La Fédération Sénégalaise de Football (FSF) a officiellement un nouveau président. Abdoulaye Fall a pris ses fonctions ce mardi soir, à l’issue d’une cérémonie de passation organisée avec son prédécesseur, Me Augustin Senghor, en présence des représentants du Ministère des Sports. Cet événement marque la fin d’une ère et l’ouverture d’un nouveau chapitre pour le football sénégalais.
Une transition dans la continuité
Après plusieurs mandats à la tête de la FSF, Augustin Senghor, artisan de la professionnalisation du football national et témoin direct des récents succès des Lions, cède son fauteuil à Abdoulaye Fall. La cérémonie s’est déroulée dans une atmosphère solennelle, symbole d’une transition institutionnelle respectueuse et porteuse d’espoir.
Un programme ambitieux : PRAXIS
Dès son investiture, le nouveau président a affirmé sa volonté d’inscrire son action sous le sceau de la modernité et de l’efficacité. Son projet, baptisé PRAXIS, se veut un cadre stratégique clair, articulé autour de trois piliers :
- une vision claire du développement du football sénégalais à tous les niveaux ;
- des solutions concrètes pour améliorer les infrastructures, la formation et la gouvernance ;
- un engagement fort en faveur de la performance des sélections nationales et de la compétitivité des clubs.
Les défis à relever
Abdoulaye Fall hérite d’un football sénégalais auréolé du titre de champion d’Afrique (CAN 2021), mais également confronté à de nombreux défis :
- consolider la place du Sénégal parmi les grandes nations du football mondial ;
- renforcer le championnat local pour en faire un vivier crédible ;
- structurer davantage le football de jeunes et féminin ;
- accompagner l’évolution des clubs dans un contexte continental en pleine mutation.
Une nouvelle ère pour le football sénégalais
La nomination d’Abdoulaye Fall suscite beaucoup d’attentes. Son mandat devra conjuguer innovation et continuité, afin de capitaliser sur les acquis de l’ère Senghor tout en insufflant une nouvelle dynamique. Avec le soutien du Ministère des Sports et de l’ensemble des acteurs du football, le nouveau président entend inscrire son action dans une démarche participative et résolument tournée vers l’avenir.
Lecture critique de la rédation : quels défis pour la gestion du football sénégalais dans les années à venir ?
Si le football sénégalais vit depuis quelques années l’une des périodes les plus glorieuses de son histoire, sacre continental en 2021, Coupe du monde 2022 avec une qualification en huitièmes de finale, rayonnement de ses stars dans les grands championnats, sa gestion n’en demeure pas moins confrontée à des défis structurels majeurs.
- Le championnat local, talon d’Achille.
Le principal reproche fait à la Fédération reste la faible compétitivité de la Ligue sénégalaise. Les clubs peinent à exister sur la scène africaine, en dépit d’un vivier de talents reconnu. L’insuffisance des infrastructures, le manque de professionnalisation de la gestion des clubs et les difficultés financières persistent. Tant que ce maillon ne sera pas renforcé, le Sénégal dépendra essentiellement de ses expatriés pour briller. - La formation, richesse à préserver.
Le pays dispose d’académies reconnues (Diambars, Génération Foot, Dakar Sacré-Cœur, etc.) et de bons clubs traditionnels formateurs (Casa Sports, Ajel, Teungueth, etc.), qui exportent chaque année des joueurs vers l’Europe. Mais ce modèle reste trop tourné vers l’extérieur. Le défi est de canaliser cette richesse pour alimenter en priorité le championnat local et créer un écosystème bénéfique aux clubs sénégalais. - Le football féminin, encore embryonnaire.
Malgré la qualification des Lionnes pour la CAN féminine, le développement du football féminin reste limité. Les moyens investis sont encore insuffisants, et la structuration des compétitions locales demande une véritable politique de long terme. - La gouvernance et la transparence.
La FSF a souvent été critiquée pour son manque de transparence dans la gestion financière et pour une gouvernance jugée trop centralisée. Le programme PRAXIS d’Abdoulaye Fall sera attendu sur sa capacité à instaurer une culture de reddition des comptes et à moderniser le fonctionnement fédéral. - Les ambitions internationales.
Le Sénégal fait désormais partie des nations qui comptent en Afrique. L’objectif, à moyen terme, est de franchir un cap en Coupe du monde et de viser une régularité au sommet du continent. Cela suppose une planification méticuleuse, un encadrement technique performant et une gestion harmonieuse de la transition générationnelle des Lions.
Un équilibre entre héritage et rupture
La gestion future du football sénégalais devra trouver un équilibre subtil : consolider l’héritage laissé par Augustin Senghor, tout en rompant avec certaines inerties qui freinent le développement structurel du jeu au pays. Le Sénégal a prouvé qu’il avait les talents et le potentiel ; il lui reste à bâtir des bases solides pour inscrire son succès dans la durée.