« Pourquoi l’équipe nationale locale du Sénégal vaut zéro franc » : Cherif Sadio tire la sonnette d’alarme. Dans une tribune publiée sur ses réseaux sociaux (Facebook et X), le manager sénégalais dénonce l’absence de mécanismes facilitant la valorisation des footballeurs locaux et propose une série de mesures concrètes pour moderniser et professionnaliser le football sénégalais.
Une valeur marchande officiellement nulle
Ex-reporter devenu manager sportif depuis 2019 et ancien directeur du Casa Sports, reconnu pour son expertise dans la mise en place de mécanismes économiques et sportifs, Cherif Sadio dresse un constat alarmant : l’équipe nationale locale du Sénégal, actuellement qualifiée pour les demi-finales du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), est estimée à 0 € sur Transfermarkt, la plateforme internationale de référence pour la valorisation des joueurs.
« Nous nous offusquons quand un sud-américain, parfois moins talentueux, coûte plus cher qu’un footballeur sénégalais plus performant, mais nous ne nous interrogeons pas sur les raisons de cet écart », écrit-il. Cette absence de valorisation officielle freine la visibilité des talents locaux et limite leurs opportunités sur le marché international.
Un retard par rapport au reste de l’Afrique
Même à l’échelle continentale, le Sénégal accuse un retard. Cherif Sadio cite l’exemple de l’Afrique du Sud : éliminée dès la phase de groupes du CHAN 2025, sa sélection locale affiche une valeur totale de 6,3 millions d’euros. « Ceux qui ont dirigé notre football fédéral ces dernières années n’ont jamais élaboré de stratégie pour réduire l’écart dans la valorisation », déplore Sadio.
Selon lui, cette situation est le résultat de décennies de gestion qui n’ont jamais cherché à aligner le championnat local sur les standards professionnels internationaux.
L’absence d’un système de suivi des performances
La cause principale de ce retard est simple : le Sénégal ne dispose pas d’un système structuré pour suivre les performances des joueurs locaux. L’absence de collecte de données fiables empêche de connaître la véritable valeur des footballeurs et limite l’essor de leur carrière.
Des solutions concrètes
Pour remédier à cette situation, Cherif Sadio propose plusieurs mesures pratiques :
• Suivi des statistiques en temps réel : impliquer les quatrièmes arbitres et commissaires de matchs avec des tablettes pour enregistrer buts, passes décisives, cartons et autres actions importantes.
• Création d’une plateforme numérique fédérale : centraliser et suivre les données des joueurs, en collaboration avec des organismes étatiques et des agences spécialisées.
• Collaboration avec des institutions étatiques : l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, le Data Center National, la Commission de Protection des Données Personnelles et l’Agence de l’Informatique de l’État (ADIE)/Sénégal Numérique S.A., pour garantir fiabilité, sécurité et valorisation des données.
Les enjeux pour l’État et le développement du football
Cherif Sadio insiste sur le rôle crucial de l’État : « Ces données permettraient de connaître la valeur réelle du football local, sa rentabilité et ses retombées financières. Les décisions seraient basées sur des chiffres factuels, fiables et accessibles. »
Il rappelle que ces initiatives s’inscrivent dans la vision gouvernementale du New Deal Technologique, mais regrette que le sport reste encore à la périphérie de la politique publique, malgré son potentiel économique, social et technologique.
Un appel à l’action
En conclusion, l’enseignant en langues étrangères et directeur de développement du SFC Neuilly-sur-Marne lance un message d’encouragement : « Courage à ceux qui viennent d’arriver dans les hautes sphères de nos instances et qui comptent changer les choses. Le chemin sera difficile, mais il faut vraiment réduire cet écart, voire cette anomalie. »
Chérif Sadio invite ainsi à un effort collectif pour moderniser le football sénégalais, valoriser ses talents locaux et permettre au pays de rivaliser avec les meilleures nations africaines et mondiales.