Le football local sénégalais au cœur de la sélection : une génération issue de la formation nationale.
À l’heure où le Sénégal s’apprête à affronter la RD Congo et le Soudan pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, le sélectionneur Pape Thiaw a dévoilé une liste qui illustre parfaitement la montée en puissance du football local dans l’ossature des Lions.
Plus qu’une simple convocation, cette sélection confirme une tendance de fond : de plus en plus de joueurs formés au pays s’imposent dans les grands championnats européens et reviennent défendre les couleurs nationales avec fierté.
Une forte présence de joueurs issus de la formation locale
De la défense à l’attaque, la liste de Pape Thiaw met en lumière des parcours ancrés dans le tissu footballistique local sénégalais.
• En défense, on retrouve par exemple Abdoulaye Seck, passé par le Stade de Mbour, Mbour PC, Casa Sports et Diambars, mais aussi Moustapha Mbow, formé à Darou Salam, et El Hadji Malick Diouf, pur produit de l’académie Mawade Wade.
• Au milieu, plusieurs cadres rappellent l’importance des structures locales : Idrissa Gana Gueye (Diambars), Pathé Ciss (Diambars), Lamine Camara (Casa Sports puis Génération Foot) et Pape Matar Sarr (Génération Foot), Krepin Diatta (formé à Santhiaba FC de Ziguinchor, puis Oslo FA Dakar)
• En attaque, l’éclat des grands noms est également lié à cette base : Sadio Mané (Génération Foot), Ismaila Sarr (Linguère puis Génération Foot), Nicolas Jackson (Casa Sports) ou encore Iliman Ndiaye (Dakar Sacré-Cœur), Cheikh Tidiane Sabaly (formé à Génération Foot), Chérif Ndiaye (HLM Grand-Yoff)
Cette forte représentation démontre la valeur ajoutée de la formation locale, devenue une véritable rampe de lancement vers le haut niveau international.
La qualité des formateurs, malgré le manque d’infrastructures
Le paradoxe sénégalais est frappant : le pays souffre encore d’un déficit d’infrastructures modernes (terrains adaptés, centres d’entraînement aux normes, dispositifs médicaux) mais compense par la qualité remarquable de ses éducateurs et par la richesse du vivier.
Des académies reconnues comme Génération Foot, Diambars, Dakar Sacré-Cœur, mais aussi des clubs historiques comme le Casa Sports ou la Linguère, ont façonné des générations de joueurs en alliant rigueur tactique, discipline et ouverture internationale.
L’exemple de Génération Foot, partenaire du FC Metz, illustre cette dynamique : du travail de base à l’exportation des talents, l’académie a su professionnaliser son modèle, ouvrant la voie à d’autres structures locales.
Une stratégie nationale qui s’affirme
Le choix de Pape Thiaw, lui-même ancien footballeur formé à Yeggo Foot Pro de la Sicap, n’est pas anodin : il valorise cette continuité, où les anciens produits de la formation deviennent aujourd’hui des garants de transmission, à l’image d’Aliou Cissé. Cette orientation renforce le sentiment d’appartenance et rappelle que le succès sénégalais à l’international, avec la CAN 2022 en point d’orgue, ne doit rien au hasard.
Vers une reconnaissance mondiale
Le Sénégal est désormais cité en exemple pour son modèle de formation, capable de rivaliser avec des structures européennes. Chaque joueur issu du terroir et devenu international est une vitrine pour le pays et un signal fort envoyé à la jeunesse : le chemin vers le très haut niveau peut commencer sur les terrains sablonneux de Dakar, Ziguinchor ou Saint-Louis.
En attendant les confrontations face à la RD Congo (5 septembre) et au Soudan (9 septembre), les Lions arrivent avec une liste où le football local n’est pas un simple appoint, mais bien un pilier central. Un symbole fort : la force de la formation sénégalaise est désormais indissociable de l’identité de l’équipe nationale.
L’apport de la diaspora : la richesse des binationaux
Si la formation locale constitue aujourd’hui l’ossature des Lions, l’équipe nationale du Sénégal s’appuie également sur une ressource précieuse : la diaspora. De nombreux joueurs nés ou formés en Europe, mais ayant des attaches familiales au Sénégal, ont choisi de défendre les couleurs de leurs origines. Leur présence apporte une double richesse :
• Une expérience des championnats de haut niveau, où la préparation athlétique, la rigueur tactique et la gestion de la pression sont déjà intégrées.
• Une complémentarité culturelle et footballistique, qui permet de diversifier les profils et d’élever le niveau global de l’équipe.
Parmi eux, on retrouve des cadres comme Kalidou Koulibaly (né en France, formé à Metz), Abdou Diallo (né en France, formé à Monaco), Moussa Niakhaté (né en France, formé à Valenciennes), Mory Diaw (né en France, formé au PSG) ou encore Yehvann Diouf (gardien formé à Troyes). Des joueurs, souvent sollicités ou passés par les sélections de jeunes de leurs pays de naissance, ont choisi le Sénégal par conviction et par attachement, tôt ou tardivement.
Un équilibre entre local et diaspora
Ce mélange entre talents formés dans les académies sénégalaises et binationaux venus de la diaspora a façonné une équipe nationale plus compétitive, capable de rivaliser avec les meilleures nations mondiales. Les locaux apportent la fougue, l’identité et la continuité avec le football de rue et la formation artisanale devenue excellence, cumulée à l’expérience à l’internationale.
Les binationaux viennent avec la même rigueur, la professionnalisation et l’expérience des grandes compétitions. Et c’est cette combinaison qui a permis au Sénégal de décrocher sa première Coupe d’Afrique des Nations en 2022, et qui nourrit l’ambition de voir encore plus grand avec la Coupe du Monde 2026.