-Etienne ? J’aime ces deux clubs. Quand on rentrait sur le terrain, on avait la chair de poule. », a résumé Pape Birahim qui, malgré les irrégularités, restera un footballeur qui a marqué certains esprits.