Lens, un club « sénégalais » en France : une histoire d’amour footballistique. Des légendes sénégalaises aux nouvelles étoiles, le club Sang et Or cultive un lien unique avec le pays de la Teranga.
Au cœur du football hexagonal, le Racing Club de Lens se distingue par une histoire singulière et passionnée avec le Sénégal. Depuis plusieurs décennies, le club artésien s’est imposé comme un tremplin privilégié pour de nombreux talents sénégalais, faisant du stade Bollaert-Delelis une véritable terre d’accueil pour les Lions de la Téranga.
De Jules François Bocandé à Abdallah Sima, en passant par des icônes telles que Papa Bouba Diop ou El Hadji Diouf, retour sur une alliance qui a façonné l’identité lensoise et marqué le football français.
Des pionniers sénégalais aux légendes de Bollaert
L’histoire d’amour entre le RC Lens et le Sénégal débute dans les années 1990 avec l’arrivée de Jules François Bocandé, figure emblématique du football sénégalais.
Après avoir brillé à Metz, où il se fait remarquer lors de la fameuse victoire contre Barcelone en 1984, puis à Paris et Nice, Bocandé rejoint Lens en 1991 pour une saison. Sa venue ouvre la voie à une tradition qui ne fera que se renforcer au fil du temps.
Au tournant des années 2000, le club artésien accueille une véritable pépinière de talents sénégalais. Parmi eux, Papa Bouba Diop (2002-2004), surnommé « La Barrière », marque les esprits de son abattage physique et de son leadership au milieu de terrain. Recruté de Grasshopper Zurich, Diop devient rapidement un pilier du RC Lens, incarnant la robustesse et l’esprit de conquête lensoise.
Dans le sillage de Diop, Abdoulaye Faye (2002-2005), défenseur central arrivé tout droit de l’ASC Jeanne d’Arc de Dakar, s’impose comme un exemple d’intégration réussie. Il formera une charnière centrale redoutable avant de poursuivre sa carrière dans le prestigieux championnat anglais.
Impossible d’évoquer ce chapitre sans citer El-Hadji Diouf (2000-2002), attaquant fougueux et talentueux, qui fait vibrer Bollaert par ses dribbles et sa personnalité affirmée. Véritable idole du public lensois, Diouf s’envole ensuite vers Liverpool, après un transfert record, pour poursuivre une carrière internationale remarquable.
Des cadres solides et espoirs prometteurs
La filière sénégalaise du RC Lens ne se limite pas à ses têtes d’affiche. Ferdinand Coly (1999-2003), défenseur rigoureux arrivé de Châteauroux, s’impose durablement au sein de l’effectif. Ibrahima Deme N’Diaye (1999-2004), formé à Dakar UC, apporte sa vitesse et son sens du but à l’attaque lensoise, tandis que Lamine Sakho (1999-2002), transfuge de Nîmes Olympique, s’efforce d’apporter sa pierre à l’édifice offensif.
L’histoire du club est également jalonnée de passages plus courts mais non moins significatifs. Matar Coly (2004-2005), issu du centre de formation, Guirane N’Daw (2015-2016), milieu défensif expérimenté, ou encore le tout récent Sidi Bane (2024-2025), fraîchement arrivé du BATE Borisov, incarnent cette continuité générationnelle et la capacité du RC Lens à attirer des profils variés venus du Sénégal.
Les pionniers, Légendes et espoirs : Un héritage en Or
Le RC Lens et le Sénégal entretiennent une romance footballistique qui dure depuis plus de trois décennies, une relation unique en Ligue 1 qui a vu défiler certains des plus grands talents africains. Des légendes intemporelles aux espoirs prometteurs, chaque joueur sénégalais a écrit une page de l’histoire sang et or. Voici le récit détaillé de leurs passages au club.
Les défenseurs
Sidi Bane (2024-2025) : Arrivé en août 2024 en provenance du BATE Borisov, Sidi Bane incarnait la nouvelle stratégie de recrutement lensoise en Afrique. Ce défenseur central athlétique et puissant devait initialement apporter de la profondeur à la défense, mais son passage fut malheureusement écourté. Malgré des qualités physiques évidentes, il n’a pas réussi à s’imposer et a quitté le club dès janvier 2025, devenant une recrue éclair dans l’histoire récente du club.
Arial Mendy (2018-2020) : Formé au Diambars Football Club, pépinière réputée au Sénégal, Arial Mendy débarqua à Lens en 2018 avec le statut d’espoir prometteur. Ce latéral défensif allait endurance et capacité à projeter. Durant deux saisons, il tenta de s’imposer dans l’effectif professionnel, oscillant entre le groupe pro et l’équipe réserve, avant de poursuivre sa carrière ailleurs.
Kader Mangane (2007-2008) : Arrivé en provenance du BSC Young Boys en 2007, Kader Mangane était déjà un défenseur central expérimenté et respecté. Son passage à Lens, bien que bref (une seule saison), fut marqué par sa présence rassurante et son leadership défensif. Il apporta sa science du jeu et son physique impressionnant avant de connaître une belle carrière notamment à Rennes et en Arabie Saoudite.
Abdoulaye Faye (2002-2005) : Recruté directement de l’ASC Jeanne d’Arc Dakar en 2002, Abdoulaye Faye est l’un des plus grands succès lensois au Sénégal. Ce défenseur central, redoutable dans les duels aériens et d’une robustesse exemplaire, forma rapidement une charnière centrale redoutable. Pilier indiscutable pendant trois saisons, ses performances à Lens lui ouvrirent les portes de la Premier League où il devint une star à Bolton et Newcastle.
Ferdinand Coly (1999-2003) : Arrivé de LB Châteauroux en 1999, Ferdinand Coly s’imposa comme un défenseur latéral fiable et constant pendant quatre saisons. Réputé pour sa vitesse et son engagement, il fut un élément important de l’effectif lensois durant une période faste pour le club. Sa longévité et sa régularité en font l’un des Sénégalais les plus capés de l’histoire du RC Lens.
Cory Sène : Les traces de son passage dans l’équipe professionnelle sont moins documentées, mais Sène fait partie de ces défenseurs sénégalais qui ont contribué à bâtir la tradition lensoise en Afrique. Auteur 65 rencontres avec la réserve du RCL, il a disputé 5 matchs de Ligue 2 avec les pros. Le rôle de l’ancien joueur de Diambars, bien que moins médiatisé que ses successeurs, participa à l’établissement d’un réseau de recrutement au Sénégal.
Les milieux de terrains
Nampalys Mendy (2023-2025) : Arrivé en septembre 2023 sans club après son départ de Leicester, Nampalys apporta son expérience de la Premier League et de la Ligue 1. Ce milieu récupérateur, excellent dans la récupération du ballon et la relance propre, devint un élément clé du milieu de terrain lensois. Sa vision du jeu et son calme sous pression en firent un joueur important pour l’entraîneur Franck Haise.
Mamadou Camara (2021-2022) : Jeune milieu prometteur en provenance de l’AS Dakar Sacré-Cœur, Camara signa en 2021 dans l’espoir de percer à Lens. Techniquement doué et doté d’une bonne lecture du jeu, il évolua principalement avec l’équipe réserve pour s’adapter au football européen. Son passage d’un an fut une étape d’adaptation avant de poursuivre sa carrière ailleurs.
Guirane N’Daw (2015-2016) : Milieu défensif expérimenté arrivé en fin de carrière en provenance de Metz, Guirane N’Daw mit sa robustesse et son sens du placement au service du groupe lensois. Bien que n’étant plus un titulaire indiscutable, son professionnisme et son expérience furent précieux pour encadrer les jeunes joueurs du centre de formation durant sa saison à Lens.
Papa Bouba Diop (2002-2004) : Véritable légende du club, Bouba Diop arriva en janvier 2002 de Grasshopper Zurich et devint immédiatement une idole à Bollaert. Ce milieu central, surnommé « The Wardrobe » pour sa stature imposante, était un rempart devant la défense et une menace sur coups de pied arrêtés. Son but mémorable en Coupe UEFA et son leadership firent de lui un joueur incontournable avant son départ pour Fulham.
Pape Seydou Diop : Milieu de terrain dont le passage remonte aux premières heures de la connexion lensoise avec le Sénégal, Pape Seydou Diop contribua à ouvrir la voie pour les futurs internationaux sénégalais qui brillèrent à Lens bien après son passage.
Les attaquants
Yannick Gomis (2018-2019) : Arrivé de l’US Orléans en 2018, Yannick Gomis était un deuxième attaquant vif et technique. Capable de jouer dans les espaces serrés et de servir de point d’appui, l’ex-attaquant de Ngor Olympique Club tenta de gagner du temps de jeu dans une attaque lensoise très concurrentielle. Son passage d’une saison lui permit de montrer ses qualétés avant de rebondir dans un autre club.
Dèmé N’Diaye (2012-2016) : Attaquant arrivé de l’Athlétic Club Arlésien en 2012, Ndiaye Dèmé N’Diaye fit preuve d’une incroyable longévité en restant quatre saisons au club. Buteur instinctif et travailleur infatigable, il fut un joueur précieux pour l’effectif, capable de venir en renfort à plusieurs postes offensifs. Sa polyvalence et son état d’esprit furent très appréciés par ses entraîneurs successifs.
Matar Coly (2004-2005) : Jeune avant-centre formé au RC Lens B, Matar Coly représenta l’espoir de voir éclore un talent sénégalais issu du centre de formation. Puissant et adroit de la tête, il tenta de percer en professionnel durant la saison 2004-2005, incarnant le rêve pour de nombreux jeunes Africains intégrant le centre de formation lensois.
El-Hadji Diouf (2000-2002) : Sans conteste la star la plus marquante de cette liste, El-Hadji Diouf arriva du Stade Rennais en 2000 et devint une véritable idole à Lens. L’attaquant, d’une technique sublime et d’un caractère bien trempé, éblouit la Ligue 1 par ses dribbles et ses buts décisifs. Ses performances extraordinaires lors de la saison 2000-2001 (qui vit Lens devenir champion de France) puis lors de la Coupe du Monde 2002 lui valurent un transfert record à Liverpool.
Ibrahima N’Diaye (1999-2004) : Arrivé directement du Dakar UC en 1999, Ibrahima N’Diaye fut l’un des pionniers de la présence sénégalaise à Lens. Cet attaquant rapide et adroit resta cinq saisons au club, devenant un joueur apprécié du public pour son engagement et sa régularité. Son long passage témoigne de sa réussite et de sa bonne intégration au sein du club artésien.
Lamine Sakho (1999-2002) : Recruté en 1999 en provenance de Nîmes Olympique, Lamine Sakho était un attaquant vif et opportuniste. Durant trois saisons, il apporta sa fraîcheur offensive et son expérience de la Ligue 1, participant à l’aventure lensoise qui culmina avec le titre de champion de France en 1998 et de nombreuses campagnes européennes.
Jules Bocandé (1991-1992) : Véritable pionnier, Jules Bocandé arriva de l’OGC Nice en 1991 et fut l’un des tout premiers Sénégalais à porter le maillot lensois. Avant-centre élégant et fin technicien, il ouvrit la voie à tous ses compatriotes qui suivirent, montrant que les joueurs sénégalais pouvaient réussir dans le nord de la France.
Malick Seck : Avant-centre dont le passage à Lens contribua à renforcer les liens entre le club et le Sénégal durant les années où la connexion commençait à se solidifier, préparant le terrain pour l’arrivée des Diouf, Faye et autres Bouba Diop.
Ansou Sow : Jeune excentré repéré pour sa rapidité, son physique et son instinct de buteur, l’ex-attaquant de l’Union Sportive de Ouakam fit partie de ces espoirs sénégalais qui transitèrent par Lens pour parfaire leur formation et tenter de percer sur le continent européen. Un attaquant sénégalais qui, dans la continuité Diagne Faye, participa à établir Lens comme une terre d’accueil pour les talents offensifs en provenance du Sénégal, perpétuant une tradition qui deviendra une signature du club.
La nouvelle génération : Abdallah Sima, symbole d’un héritage vivace
À l’été 2025, le RC Lens perpétue cette tradition avec l’arrivée remarquée d’Abdallah Sima. Prêté par Brighton & Hove Albion, l’attaquant sénégalais de 22 ans s’est déjà illustré lors de son passage en Ligue 1 avec Angers SCO. Polyvalent, rapide et doté d’une grosse marge de progression, Sima incarne l’avenir de l’attaque lensoise. Son transfert, estimé à 4,5 millions d’euros, témoigne de l’ambition du club et de sa stratégie de recrutement tournée vers le Sénégal.
À travers Sima, c’est tout un héritage qui revit et se transmet. Il suit les traces d’illustres aînés, tout en apportant une énergie nouvelle à l’effectif Sang et Or. Son arrivée confirme que le RC Lens n’a jamais cessé de croire au potentiel du football sénégalais et continue d’en être l’un des meilleurs ambassadeurs en France.
Un lien qui dépasse le sport
Plus qu’un simple partenariat sportif, la relation entre le RC Lens et le Sénégal s’apparente à une histoire d’amour, faite de respect mutuel, d’opportunités et de réussites partagées. Les supporters lensois, réputés pour leur ferveur, ont toujours su adopter ces joueurs venus de Dakar, Saint-Louis ou Thiès, qui à leur tour, ont su rendre au club sa confiance sur les terrains de France et d’Europe.
Du légendaire Papa Bouba Diop à la nouvelle étoile Abdallah Sima, le RC Lens a su tisser, au fil des années, un lien unique avec le Sénégal. Ce fil rouge continue d’écrire l’une des plus belles pages du football français, où l’histoire du club et celle d’un pays se confondent dans la passion du jeu et la quête de nouveaux exploits.
Aujourd’hui encore, Bollaert demeure une scène de choix pour l’éclosion des talents sénégalais, confortant le RC Lens dans son statut de « club sénégalais » en France. Une tradition qui, loin de s’essouffler, promet de belles émotions pour les années à venir.